Il s’agit notamment de la problématique ‘’Iyad Ag Ghali’’, principal bras séculier des mouvements armés séparatistes avec qui il a continué de cheminer tout en se radicalisant dans les doctrines islamistes intégristes. Ce n’est pas un hasard si cette figure historique de l’irrédentisme touareg se signale aussitôt après l’adhésion à de la Coordination des mouvements de l’Azawad au document proposé par la Communauté internationale sous la houlette du chef de file de la médiation, l’Algerie.
Survenues au lendemain immédiat du 20 Juin, les attaques de Misseni, de Nara puis de Fakola révèlent manifestement qu’il existe bel et bien un goût d’inachevé dans le long processus laborieusement conclu par la signature d’un consensus sur le statut du Nord-Mali. Le chef d’Ansar Dine n’a daigné du reste dissimuler qu’il signe une réapparition sur la scène, qui intervient après que ses alliés du Mnla aient accepté de lâcher du lest en assouplissant leur position par rapport au Mali. Tout en revendiquant la toute première attaque terroriste de Misseni, il a ouvertement prévenu qu’il sera au cœur de prochains épisodes meurtriers d’envergures nationale et régionale. En plus du Mali, il menace, en effet, d’étendre la terreur à la Côte d’Ivoire, pays frontalier de la localité malienne où la dernière attaque d’Ansar Dine s’est produite, puis la Mauritanie.
Aussi surprenante qu’elle puisse paraître, cette tournure des événements n’est somme toute qu’une suite logique de la façon quelque peu sournoise avec laquelle les pourparlers ont été conduits à Alger où, les parties ont feint d’occulter une donnée pourtant très déterminante dans la recherche d’une paix et d’une stabilité durables dans le Septentrion ainsi que dans la région.
Otages sans doute des résolutions antérieures du Conseil de sécurité sur les mouvements terroristes -dont Ansar Dine- les parties les plus directement intéressées et les plus conscientes du ’’déterminant Iyad ‘’ont visiblement opté pour l’approche qui consiste à en faire abstraction, au risque de révéler au grand jour l’étendue de leurs connexions avec l’une des figures terroristes les moins fréquentables car inscrit sur les listes noires des Nations-Unies. Ni l’Algérie par laquelle Iyad a toujours été instrumentalisé pour déstabiliser le septentrion malien, ni le Mnla, son allié de sang, n’ont fait montre d’assez d’entregent pour aborder la question et la poser comme paramètre substantielle dans le règlement de la crise.
En faisant ainsi le black-out sur la question, au nom d’un certain fétichisme des principes onusiens, la posture des mouvements séparatistes consacre pour le moins le reniement d’un allié jusque-là inconditionnel, son abandon pur et simple à la merci des rigoureuses mesures et procédures universelles applicables à la catégorie de terroriste à laquelle Iyad Ag Ghali est assimilé. En tout cas, aucune démarche ni tentative n’ont été entreprises pour dénouer son sort à la faveur des négociations ayant abouti à un accord pour la paix.
Plus de 130 corps de combattants livrés aux rapaces à Ménaka
Pendant qu’il est l’objet de vives disputes entre le Gatia et la Cma, Ménaka -tombé finalement sous le contrôle de l’armée régulière au grand dam des séparatistes- est en passe d’intégrer le cercle peu enviable des grandes ‘’cités macabres’’.
À quelques kilomètres de la ville, précisément une quinzaine, selon certaines sources, une atmosphère irrespirable règne sur l’écosystème, depuis qu’un cessez-le-feu est intervenu entre les groupes armés rivaux. À l’hostilité de la violence a ainsi succédé celle d’un environnement largement dominé par l’odeur fétide et nauséabonde des derniers cadavres du sanglant affrontement entre les belligérants.
Des témoins très crédibles parlent de 130 corps qui gisent encore sur le théâtre des affrontements sans sépulture et qui obligent les plus audacieux passants à boucher leurs narines. Abandonnés par les parties en conflit, qui revendiquent chacune de lourdes pertes infligées à l’autre, les corps en question -ou du moins ce qu’il en reste après le passage des rapaces- vont probablement dépasser le stade de la putréfaction sans mériter le moindre le respect dû à leur origine humaine. Ni les bonnes volontés ne s’en sont chargés, ni ne s’en préoccupent les humanitaires onusiennes affairés à distribuer de l’aide, eux qui incarnent les valeurs universellement partagée de respect de la dignité humaine.
Interrogé sur la question, un notable de la localité a sans ambages reconnu qu’aucune victime des derniers affrontements entre mouvements armés séparatistes et loyalistes n’a été enterrée, expliquant par la même occasion qu’une volonté pour ce faire ne pouvait résister à la crainte de connaître un sort similaire. L’endroit étant longtemps demeuré un redoutable no man’s land inaccessible, à cause de la puissance de feu et d’une loi de la jungle qui y régnait, a-t-il poursuivi.
Quant à l’appartenance des morts, elle n’est naturellement revendiquée par les différents belligérants avec la même ardeur que la victoire. Il se rapporte, toutefois, dans les milieux proches du Mnla, qu’il s’agit pour la plupart de jeunes volontaires peuls sans expérience que le camp adverse a enrôlés pour la circonstance et livrés à la boucherie.
Abdrahmane KÉÏTA