Zahabi Ould Sidi Mohamed, l’ancien ministre des Affaires étrangères a été nommé à la tête du département de la réconciliation nationale. Mais des questions demeurent. Pourra-t-il relever les défis ? Aura-t-il la confiance de toutes les communautés ? Aura-t-il les mains libres. Pourra-t-il rassembler les Touareg, Arabe, Sonrhaï, Peul etc… gagnés par une méfiance et une haine réciproque et ayant des agendas différents. Le doute persiste surtout quand on se réfère au bref passage, qualifié de terne par les maliens, de M. Zahabi Ould Sidi Mohamed au ministère des Affaires Etrangères. En plus, son manque de charisme, son profil douteux de rassembleur, les divergences au sein de sa propre communauté (arabe) fait planer le doute quant à la réussite de sa mission. Le temps nous le dira. D’ores et déjà, les premiers couacs se manifestent. Les groupes armés du Nord rejettent le plan concocté par Zahabi Ould Sidi Mohamed.
Le ministère de la Réconciliation nationale, faut-il le rappeler, est l’un des trois principaux départements les plus importants du nouveau gouvernement. Sa mission est claire : parvenir à une paix durable avec les groupes armés dans le nord du Mali. Après un constat amer fait par les plus hautes autorités concernant le ralentissement du moteur du processus de dialogue entre les différents groupes armés ainsi que les membres des différentes communautés du Nord du pays, il a été décidé de donner un second souffle au processus de réconciliation, de dialogue, de négociations en cours.
La récente sortie médiatique du ministre français de la Défense a-t-il influencé l’orientation et la position des plus hautes autorités en ce qui concerne l’ajustement du processus de réconciliation ? La réflexion est ouverte. On se rappelle, le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian estimait, dans une récente interview à l’hebdomadaire Jeune Afrique, que le processus de réconciliation nationale au Mali n’avançait pas très vite. La nomination de cet originaire de la région de Tombouctou, un ancien rebelle des années 1990, qui fut même un temps le porte-parole de tous les groupes armés du nord du Mali, Zahabi Ould Sidy Mohamed au département de la réconciliation pourra-t-il faire avancer les choses ? Pas très certain, selon beaucoup d’observateurs. Du côté de certains de ses proches, c’est un autre son de cloche.
Déjà des discordances !
Depuis sa nomination, on murmure dans certains milieux proches des différentes communautés du Nord Mali (Touareg, Arabe, Sonrhaï, Peul etc..), que Zahabi Ould Sidy Mohamed, un arabe natif de Tombouctou n’est pas un rassembleur. C’est pourquoi, des voix s’élèvent de plus en plus pour décrier Zahabi Ould Sidy Mohamed. Les critiques ne manquent pas à son égard. Les détracteurs du nouveau ministre mettent en exergue la divergence entre les communautés, la haine, les massacres passés et autres. « Quelqu’un qui n’a pas pu réunir les membres de sa propre communauté autour de lui comment peut-il amorcer une quelconque réconciliation au nord du Mali », fulmine-t-ils et d’ajouter : « M. Zahabi en tant que rebelle repenti ne plaît pas beaucoup aux bandits armés du MNLA et du HCUA ». Des sceptiques soutiennent que M. Zahabi est le mal. Il ne faut pas se voiler la face, disent-ils, il n’aboutira à rien. Certains voient déjà l’exclusion de certaines communautés du processus car il est lui-même le problème. Selon d’autres, l’ancien chef rebelle des années 1990 doit d’abord et avant tout demander pardon pour les actes barbares et criminels commis par ses protégés. Il a semé la terreur dans les années 1990. C’est pourquoi, l’évocation même du nom de Zahabi Ould Sidy Mohamed provoque colère, indignation et mauvais souvenir.
Après avoir proposé un plan qui a pour objectif de relancer le dialogue entre les différents groupes et les autorités maliennes. Ce plan, dans un premier temps, consistera à réunir tous les groupes armés du nord de notre pays afin de participer en Algérie à une réunion consacrée aux groupes armés avec pour objectif de dégager une plateforme commune, pour harmoniser leurs points de vue avant le début du dialogue. Ensuite, une fois les premières démarches effectuées dans soixante jours précisément les négociations directes se tiendront à Bamako. La proposition de ce plan de relance des négociations a provoqué le courroux des responsables des différents groupes armés à savoir : le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA), le Mouvement arabe de l’Azawad (MAA), la Coalition du peuple pour l’Azawad (CPA). Selon eux, le plan du ministre est unilatéral et conduit au pourrissement de la situation avec des conséquences pour la suite du dialogue.
D’un autre côté, il ne tarit pas d’éloge. M. Zahabi Ould Sidy Mohamed, selon un de ses proches, est très influent et bien introduit dans les milieux touareg et arabes du Nord du Mali et d’ajouter : « Il est un ancien dirigeant d’un des mouvements rebelles du nord de notre pays dans les années 1990 donc il maîtrise l’environnement ainsi que les hommes ». Un autre a souhaité qu’on lui laisse le temps, qu’on le laisse à l’œuvre en espérant que ça ne va pas être comme son passage au ministère des Affaires Étrangères qui a été par ailleurs nul à cause de son inexpérience et de sa manière de parler. Il a cependant conseillé au nouveau ministre de parler moins car il n’a pas le verbe.
De toutes les façons, vu son expérience, il doit faire le capital de tout le passé. Il doit tirer les enseignements des négociations passées, leurs forces et faiblesses afin de partir sur de nouvelles bases dans un pays qui vient de sortir d’une crise très grave, sans précédent depuis son indépendance. Laquelle crise a profondément brisé le tissu social, crée une sérieuse méfiance entre les différentes communautés.
Moussa Mamadou Bagayoko