Bert Koenders, représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu au Mali : «Ceux qui harcèlent nos forces à Aguelhok auront la Communauté internationale sur leur chemin»

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Bert Koenders - représentant
Bert Koenders

À propos de la reprise des négociations à Alger entre l’Etat malien et les groupes armés du Nord, dans un entretien que Bert Koenders, représentant spécial du Secrétaire général de l’Onu au Mali nous a accordé le week-end dernier au Quartier général de la Minusma, à l’hôtel de l’Amitié, il est revenu sur l’état du processus des pourparlers directs d’Alger, la situation de la population à Kidal, le déploiement des forces onusiens au Mali. En ce qui concerne les récentes attaques contre les forces de la Minusma à Aguelhok, Bert Koenders assure que ceux qui les harcellent auront la Communauté internationale sur leur chemin.

 

À l’en croire, le processus des négociations est extrêmement sérieux et il y a une volonté de toutes les parties à trouver un consensus. Avant de nous dévoiler : «Le début a été très difficile, mais on a pu dégager une feuille de route à travers la médiation qui a pour chef de file, l’Algérie. Médiation dans laquelle il y a presque tous les pays de la région, toutes les institutions internationales comme les Nations unies, l’Union africaine… Il y a eu la signature entre les différentes parties de la cessation des hostilités et la volonté de la Communauté internationale de soutenir ces négociations. Donc, les conditions sont propices pour avoir finalement un résultat soutenable. Je crois que pour ce début, il s’agissait de créer un climat de confiance entre tous les protagonistes. Les premières difficultés étaient liées à quelques débats de procédures, chaque partie voulant se positionner pour montrer à sa base qu’elle est en train de travailler. Mais, cette semaine, les discussions portent sur les vrais sujets comme les institutions futures, la spécificité du nord, la souveraineté, l’intégrité et la laïcité du pays. Sur la base de ce principe, on a quatre groupes de travail qui s’occupent des aspects politico-institutionnels ; la sécurité ; le développement ; et l’importance de la réconciliation».

 

Au sujet des attaques visant les forces onusiennes à Aguelhok, il déclare : «Nous avons vu ces derniers jours de nouvelles attaques des extrémistes qui ont essayé d’attaquer les forces internationales et qui veulent détruire le processus. Mais je crois que leurs actes ne sont pas condamnés seulement par le conseil de sécurité, il y a aussi une vraie volonté des tous les acteurs de prendre leurs responsabilités. C’est ça aussi qui est très  important. Il n’y a que le retour de la paix et les négociations sérieuses qui comptent. C’est pourquoi, je suis à Alger, comme représentant du secrétaire général des Nations-unies. Et d’ajouter : «Je vous informe que Ban Ki-Moon va organiser le 27 septembre prochain une réunion à New York pour s’assurer que la communauté internationale reste avec les Maliens pour trouver une solution… pour s’assurer qu’il y ait un accord, qu’il y ait aussi un accompagnement. Cette rencontre de New York a deux intérêts : le premier est d’assurer avec tous les pays de la région et avec tous les acteurs, qui peuvent avoir une influence, que pendant les négociations, qu’il n’y ait pas de violences. C’est important. Nous avons obtenu un accord de cessation des hostilités entre les parties, mais nous constatons des dérapages sur le terrain. Toute chose qui n’est pas inacceptable. C’est pour cela qu’au plus haut niveau du monde, nous allons discuter sur cet aspect. Le second, c’est comment assurer, dans un monde où il y a beaucoup de conflits, que les forces onusiennes restent au Mali. Nous allons étudier le processus des négociations en cours à Alger et éventuellement le réconforter ou bien le soutenir à travers des messages politiques que les Maliens veulent se retrouver ensemble pour imposer la paix. Nous pensons qu’il y aura des concessions à tous les niveaux, afin qu’il y ait un accord qui sera acceptable par tout le monde avec des solutions concrètes pour la population sur le niveau de l’économie, de sécurité et de justice. À propos de l’état du déploiement des forces de la Minusma, les forces sont suffisamment renforcées avec 90% de présence sur le terrain. Nous avons des hélicoptères de transport, des hélicos d’attaque. C’est vrai, le pays est très vaste, nous avons besoin toujours de plus».

Le représentant du secrétaire général de l’Onu au Mali assure par ailleurs que la Minusma fera tout pour assurer, conformément à son mandat, la protection de la population. «C’est vrai qu’il y a des groupes et des acteurs qui veulent détruire ce processus de paix et nous devons être conscients de ne pas sous-estimer ça et avoir les ressources et le courage de faire face à ces problèmes et d’être clairs sur notre position. On ne va pas aller dans une autre direction», déclare M. Koenders.

 

À Kidal, affirme M. Koenders, la population doit avoir droit de vivre en paix et aspire à un accord de paix dans lequel sa protection, sa sécurité, le retour des services de base seront assurés. «Les gens de Kidal sont des Maliens. Aujourd’hui, les grands débats à Alger, c’est comment on va définir les spécificités du Nord. Le sujet est maintenant au cœur des négociations dans les groupes, à savoir comment définir la notion de l’unité, de fédéralisme, d’autonomie, de régionalisation, de décentralisation ou déconcentration», assure-t-il.

 

Parlant de son départ, Bert Koenders dira que ce sont des rimeurs qui courent un peu partout. «Pour le moment, il est et demeure le représentant du secrétaire général de l’Onu au Mali», soutient-il.

 

Après avoir condamné les récentes attaques contre les forces tchadiennes, le patron de la Minusma a profité de cette occasion pour présenter ses dolences à l’Etat tchadien pour la mort des ses soldats à Aguelhok. Il dira ensuite que ces harcèlements sont l’œuvre de gens qui sont jaloux de ce qui se passe à Algérie, qui «cherchent coûte que coûte à détruire. Mais ils verront devant eux la communauté internationale».  D’autant que «Aujourd’hui, selon Bert, il y a un bon rapport entre l’Etat du Mali et la Minusma, en attestent les patrouilles régulières entre les forces de la Minusma et les FAMA».

 

Alhousseini TOURE

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