Autorités intérimaires : l’Etat, le décret et…les nouvelles frictions…

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CMA à Kidal: le déclin !
Les responsables de la CMA

Pas plus que la première tentative d’imposer des individus à la tête des grandes villes du nord, le décret que le conseil des ministres a adopté, le vendredi 14 octobre dernier, est lui, aussi, très loin, de constituer une panacée pour l’installation des autorités intérimaires, dont les conditions de désignation  font toujours l’objet de polémique et surtout de profondes divisions.  

Maliweb.net – 21-10-2016- C’est l’un des points de l’accord où les choses pourraient longtemps connaitre un blocage. Les autorités intérimaires, leur nombre, les conditions de leur installation, ceux qui doivent y figurer. Les motifs de frictions ne manquent pas. Face à une telle situation, c’est la position de l’Etat qui parait la plus  malaisée dans le processus. En effet, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord, le moindre  acte qu’il devra poser, la moindre l’opinion qu’il émettra, sur tel ou tel aspect de l’accord, est suivi, peser et sous-peser par les autres acteurs. Le décret adopté le vendredi 14 octobre 2016 en  conseil des ministres extraordinaire (sur une proposition du ministre de l’administration territoriale et de la réforme de l’Etat) n’échappe pas à cette évidence. Du moins si on observe les vagues de protestations qu’il  suscite depuis plusieurs jours au sein d’une partie des groupes armés (CPA, MSA, CMPFR2) puis, ensuite, du côté du mouvement de résistance civile de Gao, où la jeunesse a renoué avec les manifestations suite à l’adoption d’un décret qui ne prendrait pas en compte leur exigences. A Gao, la jeunesse organisée au sein du mouvement de résistance civile s’est très vite dressée contre la manière cavalière par laquelle l’Etat, en complicité avec certains groupes armés voulaient installer les autorités intérimaires. Face à ce que certains ont considéré comme une tentative d’installer (au forceps) les autorités intérimaires, la jeunesse de Gao avait multiplié marches ; des manifs qui ont été souvent ensanglantées avec les morts enregistrés dans les rangs des manifestants désarmés.  Pendant cette période particulièrement tendue et en vue de  ramener l’accalmie, le gouvernement a été obligé de dépêcher, dans la localité, un contingent de membres du gouvernement. Il y eu des négociations et des engagements ont été pris de part et d’autre. Il s’en est suivi une longue période d’accalmie pendant laquelle les parties ont pris le temps de s’observer. Puis l’Etat a encore commis l’erreur en prenant pour mort un chien qui était simplement endormi. Le décret qu’il a pris et qui ignore superbement tout ce que la jeunesse de Gao avait émis comme réserve, est du coup venu réveiller les démons.  Gao persiste et signe : elle refuse de se laisser administrer par ceux qui furent leurs bourreaux pendant la période de l’occupation. Depuis quelques jours ils (les jeunes de la Cité des Askia) ont renoué avec la lutte. Moussa Boureima Yoro, le charismatique leader de ce mouvement avertit : «Nous ne sommes pas prêts de renoncer ; nous donnerons  notre sang s’il le faut… ».

Une question qui est aujourd’hui sur beaucoup de lèvres est comment l’Etat va-t-il gérer cette nouvelle crise qui se profile à l’horizon. En effet, c’est bien d’une nouvelle crise qu’il s’agit. Quand on entend d’une part les reproches faites au décret par une partie des mouvements armés et, de l’autre, la colère et le choc que le texte a vite provoqué au sein des mouvements de résistance civile, notamment à Gao. Sans oublier que même ceux que décret semble arranger, à priori, à savoir la CMA, elle fait aussi entendre des grincements de dents, accusant l’Etat d’avoir choisi unilatéralement de violer l’Entente, au sujet  de la taille de l’autorité intérimaire par région et par cercle. Pour les ex rebelles c’est le cas pour les régions de Ménaka, Kidal et Tombouctou où, selon eux, l‘Etat s’est permis des surplus avec la volonté de «faire de la place à des gens qui appartiennent visiblement à la Plateforme». Comme pour dire que ce décret est venu aussi avec de nouvelles frictions. A l’Etat de savoir les gérer en toute responsabilité sans remettre en cause ce qui a pu être construit de….positif.

Papa Sow/Maliweb.net

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2 COMMENTAIRES

  1. Les mouvements de résistance de GAO n’ont pas dit qu’ils ne veulent pas des autorités intérimaires mais ils rejettent la liste qui été établie sans consensus et sans intégration des représentants des communautés, des jeunes et des femmes de la région de GAO.

    Bonjour,
    Le nouveau chef du HCUA et le Président de la CMA doivent accepter le protocole d’entente entre parties prenantes.

    Ce sont les autorités intérimaires qui vont nous permettre de mettre en place ou de contribuer au renforcement des services de base, de mettre en place le MOC (Mécanisme Opérationnel de Coordination) pour les aspects sécurité et d’organiser, en liaison avec la CENI, les élections communales et, plus tard, les régionales.

    Elles permettront aussi la préparation du retour, la réinstallation et la réinsertion des réfugiés et des populations déplacées, dont certains, feront partie des autorités intérimaires de la région ou de la commune.

    Autrement, comment voulez-vous qu’on fasse ?

    Les autorités intérimaires seront mises en place à travers la loi déjà promulguée, un décret (conditions) d’application de cette loi et le protocole d’entente entre parties prenantes pour la mise en place des autorités intérimaires.

    Ce que beaucoup de gens oublient, ce sont les ressortissants (membres de la Société civile dont des réfugiés Maliens de retour) de telle ou telle région ou de telle ou telle commune mais aussi les agents des services déconcentrés de l’État et les conseillers sortants, qui feront partie des autorités intérimaires.

    Ce ne sont pas, comme c’était dit dans une certaine presse au début, les membres de la CMA, de la plateforme et du gouvernement, qui feront partie de ces autorités intérimaires.
    Détrompez-vous. Le processus d’entente a mis tout ça au clair.

    Le dernier conseil extraordinaire des ministres, du 14 octobre 2016, a rappelé tous ces éléments.
    Seuls des conseillers spéciaux de la CMA et de la Plateforme sont nommés auprès du représentant de l’État dans la région ou dans la commune.

    LES MOUVEMENTS DE RÉSISTANCE CIVILE DE GAO VIENNENT DE REJETER LA LISTE DES AUTORITÉS INTÉRIMAIRES MAIS PAS L’ACCORD DE PAIX NI SA MISE EN ŒUVRE DONT LA MISE EN PLACE DES AUTORITÉS INTÉRIMAIRES.

    Certains croyaient que les jeunes de GAO avaient rejeté les autorités intérimaires.

    Les jeunes de GAO avaient, eux-mêmes, contredit ce qui avait été dit concernant leur rejet des autorités intérimaires.

    La preuve est que :

    (1) lors de la rencontre avec les autorités Maliennes (l’équipe gouvernementale), ils ont dit qu’ils souhaitent être impliqués dans la mise en œuvre de l’accord en particulier dans le DDR et les autorités intérimaires,

    (2) De même, lors du séminaire que l’ONG TILWAT International a organisé à GAO, du 12 au 15 AOUT 2016, que j’ai animé, les participants, incluant des jeunes et cinquante officiers et militaires de rang des forces armées maliennes, ont confirmé qu’ils soutiennent l’accord de paix et souhaitent être impliqués dans le DDR et les autorités intérimaires, voir le bilan de ce séminaire sur Maliweb à l’adresse :

    https://www.maliweb.net/contributions/bilan-seminaire-international-de-gao-engagement-modernisation-de-larmee-1822062.html

    (3) Ils souhaitent le démarrage du DDR et des autorités intérimaires au plus tôt.

    Entendons-nous sur la base de l’accord de paix en interprétant convenablement son contenu.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC, Gouvernance et sécurité
    TEL 00223 95 58 48 97

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