Sur l’attaque de son camp à Kidal, des sources militaires proches des soldats guinéens à Kidal citées par Guineenews fournissent des informations qui accablent la mission onusienne.
Des sources militaires proches des soldats guinéens à Kidal, citées par Guineenews, indiquent que « les terroristes ont infiltré le siège de la MINUSMA ». « Vous savez, c’est le contingent guinéen qui contrôle toutes les voies d’accès stratégiques à Kidal. Ce qui ne plait ni aux mouvements djihadistes encore moins à certains barrons (trafiquants) du Mali et de la MINUSMA qui ont des intérêts dans les trafics d’armes et de drogue », ont-elles confié à Guineenews. « C’est un camion benne utilisé pour le ramassage habituel des ordures au niveau du quartier général qui était bourré d’explosifs….Paradoxalement, les kamikazes qui ont fait sauter ces explosifs étaient tous des employés civils de la MINUSMA. Donc, ils étaient habilités à travailler comme personnel contractuel et connaissaient tous les plans du QG. Les vendredis étant habituellement les jours de rassemblement, heureusement qu’il n’y avait pas de rassemblement à cette heure, sinon les dégâts seraient beaucoup plus catastrophiques. Toute la logistique du contingent guinéen est partie en fumée, y compris la transmission, les unités centrales, les outils informatiques, les unités médicales ou pharmaceutiques, les denrées, les engins, etc. Il n’y a plus rien comme équipements pour le contingent guinéen, à part quelques armes individuelles…Ils n’ont aucun toit en ce moment …….Tous les dortoirs sont partis en feu, donc plus de bureaux, ni rien… », ont détaillé à Guineenews les mêmes sources militaires.
Selon elles « les soldats guinéens à Kidal commencent à faire quelques mouvements de colère face à leur hiérarchie de la MINUSMA et à l’état major des armées. Ils disent ne pas être bien protégés et ne sont pas permis d’attaquer, ils doivent juste se défendre. Au fait, ils veulent en découdre avec ces djihadistes mais ils ne sont pas autorisés à le faire. Conséquence, le moral de nos soldats est très bas et ils semblent être sacrifiés, surtout après ces attentats meurtriers… », apprend-t-on sur le site internet guinéen. Vrai ou faux ? Toujours est-il que le Chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, s’est rendu le 13 février à Kidal, soit 24 heures après l’attaque pour « apporter son soutien aux travailleurs de l’ONU et évoquer la sécurité de la Mission ».
A Conakry la grogne monte. Une réunion de crise du Conseil National Guinéen de Sécurité a eu lieu le même jour à la Présidence sous l’égide d’Alpha Condé. Au camp Alpha Yaya, les femmes et les enfants des militaires ne cachent pas leur colère. « Au camp Alpha Yaya, vers le bloc des officiers, les femmes et les enfants des soldats guinéens présents à Kidal ont manifesté ce vendredi 12 février pour réclamer le retour de leurs maris/pères/mères au pays vu qu’ils sont en danger. Après cette manif, nous avons été reçus par la hiérarchie militaire du camp Alpha Yaya pour recueillir nos points de vue afin de les transmettre à l’état major général des armées puis au Ministère de la défense et au Président de la République. Mais, certains individus ont essayé d’étouffer le mouvement sans succès alors que la vie de nos familles est en danger au Mali », a affirmé l’une des épouses à la rédaction de Guineenews.
Parmi les victimes, figurent deux capitaines (Henry Haba et Nilon Camara), une femme du nom de Micheline Lamah (gendarme) et Moussa Dabo (sous officier).
Les trois autres sont aussi des sous-officiers. Contrairement à ce bilan, le Gouvernement guinéen a annoncé dans un communiqué diffusé le samedi dernier la mort de six soldats et un deuil national de trois jours, à compter d’hier dimanche 14 février.
L’attaque a été revendiquée par le mouvement islamiste Ansardine d’Iyad Ag Aghaly. Selon le communiqué du groupe terroriste, l’opération qui « fait des dizaines de morts et de blessés a été menée par un vaillant jihadiste mauritanien ».
Mahamat Saleh Annadif : «J’ai le devoir d’exprimer notre révolte»
Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali (RSSG), a déclaré vendredi que la MINUSMA était « révoltée » par l’attaque meurtrière survenue sur son camp à Kidal.
Vendredi vers 7h, le camp de la MINUSMA basé à Kidal a été la cible d’une attaque complexe qui, selon un bilan provisoire a entraîné la mort de trois Casques bleus et une trentaine de blessés. Le RSSG a exprimé son indignation “J’ai le devoir, au nom du Secrétaire général, d’exprimer notre révolte par rapport à cet acte odieux et irresponsable qui survient une semaine après les arrangements locaux intervenus entre la CMA et la Plateforme et, 48h après mon passage à Kidal.” “Cet acte grave, traduit le désarroi du camp des ennemis de la paix, car il intervient au moment précis où la mise en œuvre de l’Accord de paix devient de plus en plus une réalité au Mali.”
- Annadif exprime enfin ses condoléances les plus attristées aux familles des victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.
Vendredi 12 février 2016
Déclaration attribuable au porte-parole du Secrétaire général sur le Mali
Le Secrétaire Général condamne l’attaque complexe contre un camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), ce matin à Kidal, qui a causé la mort d’au moins cinq casques bleus et blessé environ 30 autres. Le Secrétaire Général souligne que les attaques ciblant les casques bleus des Nations Unies peuvent constituer des crimes de guerre en vertu du droit international et appelle à ce que les assaillants soient traduits en justice.
Le Secrétaire Général réitère que les attaques perpétrées contre la MINUSMA n’affaibliront pas la détermination des Nations Unies à soutenir le gouvernement malien, les parties signataires de l’accord de paix et le peuple malien dans leurs efforts pour parvenir à une paix et une stabilité durables.
Le Secrétaire Général présente ses sincères condoléances aux familles des défunts ainsi qu’aux gouvernements concernés. Il exprime sa plus profonde compassion et son soutien aux blessés, en leur souhaitant un prompt rétablissement.
New York, 12 février 2016
Daouda T. Konaté