C’est aux environs de 04H du matin, lundi dernier que les assaillants, identifiés comme étant des jihadistes ont lancé l’assaut qui durera 07 heures d’horloge sur le camp des FAMA dans cette localité. Ce n’est finalement qu’aux environs de 11H que l’attaque fut repoussée suite à l’arrivée de renforts. On déplore au moins 7 morts côté malien. Un bilan confirmé par la Direction de la communication de l’Armée (DIRPA). Même si l’on ignore à l’heure actuelle celui des assaillants, il nous revient que l’ennemi a également perdu de nombreux combattants dont les corps ont été emportés.
Voici le témoignage de M. Daka Aboubacar Traoré, secrétaire général du syndicat des transporteurs de Gao surle site le « Sahelien.com » :
«Des camions de location transportant des produits de ravitaillement des hommes de la MINUSMA ont quitté Gao, le 28 décembre pour se rendre à Kidal, mais arrivés à Anefis, les casques bleus de la MINUSMA basés dans cette ville n’ont pas voulu escorter les camions jusqu’à Kidal… La MINUSMA a demandé aux camionneurs de revenir à Gao. Ce matin entre Anefif et Tabancourt, sept camions se trouvant à la queue du convoi de 24 camions ont été arrêtés par des hommes armés non identifiés. Ces hommes armés ont fait descendre les chauffeurs avant de brûler les camions et le ravitaillement de la MINUSMA».
Les limites du nouvel Amenokal des Ifoghas !
Ces deux attaques et en l’occurrence celle perpétrée aux portes de Kidal, sonnent comme un message de défiance et de contestation à l’attention du nouvel Amenokal des Ifoghas, Mohammed ag Intallah lequel a succédé à son père Attaher ag Intallah considéré comme un séparatiste.
Le nouveau chef traditionnel des Ifoghas est en effet, lui, considéré comme un apôtre de la paix et partisan d’un Mali unifié. Mais sa vision ne semble pas être partagée par tous les membres de sa communauté, du moins, au regard de ces deux nouvelles attaques en espace de 24 heures. En somme, si les assaillants voulaient contester son autorité, il n’y avait autre manière de s’y prendre que de mener des opérations et dans les environs de Kidal où il règne, contre les intérêts de la force onusienne et dans les limites du territoire réclamé par les séparatistes (la zone de Nampala est en effet considérée comme la limite géographique de l’Azawad).
En tout état de cause, l’apôtre de la paix et l’Amenokal Mohammed ag Intallah n’a pu empêcher les deux attaques ni informer à l’avance, Bamako ou au mieux, la MINUSMA.
Aurait-on surestimé les pouvoirs et l’influence de cette chefferie traditionnelle aujourd’hui incarnée par le fils Intallah, ou s’agirait-il des prémices d’une guerre fratricide au sein de la même communauté ?
La question a tout son intérêt quant on sait que le choix porté sur Mohammed ag Intallah pour succéder au patriarche Attaher Intallah a été fortement contesté par une partie de la communauté.
Il se dit en effet que le défunt patriarche, de son vivant, a jeté son dévolu, non sur l’aîné Mohamed Ag Intallah mais sur le cadet de celui-ci, et non moins partisan de «l’Etat de l’Azawad», Al Gabach Ag Intallah. Lequel, tout comme son défunt père, est réputé proche du jihadiste Iyad Ag Ghaly du mouvement jihadiste Ansar Eddine. Ce dernier a récemment obtenu l’allégeance de nombreux tributs à sa cause.
En clair, il faut craindre une guerre ouverte au sein de la communauté Infogas puisqu’il va sans dire que le nouvel Amenokal, Mohamed Ag Intallah entreprendra, dans les jours à venir, des opérations en vue d’asseoir son autorité. A moins (option incertaine), qu’il capitule et cède le trône à la tendance jihadiste et séparatiste. Sa réaction, après ces deux attaques, en tout état de cause, permettra d’avoir plus de lisibilité et de visibilité sur sa véritable option.
MINUSMA : la désillusion !
Selon le témoignage de M. Daka Aboubacar Traoré, secrétaire général du syndicat des transporteurs de Gao, «les casques bleus de la MINUSMA basés dans cette ville n’ont pas voulu escorter les camions jusqu’à Kidal… La MINUSMA a demandé aux camionneurs de revenir à Gao» et c’est en direction de Gao «que sept camions se trouvant à la queue du convoi de 24 camions ont été arrêtés par des hommes armés non identifiés. Ces hommes armés ont fait descendre les chauffeurs avant de brûler les camions et le ravitaillement de la MINUSMA».
La MINUSMA doit-elle continuer d’exister si la véracité de ce témoignage est établie? Le secrétaire général du syndicat des transporteurs de Gao soutient bien que « les casques bleus de la MINUSMA basés dans cette ville [Anefis] n’ont pas voulu escorter les camions jusqu’à Kidal…», et que « La MINUSMA a demandé aux camionneurs de revenir à Gao».
Peur ou complicité avec les assaillants ? Et pourquoi donc la MINUSMA refuse-t-elle d’escorter des camions transportant des ravitaillements à elle-même destinés ?
Et pendant qu’on y est, où est donc l’artillerie lourde (hélicos de combat, blindés, etc.), récemment annoncée ?
C’est dire, en tout état de cause, qu’elle ne saurait protéger les populations non-combattantes, donc remplir convenablement sa véritable mission. Peut-être qu’il ne serait pas inutile de redéfinir ses attributions ou même de remettre en cause son existence.
B.S. Diarra