Lever le voile ou le lièvre ? Tirons plutôt le chapeau pour la vérité. Les trois ravisseurs présumés des deux otages français sont en fait un douanier et un garde -des frères utérins- et un rejeton de la dame qui a réclamé -sans coup férir- la libération de l’Azawad devant six ministres de la République. Ce dernier est pour ainsi dire connu pour ses multiples arrestations. Quand il s’agit surtout de montrer que l’État ne «dort» pas.
Vaudeville au sommet de l’État ! Plus d’un téléspectateur n’en croyait pas à ses yeux et à ses oreilles, lorsque la présentatrice du 20H sur l’Ortm annonça lundi 12 décembre, sur la foi d’un communiqué du gouvernement, que les «ravisseurs» des deux otages français avaient été arrêtés. Preuve à l’appui, en montrant trois individus à visages découverts. Mais comme pour ne pas faciliter la compréhension des téléspectateurs, qui ont souvent la «comprenette difficilette», il n’était nulle part fait mention des noms des ravisseurs présumés des otages français. C’est quand même bizarre, qu’on puisse arrêter des individus sans être capable de mettre des noms sur leurs visages !
On le sait depuis ce communiqué rendu public, les ravisseurs présumés des otages français sont deux frères utérins dont un est le fils d’un ancien député de Kidal. Il s’agit de Hamad Ali Ag Waddossène, et Heiba Ag Achérif. Le premier est douanier, le second garde : tous deux sont en poste à Bamako. Ils doivent leur intégration dans les corps des Douanes du Mali et de la Garde nationale aux Accords d’Alger. Ceux qu’on appelle communément les «intégrés».
Quant au troisième homme sur la photo (au centre), Hassani Ould Abdallahi, peu de gens connaissent beaucoup de choses sur lui. À part, son séjour au Niger pour des raisons qu’on ignore. Mais d’après des sources très renseignées, il est à sa deuxième arrestation. Sa mère se nomme Hassi. Celle-là même qui a réclamé -sans coup férir- la libération de l’Azawad devant six ministres de la République qui rendaient visite aux combattants maliens revenus de Libye. Cette dame est par ailleurs impliquée dans la mort d’un officier malien. Elle est visiblement du genre pyromane puisque c’est elle encore qui avait encouragé les femmes et les enfants à marcher pour le MNLA, sous les ordres du député Algabasse.
Pour ainsi dire, aucun indice sérieux ne permet à ce jour d’établir un lien quelconque entre les «ravisseurs présumés» et les réseaux qui travaillent avec Al-Qaïda au Maghreb islamique(Aqmi) -la nébuleuse islamiste avait réclamé l’enlèvement des Français. Même si par ailleurs Hassani Ould Abdallahi, peut présenter un passé sulfureux. Encore que sa mère passe pour l’un des pyromanes à Kidal. Au demeurant, ces «ravisseurs» travaillaient-ils pour Iyad Ag Aly, dont le nom est cité parmi les suspects ayant coordonné le rapt de Hombori ? Nous l’ignorons pour l’instant. Et même si on admet une connexion entre ces «ravisseurs» et Aqmi, reste qu’on ne s’attaque pas aux gros poissons.
Vraisemblablement, le gouvernement, pour avoir été incapable de donner les noms des ravisseurs présumés des deux Français enlevés à Hombori qu’il dit pourtant avoir arrêtés, cache bien de choses. C’est comme s’il jouait à ce jeu où l’un des joueurs, les yeux bandés, doit chercher les autres à tâtons, en saisir un et le reconnaître. En un mot comme en cent, le gouvernement joue à colin-maillard.
Dioukha Sory