Hier tôt le matin, un groupe de rebelles a attaqué la ville d’Aguelhok. Un combat violent s’en est suivi presque toute la journée. Une nouvelle attaque qui confirme l’embrasement général du Nord après les violents combats de mardi entre l’armée et des individus se réclamant du Mouvement national de libération de l’Azawad.
Les rares habitants d’Aguelhok ont été réveillés hier matin par les bruits des armes. Selon les informations provenant dans cette ville, le Mouvement national de libération de l’Azawad s’est attaqué tout d’abord aux installations de Malitel et d’Orange-Mali pour isoler la ville. Il s’en suivi plusieurs heures de combat violent entre les rebelles et l’armée malienne. Les tirs ont continué hier tard dans la soirée sans que nous ayons un bilan exact de l’attaque qui aurait malheureusement fait plusieurs victimes de part et d’autres. Les assaillants seraient des éléments de l’Alliance du 23 mai qui, appuyés par des ex-combattants de la Libye, ont attaqué mardi dernier Ménaka .
"Depuis 05H00 ce matin, des échanges de coups de feu entre un groupe de rebelles touareg et l’armée malienne sont entendus à Aguelhok, des détonations d’armes lourdes sont entendues vers le camp militaire", a déclaré un habitant joint par téléphone depuis Bamako.
Les rebelles "attaquent et les militaires ripostent", a-t-il ajouté, en précisant: "Les populations sont chez elles, il n’y a personne dehors". L’attaque d’Aguelhoc, ville située entre Kidal et Tessalit, non loin de la frontière avec l’Algérie, survient au lendemain de celle lancée par des rebelles touareg à Ménaka, autre ville du nord-est du Mali, proche de la frontière avec le Niger.
Les affrontements de Ménaka ont fait "plusieurs morts et blessés" du côté des rebelles, selon le gouvernement malien, "un mort" au sein de l’armée malienne qui a fait intervenir des hélicoptères de combat pour bombarder les positions des Touareg.
Dans un communiqué publié mardi soir, le gouvernement a accusé les assaillants d’être "des militaires rentrés de Libye, auxquels se sont joints d’autres éléments se faisant connaître sous l’appellation du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA)".
Des centaines de Touareg lourdement armés sont rentrés de Libye après le conflit ayant abouti à la chute de Mouammar Kadhafi l’an dernier, qui les avait accueillis et auprès duquel ils avaient combattu.
MNLA, mouvement politico-militaire
Certains ont intégré le processus de paix offert par le gouvernement du président malien Amadou Toumani Touré, mais d’autres l’ont rejeté ou bien n’ont pas pris position.
Le MNLA, accusé par Bamako, est un mouvement politico-militaire sans leader connu, né fin 2011 de la fusion de groupes rebelles, dont le Mouvement touareg du Nord Mali (MTNM) d’Ibrahim Ag Bahanga, mort officiellement l’an dernier dans un accident de la route.
"Cette nouvelle organisation a pour objectif de sortir le peuple de l’Azawad de l’occupation illégale du territoire azawadien par le Mali", indiquait son premier communiqué publié le 16 octobre 2011.
L’Azawad, région naturelle considérée comme le berceau des Touareg, s’étend de l’ouest au nord du Mali.
Communauté nomade d’environ 1,5 million de personnes, les Touareg, membres de diverses tribus, sont répartis entre le Niger, le Mali, l’Algérie, la Libye, le Burkina Faso. Des rébellions ont touché le Mali et le Niger dans les années 1990 et au début des années 2000, avec une résurgence de 2006 à 2009.
Les attaques contre Ménaka et Aguelhok sont les premières depuis les derniers combats de 2009 et depuis le retour des ex-rebelles de Libye.
Des combats dans le nord du Mali étaient attendus depuis plusieurs jours. La semaine dernière, l’armée avait renforcé sa présence en concentrant des hommes à Tinzawaten, ville proche de la frontière avec l’Algérie. Selon une source indépendante, l’armée est passée par la zone montagneuse de Zakac où étaient installés des rebelles touareg. Ceux-ci se sont alors repliés en se séparant en trois groupes, dont l’un serait à l’origine de l’attaque de Ménaka.
Parmi les Touaregs qui ont repris les armes, figurent des hommes rentrés de Libye avec de véritables arsenaux de guerre, des officiers déserteurs de l’armée malienne, des combattants du groupe d’Ibrahim Ag Bahanga, ex-chef rebelle mort en 2011 dans un accident de voiture, et ceux d’Iyad Ag Ghaly, figure de l’ex-rébellion des années 1990, devenu un moment artisan de la paix et négociateur dans la libération d’otages européens.
Le nord du Mali est aussi le théâtre d’opérations d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui, à partir de ses bases dans cette région, "rayonne" dans plusieurs autres pays de la zone sahélo-saharienne où elle commet des attentats, se livre à divers trafics et enlève des ressortissants occidentaux. Avec AFP
La rébellion touareg veut prendre ‘plusieurs villes du nord’
Les rebelles touareg qui ont lancé des attaques sur trois localités du nord du Mali veulent prendre "plusieurs villes" de cette région à l’armée malienne, a déclaré mercredi un porte-parole de la rébellion à l’AFP.
"Notre objectif est de déloger l’armée malienne de plusieurs villes du Nord", a déclaré ce porte-parole, qui se présente comme "Moussa Salam", joint par téléphone depuis Bamako. Les rebelles ont lancé depuis mardi des attaques sur les villes de Ménaka, Aguilhok et Tessalit.
Après l’attaque de la ville de Ménaka, qui a fait plusieurs morts mardi, un groupe de rebelles touaregs du Mouvement de libération national de l’Azawad s’en est pris ce mercredi à deux autre villes du Nord-Mali : Aguelhok et Tessalit.
L’assaut sur Aguelhok, ville située entre Kidal et Tessalit, près de la frontière algérienne, a commencé à 5 heures (locales et GMT) du matin. Un habitant joint par l’AFP avait déclaré entendre « des échanges de coups de feu entre un groupe de rebelles touareg et l’armée malienne (…), des détonations d’armes lourdes vers le camp militaire ».
« À Aguelhok, les rebelles approchent dangereusement du camp militaire. Il faut un renfort en troupes, sinon le camp va tomber. Peut-être même qu’il est déjà tombé », a affirmé un fonctionnaire de la ville dans l’après-midi, alors que d’autres combats éclataient simultanément à Tessalit.
"Déloger l’armée malienne"
« Actuellement, les rebelles sont en train d’attaquer le camp militaire de Tessalit. Ça tire à l’arme lourde », a indiqué un fonctionnaire de la préfecture de Tessalit. « Notre objectif est de déloger l’armée malienne de plusieurs villes du Nord », a déclaré Moussa Salam, qui se présente comme l’un des porte-parole du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA).
Quand la France héberge une cellule terroriste
Le bureau politique du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) s’est dispersé en France, en Mauritanie ou au Burkina Faso, se disant victime d’une "chasse à l’homme" menée par les autorités maliennes. Les combats de ces derniers jours ont placés les représentants de ce mouvement dans une situation d’insécurité les obligeant à quitter le territoire malien. Ils estiment se heurter à un refus des autorités et du président Amadou Toumani Touré, de dialoguer. "Aucun membre du MNLA ne peut vivre actuellement en sécurité au Mali. Nous avons usés de toutes les voies pacifiques possibles" explique-t-il. Des allégations vite démenties par la présidence de la République qui rappelle que le président a toujours eu le temps pour tous les protagonistes du Nord.