Les journalistes maliens, comme leurs confrères de par le monde et tous les démocrates, ont fermement condamné les lâches assassinats de Ghislaine Dupont et Claude Verlon, envoyés spéciaux de RFI, samedi dernier à Kidal, en organisant, le lundi 4 novembre 2013 dans l’après-midi, une grande marche silencieuse en leur mémoire.
Parmi les marcheurs, portant tous des bandeaux noirs au bras en signe de deuil, nombre de doyens de la profession, des personnalités politiques et les journalistes et dirigeants de France Média Monde, RFI et France 24 présents à Bamako, dont les Directrices Marie-Christine Saragosse et Cécile Megie, entre autres confrères étrangers.
Dans un communiqué, la Maison de la Presse dénonçait dès samedi «l’enlèvement et l’assassinat lâches, abjects et crapuleux des journalistes Ghislaine Dupont et Claude Verlon», suivie par d’autres organisations et syndicats de professionnels des médias de notre pays.
«La presse malienne et l’ensemble des organisations professionnelles des médias au Mali demandent au gouvernement malien de jouer pleinement son rôle de défense des libertés de presse et d’expression des professionnels des médias, surtout des confrères étrangers» ajoutait le texte.
Après cette marche, c’est une cérémonie solennelle qui s’est déroulée à Sénou, sur le site Serval, en présence du Président de la République, manifestement tellement ému qu’il a quasiment éclaté en sanglots. «Je suis en contact avec le président Hollande. Nous ferons tout pour que l’enquête aboutisse et qu’on arrête les coupables», a-t-il assuré. Ibrahim Boubacar Kéita a élevé nos deux confrères français à la dignité de Chevaliers de l’Ordre National du Mali à titre posthume, avant que leurs corps ne soient rapatriés sur Paris, où le Président français est venu présenter ses condoléances à leurs familles, proches et collègues, tôt dans la matinée du mardi 5 novembre.
A 13 heures le même jour, c’est dans les locaux de RFI, à Issy-les-Moulineaux, près de Paris, que les collègues de Ghislaine et de Claude ont observé une minute de silence, tandis que les députés français faisaient de même dans l’après-midi au Palais Bourbon, après le Sénat la veille.
L’organisation Reporters sans Frontières a quant à elle appelé mercredi la France à lancer une initiative en faveur de la protection des journalistes lorsqu’elle assurera la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’Onu en décembre.
“Au-delà de l’émotion de ces derniers jours, il est essentiel que des mesures soient prises, car force est de constater que la résolution 1738 n’est pas appliquée”, a estimé le Directeur général de RSF, Christophe Deloire. Cette résolution, votée à l’initiative de la France en décembre 2006, est le premier texte du Conseil de sécurité consacré à la protection des journalistes dans les conflits armés.
RSF souhaite également que soit modifié l’article 8 des statuts de la Cour pénale internationale “afin que les attaques délibérées contre les journalistes soient considérés comme des crimes de guerre”.
Ramata Diaouré
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