Tout a commencé au lendemain du décès de Hadj Moussa Akhamokh, le 29 décembre 2005. Al-Kadhafi saisit cette occasion pour se rapprocher de la communauté touareg algérienne afin de la rallier à son projet du "Grand-Sahara". Pour ce faire, il dépêche une délégation à Tamanrasset.
Le début de la rébellion touareg, matérialisée par l’attaque d’une caserne de l’armée au nord du Mali, précisément à Kidal, en mai dernier n’était pas un fait isolé. L’agitation du leader libyen dans la région du Sahel ne remonte pas seulement à la célébration du Mawlid Ennabaoui, en mars dernier, lorsque le colonel Mouammar Al-Kadhafi avait appelé tous les Touareg du Mali, du Niger et d’Algérie à se regrouper au sein du "Grand-Sahara". À cette occasion, le chef de l’État libyen avait annoncé une aide financière conséquente pour la réalisation de ce projet.
En fait, tout a commencé au lendemain du décès de Hadj Moussa Akhamouk, le 29 décembre 2005. Al-Kadhafi saisit cette opportunité en vue de se rapprocher de la communauté targuie d’Algérie afin de la rallier à son idée. Pour ce faire, il dépêche une délégation pour présenter ses condoléances à la famille de l’aminokal. Selon deux proches adjoints de l’aminokal Edabir Ahmed, qui ont tenu à garder l’anonymat, le moment était opportun pour Al-Kadhafi de réussir son coup d’autant qu’un conflit familial né de la succession de Hadj Akhamokh avait éclaté au grand jour. La délégation libyenne, composée d’agents des services d’Al-Kadhafi, était en fait présente à Tamanrasset et avait donc saisi cette occasion pour accélérer la mise en exécution du projet du Grand-Sahara.
C’est ainsi que des Maliens, attirés par les offres alléchantes du maître de Tripoli, ont été approchés. Selon nos deux interlocuteurs, un député de Méneka, une tribu au nord du Mali, en l’occurrence Abbas Benja, est dépêché par un certain Mohamed Akentana, un chef de tribu targuie du Mali, qui s’est avéré par la suite le fer de lance du complot. Une première interrogation s’est posée quant à l’opportunité de la présence du député malien sachant que de vieilles rivalités ont toujours existé entre les tribus Ahaggar et Méneka. Les deux adjoints de l’aminokal, qui ont assisté à l’organisation d’un bivouac par certains chefs de tribu touareg, à 30 km de Tamanrasset, en l’honneur de la délégation libyenne, ont tôt fait de remarquer le manège des apartés.
Entre-temps, un certain Brahim Bahanga, un Malien connu à Tamanrasset, a alerté les chefs de tribu touareg algériens sur les agissements d’un certain Iyad Ag Ghali, chef rebelle malien impliqué dans l’affaire du rapt par Abderrazak El-Para des touristes occidentaux en 2002, affaire dans laquelle il avait servi d’intermédiaire entre les terroristes et les Allemands.
Bien qu’il ait été chargé d’enclencher le complot comme le voulait le leader libyen, Iyad Ag Ghali découvrira rapidement qu’il a été lâché par Tripoli qui, selon nos deux interlocuteurs, aurait été informé en dernière minute que son "homme" est le maillon faible et que, par conséquent, il ne pouvait mener à bien le projet d’Al-Kadhafi.
Dans un sursaut d’orgueil et pour montrer de quoi il était capable, il déclenche une rébellion qui s’est matérialisée par l’attaque d’une caserne au nord du Mali. Cette opération, qui devait donner lieu à un véritable mouvement d’insurrection des Targuis du Sahel, s’est soldée par un échec, puisque les grands chefs touareg s’y sont opposés. Parallèlement, les hommes d’Al-Kadhafi tentent le tout pour le tout en proposant des super cadeaux aux principaux acteurs du complot.
C’est ainsi que le leader libyen offre un 4×4 haut de gamme, une maison et 100 millions de CFA à chacun d’eux. La sonnette d’alarme est à nouveau tirée, et les sages de la région interviennent pour éviter le pire. Des missions de bons offices ont été dépêchées rapidement dans la région, et grâce au degré de conscience élevé des chefs de tribu, la manœuvre de déstabilisation a échoué. Pour preuve, la dernière tentative initiée par des proches du roi marocain Mohammed VI d’impliquer les Sahraouis se trouvant dans les pays limitrophes pour fomenter un mouvement de rébellion a connu un échec prématuré. La signature, le 4 juillet dernier, de l’accord d’Alger entre la rébellion targuie et le gouvernement malien a mis définitivement un terme à l’opération de déstabilisation entreprise par la Libye. À Tamanrasset, certaines réalisations, à l’image de l’université, ont été bien accueillies par la population.
La prise en charge des revendications sociales est un bon point à inscrire dans la stratégie du gouvernement afin d’éloigner toute tentative visant à associer la communauté touareg algérienne dans une quelconque rébellion dans le Sahel.
Source Liberté Algérie
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