Selon le nouveau rapport du secrétaire général de l’Onu sur la situation au Mali, les attaques asymétriques ont connu une hausse de 102,7%. Autant dire que la violence connaît un pic très important.
En effet, selon un rapport de l’Onu, la violence a atteint un «paroxysme» au cours de la période considérée. Les groupes extrémistes violents et les éléments terroristes ont mené 75 attaques (44 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 21 contre la Minusma et 10 contre Barkhane), contre 37 attaques au cours de la période précédente (23 contre les Forces de défense et de sécurité maliennes, 11 contre la Minusma et 3 contre Barkhane), soit une hausse de 102,7 % par rapport à toutes les attaques.
Le bilan des victimes s’est également alourdi, affirme le même rapport. Ainsi, on dénombre 15 morts parmi le personnel appartenant ou attaché à la Minusma (6 soldats de la paix, 1 membre du personnel civil et 8 contractants) et 34 blessés (25 soldats de la paix, 2 membres du personnel civil et 7 contractants). Au cours de la période précédente, quatre soldats de la paix avaient trouvé la mort et cinq autres avaient été blessés. «De même, 39 membres des Forces de défense et de sécurité maliennes ont été tués et 44 blessés, contre 33 et 54, respectivement, durant la période précédente. En ce qui concerne les forces internationales, il n’y a eu aucun mort parmi les soldats français mais 17 ont été blessés, contre 2 pendant la période précédente», affirme le rapport du secrétaire général de l’Onu.
L’effroyable Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans
Selon le même rapport de l’Onu, la plupart des attaques asymétriques ont été revendiquées par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans. Entre-temps, la faction extrémiste violente qui se fait appeler État islamique du Grand Sahara et opère actuellement dans la région frontalière entre le Mali et le Niger semble exploiter les tensions entre les communautés. Le 1er juin, une attaque au mortier contre les bases de la Minusma et des forces armées françaises dans la ville de Tombouctou a entraîné la mort d’un soldat de la paix et fait trois blessés parmi les casques bleus maliens et huit parmi les casques bleus français, ainsi que des dégâts à l’intérieur du camp. Cette attaque était la quatrième du genre en l’espace de quatre semaines à Tombouctou.
De même, le 8 juin, des assaillants ont tiré 15 obus de mortier contre le camp de la Minusma à Kidal et fait quatre morts et cinq blessés parmi les soldats de la paix lors d’une attaque perpétrée contre une position de la Mission en ville. Le 18 juin, 5 personnes ont été tuées et 10 autres blessées lors d’une attaque contre un hôtel près de Bamako. Le 14 août, des assaillants armés s’en sont pris à un camp de la Minusma à Douentza (région de Mopti). Un soldat de la paix et un membre des forces armées maliennes ont été tués et un Casque bleu blessé.
Le même jour, des hommes armés non identifiés ont attaqué le quartier général de la Minusma dans la ville de Tombouctou. Quatre assaillants se sont infiltrés dans le complexe avant d’être tués. Cinq agents de sécurité, un contractant national et un gendarme malien ont péri durant l’attaque et six soldats de la paix de la Minusma ont été blessés.
Pour faire face à l’instabilité grandissante et à des conditions de sécurité de plus en plus complexes en août, déclare le secrétaire général de l’Onu, le gouvernement malien a entamé l’élaboration d’un plan d’action national visant à prévenir et combattre l’extrémisme violent et le terrorisme, assorti de dispositions traitant expressément de la protection de l’enfance.
Par ailleurs, la Minusma a également maintenu son appui à la stratégie intégrée du Mali pour la région centrale en élaborant un projet pilote consacré à la police de proximité ainsi qu’un plan axé sur le renseignement, la surveillance et la reconnaissance. Elle a continué d’apporter son concours aux unités spécialisées maliennes qui luttent contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, notamment pour les enquêtes et la criminalistique, avec le Pôle judiciaire spécialisé de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée. Ce dernier a inculpé neuf personnes d’actes de terrorisme commis lors d’une embuscade tendue à une patrouille pédestre de la Minusma près d’Aguelhok (région de Kidal), au cours de laquelle deux soldats de la paix ont été tués le 23 mai.
À la lumière du nouveau rapport du secrétaire général de l’Onu sur la situation au Mali, il est aisé de dire que le cycle de la violence est loin d’être enrayé.
Dioncounda Samaké