Après la mort d’Intallah ag Attaher : Place à la guerre de succession

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Mali: qui pour succéder à Intalla ag Attaher?
Le vieil Aménokal Intallah, puissant chef des Ifoghas à Kidal dans la cour de sa maison.
RFI / Claude Verlon

 Le vieux Intallah Ag Attaher, Amenokal de l’Adrar des Iforas, est décédé dans la nuit du 18 décembre, aux environs de 22 heures, chez lui-même à Kidal. Il y a été inhumé le lendemain

Le Mali perd ainsi un véritable chef coutumier, celui des Iforas. Ancien député, sous la Deuxième République, Intallah Ag Attaher, malgré les multiples difficultés de sa région, n’a jamais voulu se séparer du Mali. Malheureusement, certains de ses enfants, dont Alghabass Ag Intallah, ancien député lui aussi, ont choisi cette option sans issue.

Le Président de la République et le Président de l’Assemblée nationale ont présenté leurs condoléances à la famille du disparu. Reste à savoir s’il y aura une délégation gouvernementale dans les prochains jours à Kidal?

En attendant, il nous est revenu que la guerre de succession  a commencé entre les fils du défunt patriarche, l’Honorable Mohamed Ag Intallah, député élu à Tin – Essako et son frère cadet, Alghabass Ag Intallah, ancien député de Kidal et Président du Haut Conseil Unifié de l’Azawad (HCUA).

Le premier est un homme calme, respectueux, apparemment sans grande ambition. Il est le plus modéré,  le plus propre de la famille, parce qu’il ne s’est jamais mêlé, de 1990 à nos jours, à aucune rébellion. C’est un homme épris de paix et de justice sociale. Récemment, il nous a confié: «l’Azawad c’est quoi ? Kidal ne peut pas se retirer du Mali. Mais il faut que le gouvernement gère les problèmes de développement qui se posent à la région». Mohamed est loyaliste jusqu’à la moelle des os.

Le second est un activiste, un comploteur, un séparatiste. Il a été au centre de toutes les révoltes contre l’Etat du Mali de 90 à nos jours. C’est un entrepreneur qui a capté beaucoup de marchés de l’Etat, notamment ceux du PSPSDN. C’est dire qu’il est porté sur l’argent, contrairement à son ainé.

Alghabass était également le n°2 d’Ançardine, après Iyad Ag Aghaly. Il se battait donc pour un Etat islamique. Il est plus écouté dans la région que son frère, qui ne s’intéresse pas beaucoup aux autres. Il a un leadership, incontestablement, des relations dans la sous-région et en Occident, notamment avec les Suisses, qui le financent.

Même à Bamako, Alghabas est mieux introduit que Mohamed. En clair, le jeune frère a de l’argent, s’intéresse aux gens, tente de résoudre leurs préoccupations, mais c’est un dangereux séparatiste.

Alors se pose le problème de la succession à Kidal, parce que, normalement, la chefferie devrait revenir à l’aîné, mais son cadet s’est déjà mis dans la peau du chef. Certains membres des Iforas préfèrent le cadet à l’ainé.

Mais, aux dernières nouvelles, il semble que la lignée s’est réunie et à décidé de faire respecter la tradition, selon laquelle c’est bien l’ainé qui sera intronisé Amenokal. Tant mieux pour la paix.

L’autre va attendre, nous a-t-on dit, l’élection des Gouverneurs, prévue dans le préaccord d’Alger. Alghabass n’a donc d’autre choix que de se soumettre à la décision familiale? A suivre.

Chahana Takiou

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