Nul ne saurait répondre à cette question par un NON tant les affrontements sont devenus quasi quotidiens. Les morts et les blessés se comptent par dizaines et tout se passe au nez et à la barbe des forces dites de stabilisation et de maintien de la paix au Mali. Le citoyen lambda a du mal à comprendre qu’en présence de plus de 15 000 hommes de la MINUSMA et de Barkhane, que des terroristes puissent encore s’attaquer aux positions des FAMas. Et cela, sans aucune réaction de la part des forces étrangères venues pourtant combattre ces mêmes terroristes. L’indignation et la révolte sont palpables après la énième attaque sanglante du camp militaire de Nampala à la frontière mauritanienne. Que comprendre de cette complicité passive dont bénéficient les terroristes de la part de la Mauritanie voisine ? Quel rôle jouent les forces étrangères stationnées au Mali ? Que font les autorités maliennes aux quelles revient la mission régalienne de sécurisation des personnes et de leurs biens ?
Le Président de la République a assisté à Ségou le jeudi 21 juillet aux funérailles de 15 des 17 soldats tombés à Nampala les armes à la main en défendant la Patrie. Que d’émotions, mais aussi que de sentiments d’indignation et de révolte en voyant les corps de ces jeunes soldats arrachés à la fleur de leur âge et à la grande affection des siens. La colère a été d’autant plus grande que le conseil de sécurité des nations Unies venait juste d’adopter la résolution 2295 considérée plus robuste et censée permettre à la MINUSMA de mener des offensives militaires et dont l’effectif a été augmenté de 2500 hommes. Avec ce nouveau mandat, la MINUSMA est créditée du pouvoir d’aller neutraliser les terroristes où qu’ils se trouvent sur le territoire malien. Alors, pourquoi n-a-t-elle pas mis à la disposition des FAMas les renseignements militaires nécessaires pour une neutralisation des assaillants qui ont attaqué le camp de Nampala d’autant plus qu’elle dispose de drones, d’hélicoptères de combat et de moyens satellitaires ? Manque-t-elle autant de volonté pour mener à bien sa mission ? Peut-être a-t-elle un autre agenda que le peuple malien ignore ? Que dire des forces françaises Barkhane, elles qui ont des moyens aériens et des armes de dernière génération ? Le sentiment est aujourd’hui tout à la colère et à l’indignation quand on voit toutes ces forces se pavaner dans le sahel malien en train de siroter du thé Azawad et laisser le peuple malien à son triste sort. Plus d’un malien pense aujourd’hui que la France semble obtenir en 2012 ce qu’elle avait convoité depuis plus de 50 ans, à savoir son retour au nord du Mali, à la base militaire géostratégique de Tessalit. Les langues commencent à se délier sur la main basse de la France sur les immenses ressources naturelles dont l’or, l’eau douce que les français exploiteraient déjà ou ses déchets nucléaires qu’ils enfouiraient dans les entrailles de Kidal.
Quant aux autorités maliennes, elles ont montré toutes leurs limites et sont « incapacitées » de résoudre la question sécuritaire. Le sentiment est à l’exaspération et à la révolte quand on voit tous les jours des milliards sortir des caisses de l’Etat, mais qui vont à d’autres destinations moins stratégiques et prioritaires pour un pays en crise. L’armée malienne est mal recrutée, mal formée, mal dotée et mal équipée à son corps défendant. En dépit de l’ambitieuse loi de programmation militaire l’armée malienne semble n’avoir bénéficiée jusque-là que de tenues, de chaussures et de chaussettes mais aussi de quelques améliorations de primes pour paraitre moins dépenaillée. L’irritation du citoyen lambda est à son comble et on se pose la question si nos autorités mesurent l’ampleur des dégâts et des conséquences de l’insécurité sur le quotidien des maliens.
En définitive, le gouvernement malien a été non seulement incapable d’assurer la sécurité des citoyens, mais aussi de convaincre les pays voisins comme la Mauritanie de refuser de servir de base arrière aux terroristes qui pourraient après le Mali la prendre pour nouvelle cible. La coopération sous-régionale, militaire et de renseignement est aujourd’hui l’ultime solution pour asseoir la stabilité dans la zone sahélo-saharienne.
Youssouf Sissoko