A l’initiative de la présidence de la république et du gouvernement se sont tenus les Assises dites « Nationales sur le Nord »sous l’égide du Ministère de la Réconciliation Nationale et du Développement des régions du nord, du vendredi 01 au dimanche 03 novembre 2013 au Centre International de Conférences de Bamako.
La réconciliation nationale, on peut le dire sans se tromper, est l’enjeu fondamental du processus de stabilisation politique et institutionnelle du Mali post –crise. Notre pays a connu des moments de périls graves, consécutifs à la déliquescence de l’Etat , et à l’occupation des régions du nord par des groupes armés cosmopolites , tentés ,d’un coté ,par l’idée de la séparation ou sécession, sur des considérations irrédentistes , de l’autre , mus par une prétendue « djihad »s’étendant sur l’ensemble du territoire. La République fut atteinte doublement .Il en a résulté une déchirure sociale profonde, et une certaine détérioration des rapports entre des communautés qui se sont toujours côtoyées, et ont vécu jusqu’ici, en bonne intelligence.
La réconciliation, vue sous l’angle de cette crise, a trait à la situation dans le nord du pays .Mais il serait extrêmement réducteur de ramener la question à la fin du conflit au nord et à la paix sociale à y rétablir. La réconciliation envisagée se veut nationale et doit, à ce titre concerner toutes les populations maliennes, même celles en dehors du Mali. Il est donc important de pouvoir répondre à la question de savoir : Qui réconcilie-t-on ? Pourquoi ?
L’Etat au Mali, par défaut, est à la source des grands maux qui ont prévalu au chaos accuse-t-on ça et là. En général, l’Etat, symbole de la puissance publique, détenteur de l’autorité, est chargé, à travers ses institutions, de garantir l’unité nationale et l’intégrité du territoire, d’assurer la cohésion sociale, la paix et la sécurité. Ce rôle fondamental nécessite la renaissance par les populations de son bienfait salutaire pour elle. « Lorsqu’il devient le siège de l’injustice , de la discrimination, de l’arbitraire, il ne convainc plus en crédit, et son autorité en est dévoyée .Ne faisant plus confiance , les citoyens tendent à régler leurs problèmes par eux-mêmes. La faillite de l’Etat exacerbe les conflits en leurs seins, entrainant, d’une part , le risque de soulèvement , de révolte, d’insurrection et de l’autre des affrontements à différentes échelles .En vérité, l’Etat a trop souvent laissé ses employés , des serviteurs , se comporter en maître absolu comme sous le règne du colonisateur. Le constat est très amer du fait que le citoyen est en mal avec la justice, la police, les impôts, l’administration. Pire, la corruption gangrène les services publics et brise l’élan de la perfection , du mérite , de l’effort , au profit d’un système de médiocrité généralisée basé sur la seule logique du gain et de la jouissance .A partir de ce moment , le système étatique ne fait que chuter pour finir dans l’abime , provoquant toutes sortes de crises. Ces assises ont permis de comprendre qu’il faut un Etat fort , donc un Etat de droit, respectueux de la personne et du citoyen , un Etat d’égal accès à la justice, à la santé, à l’éducation, au travail, à la terre,aux bienfaits du progrès .
Dans les interventions des différents participants venus d’un peu partout du Mali ; il en est sorti des recommandations parmi les quelles il y’a entre autres : Un nouveau modèle de la gouvernance à travers le renforcement des compétences des collectivités décentralisées et impliquant les légitimités traditionnelles locales tout en favorisant le contrôle citoyen .Le désarmement sans condition des groupes rebelles qui sèment encore la terreur dans le nord Mali ; bannir toutes impunités en rendant justice pour toutes les exactions , meurtres et viols commis pendant et après l’occupation ; créer les conditions matérielles psychologiques et sécuritaires pour le retour des déplacés et des populations refugiés. Le gouvernement a dit prendre note de toutes les recommandations et inquiétudes de la population.
WAIT and SEE !
Boubacar HAIDARA