Auditionné par les députés à propos du fiasco de Kidal : Mara a-t-il dit toute la vérité?

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Le Premoer Ministre a l'Administration a Kidal : «Nous allons très bientôt sortir de cette situation »
Le Premier ministre malien Moussa Mara passe ses troupes en revue à Kidal, le 18 mai 2014. © FABIEN OFFNER / AFP

Le Premier ministre Moussa Mara était, le lundi dernier, face aux membres de la commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur les opérations militaires déclenchées, au mois de mai dernier, par l’armée pour reprendre Kidal. Ces opérations, faut-il le rappeler ont abouti à un fiasco. Son audition, intervenue après celle de l’ancien ministre de la défense, Soumeylou Boubèye Maïga, était très attendue. Parce que Mara, qui ne s’est pas privé de raconter des contrevérités sur l’achat du Boeing d’IBK, pourrait bien remettre ça et tenter de noyer le poisson. On se demande, dès lors, quelle vérité, il a pu dire à cette commission dirigée par l’honorable Niamé Keïta.

La commission d’enquête parlementaire de l’Assemblée Nationale sur la débâcle de l’armée malienne à Kidal, est à pied d’œuvre pour situer les responsabilités. Même Si le gouvernement en a déjà tiré les conclusions en rendant Soumeylou Boubèye Maïga seul responsable de ce fiasco militaire. Il a été sacrifié et limogé à la place du véritable responsable.

En effet, en mai 2014, le Premier ministre Moussa Mara, avait décidé de se rendre à Kidal pour, dit-on, lancer l’opération du retour de l’administration dans cette localité toujours aux mains des groupes rebelles. Le 17 mai, au mépris des conseils et des avertissements des partenaires (Minusma et Serval), Mara se rend à Kidal à la tête d’une délégation ministérielle. Cette visite avait donné lieu à des manifestations hostiles téléguidées par le Mnla et ses complices. Le premier ministre et sa délégation furent contraints de battre en retraite et de regagner Bamako. Mara y déclare l’état de guerre. L’armée avait alors reçu des ordres pour reprendre Kidal.

Et pourtant, Moussa Mara a été informé de la situation qui prévalait à Kidal. L’armée malienne n’est pas dans une posture favorable. Elle était cantonnée. Et ne pouvait assurer la sécurité d’aucune autorité, encore moins des populations. Le Premier ministre savait que sa visite à Kidal présentait beaucoup de risques. C’est ce qui avait été dit à l’ancien Premier ministre Oumar Tatam Ly, qui avait pris la sage décision de renoncer, à la dernière minute, à une visite à Kidal, en novembre 2013.

Moussa Mara était presque dans la même situation. Mais, il en a décidé d’y aller quand même. Le résultat est connu : d’innocentes personnes ont perdu la vie, des administrateurs ont été pris en otage, puis égorgés. S’en est suivi une vive tension entre nos partenaires (Minusma et Serval) et les Maliens ; une défaite de notre armée contre le Mnla et ses alliés djihadistes, des morts et des blessés ; des prisonniers. Bref, les forces armées maliennes ont subi la plus grande humiliation de leur existence.

Une humiliation causée par Moussa Mara, mais aussi et surtout par le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, dont la cote de popularité n’a cessé de dégringoler depuis son arrivée au pouvoir en septembre 2013. Justement, c’est dans la quête de corriger cette chute libre qu’il faut chercher  la vraie raison de la visite de Moussa Mara à Kidal. Et surtout la justification de l’assaut lancé par l’armée pour contrôler cette ville qui reste aux mains des groupes armés.

Pour le pouvoir, le calcul était simple : obtenir un double bénéfice du voyage du Premier ministre à Kidal. Ce déplacement, s’il avait réussi, allait permettre à IBK de redorer son blason après la cascade de scandales qui ébranlent la République : affaire de l’achat d’un avion présidentiel et d’armements, affaire Michel Tomi…

Il fallait vite trouver une parade. Ne dit-on pas que la meilleure manière de détourner l’attention d’un peuple désemparé, c’est de provoquer une tension ou une guerre ? Et IBK, qui a déjà joué à merveille sur le terrain du nord et qui connait le sentiment patriotique des Maliens, a envoyé Mara au charbon, alors que lui-même, depuis son accession au pouvoir, n’a pas mis le nord dans son agenda de voyages.

Pour sa part, le Premier ministre, par pure populisme, voulait réaliser un grand coup. Il voulait surtout réussir là où son prédécesseur a échoué.

Alors, faute de solution militaire et politique, Kidal est demeurée une zone à hauts risques pour les officiels maliens. Et le pouvoir a toujours tenté de cacher la réalité qui prévalait dans cette ville. Or, l’armée et les forces de sécurité étaient confinées dans le camp N°1, les administrateurs de la région n’étaient pas libres de leurs mouvements. Alors que les mouvements armés se renforçaient en hommes et en matériel. Ils paradaient dans la cité. En toute impunité. Malgré tout, les autorités maliennes ont opté pour la politique de l’autruche jusqu’à cette visite de Mara. C’est dans ce contexte de cafouillage, de tâtonnement et d’indécision qu’est intervenu le voyage du Premier ministre.

Si Mara avait réussi son «coup», le pouvoir était prêt à en tirer les dividendes politiques. Ce qui explique l’assaut précipité de l’armée, après l’échec de la visite et les assassinats perpétrés sur d’innocents citoyens.

L’assaut ? Il a été précipité, irréfléchi et mal monté. Comment peut-on planifier, en seulement 72 heures, une opération militaire de grande envergure? Moussa Mara affirme après coup que : «l’attaque lancée par l’armée malienne n’est pas venue de l’autorité politique». Alors, qui a donné l’ordre à l’armée ?

C’est à cette question que tenteront de répondre les enquêteurs de l’Assemblée Nationale suite à leurs investigations. Avant Mara, ils ont auditionné Soumeylou Boubèye Maïga. Et dans les prochains jours, les chefs militaires, de Bamako à Kidal, se succèderont devant les parlementaires pour la manifestation de la vérité. Qui, espérons-le, permettra de blanchir les innocents et de sanctionner les coupables.

Idrissa Maïga

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7 COMMENTAIRES

  1. Vive Mara les bons Maliens sont toujours derrière toi .Ne regarde pas par derrière et va jusqu’au bout

  2. Ce journaleux ne sait meme pas de quoi il parle. Apparemment lui il connait deja les coupables. Parle nous de ce que tu dis dans le titre de ton article au lieu d’indexer des gens sur des fausses bases.
    L’histoire et les peripeties des pourparlers actuels a Alger donnent raison a Mara. Tant que Kidal reste une region du Mali, il n’y aura rien de plus normal que de voir les autorites du Mali s’y rendre. C’est ca la realite, cessons de nous cacher la face.
    C’est interessant de constater que nous n’avons pas vu autant d’indignation lorsque la centaine de nos braves soldats ont ete lachement egorges a Aguel hok sous ATT.

  3. Mara a été piege par ibk car mara ne peut décider tout seul étant pm de partir a kidal sans l’accord de ibk sinon pendant les campagnes d’élections ibk est partie a kidal pourquoi il ne ces pas rendu etant president ?
    De toute les façons ibk na jamais été capable de gérer quelques choses d’important une chose est sur il s’est dire des dira de phrases se vante ou dénigrer ses collaborateurs j espère que l’opposition fera son devoirs

  4. Tu parles de blanchir les innocents et sanctionner les coupables alors que tu as déjà condamné Mara et IBK. Mes chers journalistes, quand est ce que vous allez nous faire des analyses non partisanes? Comment peut on reprocher à un PM de se rendre sur une partie du territoire national. Ce ne sont pas ces mêmes amis qui nous disaient que Kidal est bel et bien malien et que l’administration est entrain de s’installer? Vous pouvez ne pas aimer Mara et IBK mais de grâce de bafouer pas davantage notre dignité suffisamment mise à rude épreuve. Comme j’ai toujours dit, les palestiniens subissent les violences les plus territoires après les tirs de roquette du Hamas. Mais ils ne se sont jamais pleins des combattants de ce groupe.

    • Votre analyse est denuee de tout sens. Si Kidal est toujours “une partie du territoire national”, dites a vos HEROS de s’y rendre aujourd’hui; comme c’est aussi simple que ca!
      Si ce sont nos amis qui disaient que “Kidal est bel et bien malien et que l’administration est entrain de s’installer” et que ces memes amis nous deconseillent d’y aller pour le moment car la situation ne s’y pretait pas, pourquoi s’enteter a y aller quand meme pour apres se cacher derriere mensonges sur mensonges?
      Et en plus vous comparez notre dignite a celle des palestiniens, comme si les palestiniens avaient sur leur sol plus de 6,000 soldats etrangers. 😯

  5. Vitrine de la Justice sous IBK
    Un magistrat, fonctionnaire de l’Etat malien connu pour les sales besognes, a été recruté pour créer un bureau parallèle du réseau Apem. Il s’appelle Dramane Diarra (ancien Juge de Ouéléssébougou). Son beau-père en la personne du magistrat Toubaye Koné, Président du tribunal de la commune IV a été mis à contribution pour détruire le réseau Apem.
    Le Réseau ONG d’appui au processus électoral au Mali (réseau Apem) est cette entité de la société civile malienne, qui a accomplit des prouesses dans l’accompagnement de l’élection présidentielle et des élections législatives de 2013 au Mali.
    Dramane Diarra a ainsi initié trois procédures judiciaires différentes et farfelues, pour abattre le réseau Apem.
    Qui ne se souvient du tribunal de la Commune IV qui a abrité un jugement extraordinaire, dans l’affaire de Kalabambougou, orchestré par le ministre de la justice, garde des sceaux. Mieux, qui ne se rappelle la grève avortée des deux syndicats de magistrats : Syndicat Autonome de la Magistrature (SAM) et Syndicat Libre de la Magistrature (SYLIMA), lors de l’arrestation de certains juges par le ministre Bathily.
    A l’époque des faits, Toubaye Koné était le président du SYLIMA. Me Bathily s’est appuyé sur lui pour faire avorter la grève contre le Gouvernement ; au détriment de ses collègues juges qui l’ont déposé par la suite de la tête du SYLIMA.
    A la suite de Toubaye Koné, il y a aussi le juge Issa Traoré, Président du SAM, qui a été recruté. Il avait aidé Toubaye Koné dans l’échec de la grève des magistrats. Il a été mis à contribution pour envoyer deux juges détruire le réseau Apem. Il s’agit de Ibrahima Berthé, magistrat, et de Cheick Mohamed Chérif Koné, magistrat, avocat général près la Cour suprême.
    Voyez-vous, le droit est enterré. On ne se soucie pas de servir. Où est la justice qui doit être dispensée au seul profit des citoyennes et des citoyens du Mali, quand les magistrats eux-mêmes usent de leur pouvoir judiciaire pour opérer des holdup ?
    C’est en partie en direction de ce type de magistrats que s’est adressé le nouveau président du SYLIMA Adama Yoro Sidibé, le 9 novembre 2014, dans son « Appel des magistrats contre le ministre de la Justice ». Là aussi, le président du SAM s’est précipité sur les antennes de la télévision nationale du Mali, pour désavouer le SYLIMA.
    L’article 29 du Code de procédure civile dit que si un magistrat ou un auxiliaire de justice est impliqué dans une affaire judiciaire, c’est le 1er président de la Cour d’appel qui doit être saisi pour désigner la juridiction qui va statuer sur la dite affaire. Le juge Toubaye Koné a mis cette disposition légale dans sa poche, quand bien même le bureau de Dramane Diarra est truffé de magistrats et d’un avocat. Le juge Toubaye Koné a estimé que cela ne le concerne pas, parce que bénéficiant de la haute protection du numéro 2 du Gouvernement.
    Voyez-vous des fonctionnaires de l’Etat malien, passant tous à la caisse de la République à chaque fin du mois, se transforment en animateurs de la société civile, sous l’œil condescendant du Gouvernement.
    Le Ministre de la Justice, des Droits de l’Homme, Garde des Sceaux, Me Mohamed Ali Bathily a été informé, le 17 février 2014. Rien. Le premier président de la Cour d’appel, Moussa Sara Diallo, qui a résisté aux assauts de la mafia, a été relevé de ses fonctions. Les autres juges, membres de la mafia, ont eu des promotions. Au lieu de les déshabiller tout simplement, comme cela se fait dans tout Etat de droit digne de ce nom !
    Le Premier ministre, chef du gouvernement, Moussa Mara a été, lui aussi, informé le 3 juin 2014. Et puis, rien. Lui, auparavant, si prompt à répondre aux lettres à lui adressées, demeure sourd, aveugle et muet.
    C’est ce qu’on appelle meurtre entre petits copains et petits coquins. Des hommes qui se comparent au Bon Dieu et qui défient Allah.
    Et pourtant, il n’y a de Force et de Puissance qu’en Allah, l’Exalté, le Tout Puissant (Walâ Hawla walâ Qouwata illâ Bi LLâhhil ‘Aliyyil Azzîm). « L´homme ne voit-il pas que Nous l´avons créé d´une goutte de sperme? Et le voilà devenu un adversaire déclaré! » (Coran, Sourate Yâ-Sin, verset 77) ?

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