C’est encore fraiche dans les mémoires, la signature, le 15 mai 2015, de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Bien que le document ne fait pas l’unanimité, il constitue, selon beaucoup de personnes, d’ici et d’ailleurs, une base acceptable à partir de laquelle la paix peut revenir au Mali. C’est dans cet esprit que la population de Bamako et de certaines villes de l’intérieur du pays sortent massivement et simultanément pour donner du crédit à l’Accord du 15 mai.
Dans la capitale, la marche commence aux environs de 9 h à la place de la liberté en direction du monument de l’indépendance. Les marcheurs déploient des banderoles sur lesquels le message va de la paix à la stabilité, l’unité et le respect de l’intégrité territoriale du Mali. Lors de ce rendez-vous inédit, élèves et étudiants, le drapeau du Mali en main, entonnent l’hymne nationale de leur beau pays.
Le ministre en charge de la réconciliation nationale, Zahabi Ould Mohamed, exulte après la sortie du peuple malien au nom de la paix qui «prouve suffisamment l’attachement de tous les enfants du Mali à l’unité de leur pays».
Dans la foulée, il lance un appel à la Coordination des mouvements de l’Azawad en ces termes : «Je demande à nos frères qui n’ont pas encore signé l’accord de le faire sans délai, afin qu’on débute le processus de la réconciliation pour le développement qui est le vrai défi de notre pays».
A l’occasion, la foule, très remontée, crie au complot face au come back de l’affaire Tony via l’épisode des écoutes téléphoniques qui visent à discréditer le chef de l’Etat qui prit le soin de appeler justement à l’ordre l’émissaire de l’Onu, Hervé Ladsous, un Français de souche.
Halte au micmac de certains membres de la communauté internationale. Qu’ils arrêtent de souffler alternativement le chaud et le froid sur le Mali pour s’emparer de l’immense richesse du Septentrion de la République du Mali. Basta !
Signature de l’accord de paix
Tous les absents ont tort
L’absence de deux personnalités de taille à l’occasion de la cérémonie de la signature pour la paix au Mali, le 15 Mai 2015, alimente encore les débats dans les grins et les salons feutrés du Mali. Il s’agit de l‘ancien président Alpha Oumar Konaré et le président de la France, François Hollande, représenté pour la circonstance par… une secrétaire d’Etat. Quid d’ATT ?
L’image symbolique de la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation le 15 Mai 2015 fixe Dioncounda Traoré à côté de son aîné Moussa Traoré. Telle est la remarque bien fondée d’Alpha Condé, président de la Guinée qui déplore sans détour l’absence remarquable de son illustre homonyme alors président du Mali de 1992 à 2002, ainsi que celle d’ATT, dont le motif de la présence de son ombre n’échappe à personne. Il vit en exil au Sénégal.
Le Pr Alpha Condé va plus loin. Il rappelle à plus d’un titre: «Nous devons nous servir de nos différences culturelles et nos divergences comme des richesses de progrès».
En tout cas, l‘absence remarquable d’Alpha Oumar Konaré est loin de faire l’unanimité au sein d’une partie de l’opinion qui estime qu’il devait prendre part à la cérémonie et mettre de côté la présence de Moussa Traoré qui serait le motif de son boycott. Car, le Mali en quête de paix prime sur tout.
Alpha Oumar Konaré était aux affaires. Il avait été cité en exemple à une époque au cours de laquelle un certain IBK était le chef du gouvernement. Il était tant redouté par les Maliens pour sa poigne. Mieux, cette unanimité le conduisit à la tête de la première commission de l’Union africaine où ses collaborateurs résignés le virent partir à contre cœur alors qu’un second mandat était à sa portée. Car, le coup d’Etat de Mars 2012 réduisit à néant son combat de toute une vie. Quoi qu’il en soit, la signature du 15 Mai 2015 ne devait pas être un rendez-vous manqué par Alpha Oumar Konaré. Sauf lui, tout le monde comprend que c’est ce souci d’ego qui pousse IBK à saluer la «patriotisme» du général dictateur, Moussa Traoré, bête noire d’Alpha Oumar Konaré.
Le second absent et non des moindres, c’est le président français, François Hollande, compagnon de lutte d’IBK. Vu le rôle que la France a joué ici au Mali, il ne devait en aucune façon être en marge de la signature de l’Accord de paix. C’est bien François Hollande, qui a donné son OK, en Janvier 2013, au président de la transition Dioncounda Traoré pour libérer le Septentrion du joug islamiste. Mais, le travail fut accompli en partie pour la bonne et simple raison que Kidal a été épargnée par la force Serval. Le comble, c’est que son premier ministre, le chef de l’hémicycle ou le ministre des Affaires étrangères de la France, brille par leur absence au Cicb en ce jour inoubliable. C’est juste une secrétaire d’Etat qui retrouve à la tribune des sommités du continent.
L’Afrique mérite mieux que ça, surtout une semaine après due François Hollande ait convié certains chefs d’Etats du continent en Guadeloupe à la commémoration de la fin l’esclavage. L‘opinion sait désormais à quoi s’en tenir et sur qui compter.
Vivement une mobilisation des fils du pays afin de préserver ce qu’il reste du Mali.
Cependant, une vérité reste claire : malgré la présence des forces internationales et des facilitateurs, c’est au peuple malien à qui revient le dernier mot!
Idrissa KÉÏTA