Le président du Mali, Amadou Toumani Touré, déplore "le déficit de coopération régionale" au Sahel dans la lutte contre Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui détient sept otages enlevés au Niger, dans une interview publiée vendredi dans Libération.
"Les forces terroristes actuelles ne sont pas au-dessus de nos capacités. Il faut un plan sous-régional", martèle le président malien. "Je le répète, mon pays est otage et victime. Ces gens ne sont pas Maliens. Ils sont venus du Maghreb avec des idées que nous ne connaissons pas", déclare-t-il à propos des ravisseurs. "Le problème, c’est le déficit de coopération régionale. Chacun se plaint du voisin, et les actions isolées sont vouées à rester ponctuelles", regrette Amadou Toumani Touré, soulignant que le Nord-Mali, où sont détenus les otages, "c’est aussi le sud de l’Algérie, l’est de la Mauritanie et l’ouest du Niger".
Il a affirmé que la réunion des états-majors de quatre pays dimanche "n’est qu’un des volets d’un plan plus global qu’il faudrait mettre en place", et rappelé qu’une réunion des services de renseignements s’était tenue mercredi à Alger. "J’ai appelé, en septembre 2006, à une conférence sahélo-sahélienne pour la paix et le développement, en présence des chefs d’Etat", rappelle-t-il. "Or personne ne m’a écouté depuis quatre ans, quatre années de perdues", regrette le président malien. À propos des offensives de l’armée mauritanienne au Mali contre Aqmi, il assure que son pays est "ouvert". "Nous sommes d’accord pour que les Etats voisins viennent chez nous, si nous pouvons aussi aller chez eux", dit-il.
Dans cette lutte contre les groupes extrémistes, "le rôle de la France doit rester dans l’accompagnement et l’appui au plan matériel", a-t-il estimé. A propos d’une éventuelle opération militaire française, il a dit que son pays allait "étudier toutes les requêtes". "Mais la France doit nous écouter", a-t-il ajouté. Il a évoqué la libération controversée en février dernier de quatre islamistes détenus au Mali, en échange de la remise en liberté de l’otage français Pierre Camatte, qui avait suscité la colère de l’Algérie et de la Mauritanie. "Aujourd’hui encore, nous en payons le prix. La Mauritanie et l’Algérie ont rappelé leurs ambassadeurs", rappelle-t-il.
AFP via lefigaro.fr
01/10/2010