Assassinat du chef de village de Dogo (Youwarou) : « Les tueurs sont des djihadistes libérés par Bamako »

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Le centre de Youwarou (Fabien Offner)
Le centre de Youwarou (Fabien Offner)

Les parents de la victime Issa Dicko soutiennent que le gouvernement en sait plus qu’il ne l’a dit dans son communiqué, qui a rajouté à leur douleur, l’injure de vouloir cacher la vérité aux Maliens sur l’identité des tueurs.

Selon Issa Dicko, proche parent de la victime, les meurtriers du chef de village (son homonyme) ne sont rien d’autres que les Islamistes et adeptes de Hamadoun Koufa, arrêtés sur dénonciation des populations de Dogo le 17 février 2015, par les forces armées maliennes et conduits à Bamako. Puis à leur grande surprise, ces islamistes ont été libérés deux semaines plus tard et ont refait surface dans la localité. Face l’insistance des populations auprès des autorités régionales de Mopti, et leur dénonciations répétées contre  leurs bourreaux libérés, les populations de Dogo apprennent que les présumés Djihadistes ont été libérés faute de preuves.

 

Selon nos sources dans ce village, les adeptes de Hamadoun Koufa s’étaient rendus dans ce village où ils ont rencontré le chef de village pour lui intimer de leur faire allégeance. Son tort a été de refuser de les obéir à instaurer la charia et de travailler à la renaissance de la Dina de Macina. Il a choisi le Mali indivisible et a fait acte de patriotisme. Ce que les islamistes n’ont jamais pardonné.

 

Dans son communiqué du 23 avril,  le gouvernement a indiqué que : « le chef de village a été froidement et lâchement assassiné par des individus non encore identifiés». Faux, répond, Issa Dicko un proche parent de la victime, contacté par téléphone. Selon lui, « les meurtriers du chef de village sont bien identifiés et connus par le gouvernement pour les avoir libérés malgré les dénonciations des villageois». Car selon Issa Dicko, les meurtriers ont exercé toutes sortes de menaces sur le chef de village et son entourage suite à son refus de se plier à leur ordre avant de l’assassiner. « Ils l’ont tués pour deux raisons. D’abord parce qu’il a refusé de les soutenir dans leur entreprise djihadiste contre son pays. Mais aussi parce qu’il a eu l’audace et le patriotisme de les dénoncer aux forces armées maliennes qui sont venues les arrêter », a indiqué M Dicko avec indignation. A l’en croire malgré les menaces des djihadistes sur les villageois, ils ont été libérés à Bamako deux semaines après leur arrestation. « Depuis, ils ont juré d’abattre le chef de village pour les avoir dénoncés. Et c’est ce qui fut fait le mercredi 22 avril 2015 sans que le gouvernement ne puisse rien faire. Ses meurtriers sont des adeptes de Hamadoun Koufa qui viennent de N’Tioki dans le cercle de Goundam. Et le gouvernement les connait très bien», s’est  indigné M. Dicko. Nous sommes bien dans l’empire de l’injustice et de l’impunité. Pourquoi ces présumés Djihadistes n’ont-ils pas été gardés le temps de voir clair dans leurs agissements dans cette localité ? Contacté, la Direction de l’Information et des relations publiques de l’armée (Dirpa) affirme ne pouvoir ni confirmer ni infirmer  la libération de présumés Djihadistes, pour la simple raison qu’après leur arrestation au cours des patrouilles par l’armée, les Djihadistes sont mis à la disposition du ministère de la Justice.

 

A noter que lors d’une visite à Mopti, le samedi 21 mars 2015, du ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Abdoulaye Idrissa Maïga, Issa Dicko du village de Dogo avait attiré l’attention du ministre et du gouverneur de Mopti sur la menace sécuritaire qui planait sur les habitants de son village. La visite du ministre était une séance d’information et de sensibilisation sur la régionalisation au gouvernorat de Mopti. A cette occasion, Issa Dicko a vertement interpellé le ministre sur la libération des présumés Djihadistes. Son appel n’a pas eu l’effet escompté, et voilà que le chef de ce village de Dogo vient d’être froidement assassiné. Une mort sur la conscience du gouvernement, qui ne cesse d’inviter chaque jour les populations à collaborer avec les Fama contre les terroristes. En retour, les populations restent sans défense ni protection, au contraire, elles sont exposées aux assassinats odieux.

Youssouf Z KEITA

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