AQMI : Les sept otages devenus des boucliers humains

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La rivalité farouche entre les deux plus grands chefs de guerre déclarés d’Al Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Abou Zeid du front sud et Mokhtar Belmokhtar du front nord,  est en train de pénaliser lourdement l’organisation terroriste, aujourd’hui obligée de se replier dans ses bases arrières, sous la double pression française et mauritanienne.

En effet, après avoir organisé des opérations qui frisent la provocation du Mali et de la Mauritanie dans la zone du nord du Mali, pour défier Mokhtar Belmokhtar dans son propre fief, Abou Zeid, dans ses ambitions démesurées de devenir le chef incontesté de la centrale terroriste dans la bande sahélo-saharienne, est monté lui-même au front pour kidnapper les sept employés d’Areva qui travaillaient dans la mine d’Arlit au Niger. Le nombre d’otages qu’il détient actuellement est très significatif car ce chiffre renvoie au bilan des pertes en vies humaines d’AQMI lors du raid franco-mauritanien du 22 juillet dernier. En effet, l’on se rappelle que les terroristes du désert avaient promis de venger leurs frères disparus et à travers l’enlèvement des employés d’Areva, Abou Zeid a voulu prouver aux grands patrons de l’organisation mondiale Al Qaïda, nichés au Pakistan,  qu’il mérite d’être reconnu comme le seul vrai chef d’AQMI.

Ces agitations imprudentes de l’Algérien Abou Zeid, de son vrai nom Abid Hamadou, né le 15 décembre 1965, sonnent comme une somme d’erreurs tactiques qui sont en train de se retourner contre AQMI dont les mouvements sont actuellement réduits à un petit périmètre montagneux, dans un bled perdu entre le Mali et le Niger.

Effectivement, le front sud d’AQMI dirigé par Mokhtar Belmokhtar a subi de lourdes pertes dans son dernier accrochage avec l’armée mauritanienne qui était appuyée par un détachement de l’armée malienne. Les soldats mauritaniens, actuellement bien positionnés dans la région de Tombouctou, au nord du Mali, ont presque délogé de la zone les combattants terroristes obligés de se terrer et d’user de la ruse pour essayer d’attirer les forces mauritaniennes vers eux, en les enfonçant dans le désert. Ce que ces derniers rechignent à faire et préfèrent survoler la zone pour procéder à des frappes aériennes chirurgicales au besoin.

L’on se rappelle effectivement que lors du dernier accrochage entre les troupes de Nouakchott et celles d’AQMI, il a fallu l’intervention urgente des militaires maliens pour tirer leurs collègues mauritaniens de la tenaille terroriste. Englués dans le désert, suite à une panne sèche de carburant, les militaires mauritaniens n’ont pu que subir les tirs nourris des combattants d’AQMI. Ce qui explique les nombreux blessés mauritaniens, dont six grièvement,  évacués par l’armée malienne à l’hôpital de Tombouctou. Les stratèges de Nouakchott en ont tiré les enseignements pour changer leur dispositif en occupant le terrain de façon à couper à Mokhtar Belmokhtar et ses combattants de toute source d’approvisionnement en nourriture et carburant à partir de Tombouctou et environs, les poussant à leur tour à s’enfoncer dans le désert, pour se rapprocher de la zone du front nord, où ils sont traqués par l’armée française, dont les avions de reconnaissance ne cessent de les survoler et de renseigner le groupe d’élite basé au Niger et prêt à intervenir à tout moment. En d’autres termes, la liberté de mouvement du groupe de Mokhtar Belmokhtar est actuellement limité.

Du côté du front nord d’AQMI, Abou Zeid sait qu’il est pris en repérage par l’armée française appuyé par les services de renseignements américains. Le périmètre dans lequel il se trouve retranché avec les otages est bien identifié. Deux écueils seulement empêchent l’armée française de déclencher les hostilités. D’abord, suite au refus du Mali d’abriter la force spéciale française de 80 hommes sur son territoire, celle-ci est obligée de se baser au Niger, se trouvant ainsi à plus de mille km de la zone ciblée. Ce qui leur pose un problème d’efficacité. Ensuite, tant que les otages sont entre les mains de l’impulsif et très imprévisible Abou Zeid, la prudence est de mise du côté de Paris qui évitera de commettre le moindre faux pas.  

Cette donne pousse Abou Zeid à prendre son temps, le temps d’évaluer correctement la situation et de mettre en place un plan de sortie de l’étau qui se resserre de plus en plus autour de lui. Raison pour laquelle, malgré la disponibilité affichée par Sarkozy pour négocier et faire libérer ses ressortissants actuellement détenus par AQMI, Abou ne répond pas. Il est conscient que la France veut tout simplement extraire ses ressortissants de ses griffes pour ensuite lui déclarer une guerre sans précédent, dans le cadre d’une coalition internationale anti-AQMI en gestation.  Réputé grand stratège, le chef terroriste se sert actuellement des otages comme bouclier humain, en attendant d’y voir plus clair.

Amadou Bamba NIANG

 

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