Pour se venger des autres communautés touaregs, réticentes à toute idée d’indépendance du nord du Mali, la CMA vient de se lancer dans un génocide sans précédent contre les communautés imghad, ouliméden, chamanamas etc…. Réputées majoritaires dans la région de Kidal, celles-ci avaient refusé de soutenir « l’indépendance de l’Azawad », réclamée par les ifoghas, communauté minoritaire. Dont sont issus les membres du MNLA et du HCUA.
Un génocide sans nom
Frustrée de voir son « rêve » fondre comme beurre sous le soleil d’Aguel-hoc, la CMA vient de se lancer, à Kidal, dans un génocide qui ne dit pas son nom. Enlèvements, tortures, assassinats et séances de flagellations publiques perpétrées contre les enfants et les personnes âgées… sont monnaie courante dans la ville de Kidal ; mais aussi, dans les campements environnants.
Selon des témoignages recueillis sur place, les membres de la délégation de la plateforme ont été arrêtés et déportés. Avant d’être libérés. Leur crime : être venus à Bamako, le 15 mai dernier, pour procéder à la signature de l’accord de paix.
Autres victimes, autre lieu : à Ikadéwane, localité située à quelques encablures de la capitale de l’Adrar, Ajim Ag Mohamed Issa et trois de ses frères avaient été enlevés, par les « escadrons de la mort » de la CMA. Puis, détenus pendant plusieurs jours dans un lieu tenu secret, avant de se voir élargis. Ce n’est pas tout, loin s’en faut.
On peut, aussi, citer le cas de Mohamed Ag Bouher dit « Timazoudjène ». Il s’en est tiré, non sans quelques bobos. S’y ajoutent les dizaines, voire des centaines, de victimes anonymes. « Les escadrons de la mort de la CMA, à bord de plusieurs véhicules, vont de campements nomades en campements nomades pour, soit tuer les personnes supposées contre l’indépendance de « l’Azawad », soit pour les humilier, publiquement, en les flagellant, publiquement », indique un haut responsable du GATIA. Qui cite, aussi, le cas d’un vieillard de près de 72 ans, bastonné jusqu’au sang, avec ses petits- enfants, par les « escadrons de la mort » de la CMA. Il s’agirait, toujours selon nos sources, de l’oncle du général Gamou.
Il y a quelques semaines, les « escadrons de la mort » de la CMA ont exécuté un enfant de 5 ans et son tuteur, un militaire. Sans que la Minusma ait levé le petit doigt. Ou réclamé l’ouverture d’une enquête.
La Minusma désavouée par les populations du nord
Censée protéger les populations civiles, qu’a fait la Minusma pour mettre fin à ces crimes ? Rien. Ou presque. Pendant que la CMA tue et torture à tour de bras à Kidal, la Minusma feint de ne rien voir, de ne rien entendre. Face aux gémissements des victimes, la Minusma a choisi de se boucher les « orteils », pardon les oreilles. Face aux dizaines, voire aux centaines de victimes gisant dans une mare de sang, la Minuma a préféré se taire. Curieusement.
Pourtant il y a deux mois, la mort de six combattants du MNLA, à l’issue des combats qui les ont opposés aux combattants du Ganda-Koy, a été interprétée comme une « atteinte aux droits de l’Homme » par la Minusma. Laquelle avait annoncé l’ouverture d’une enquête.
Alors question : ceux qui sont tués, chaque jour, par les « escadrons de la mort » de la CMA, ne sont-ils pas des hommes ? N’ont-ils pas de droit ?
Cette politique de « deux proies, deux mesures » a fini par ternir l’image de la force onusienne au Mali, considérée à tort ou à raison comme le « bras armé » de la rébellion touareg.
« Ceux qui prennent les décisions devront tenir compte des aspirations et préoccupations de la population de Ménaka. Que des individus ne se mettent pas à la place de la²² population de Ménaka. C’est cette population qui a souffert, pendant plus de 11 mois sous le joug du MNLA et de ses alliés. Et c’est grâce à la vaillante armée de la plateforme qu’elle a retrouvé la liberté et a vu sa dignité rétablie. Pour nous, aujourd’hui, il n’est pas question de faire sortir la plateforme de Ménaka, si l’armée malienne n’est pas à Kidal, parce que la population de Ménaka n’acceptera pas des arrangements camouflés.
Quand le MNLA est venu à Ménaka, c’était avec la complicité de qui ? Mais on a fait exprès de cantonner l’armée et on a fait rentrer le MNLA à Ménaka. Nous savons comment, quand et avec quels moyens !», rappelle Bouhayna Mahmoud Baby, président de la Coalition pour la paix et la stabilité dans le cercle de Ménaka.
Traduire les leaders de la CMA devant la CPI
Dans la région de Tombouctou, les victimes de la CMA se comptent par dizaines. Selon une source municipale, trois personnes ont été exécutées, début juin, à Bintagoungou, Farach et à Tilemsi, localités situées dans le cercle de Goundam. S’y ajoute la mort d’un autre civil d’une quarantaine d’années, à une trentaine de kilomètres de Tombouctou.
Dénoncé, par les organisations de défense des Droits de l’Homme, ce carnage s’est déroulé au nez et à la barbe de la Minusma. Dont la préoccupation majeure n’est plus d’assurer la sécurité des populations civiles ; mais de faire sortir le GATIA de Ménaka pour y faire place net à la CMA.
« Au niveau de la CEDEAO, nous estimons que seules les forces de défense et de sécurité maliennes ont la légitimité de rester, d’occuper et d’assurer la sécurité au niveau de toutes les localités nationales », explique Mr Chéaka Aboudou Touré, représentant spécial de la CEDEAO au Mali.
En attendant, les autorités maliennes et les organisations internationales des Droits de l’Homme se doivent de prendre toutes les mesures idoines pour traduire les leaders de la CMA, devant les juridictions nationales et internationales, pour « crimes contre l’humanité ».
C’est à ce prix, et à ce prix seulement, que justice sera rendue aux centaines de familles endeuillées au nord du Mali. Et, du coup, préparer le terrain à une véritable réconciliation nationale.
Oumar Babi