Un grand pas de franchi vers le contrôle effectif de l’ensemble du territoire national par l’État malien
En annonçant hier que ses “téléspectateurs et auditeurs (..) reçoivent à nouveau depuis quelques jours nos programmes à Kidal”, l’organe d’État, l’Ortm, signe son grand retour sur l’ensemble du territoire national couvert par ses faisceaux.
Les stations de la radio et de la télévision publiques, Ortm, à Kidal, dont les locaux ont été occupés pendant plusieurs mois par des rebelles touareg, ont recommencé à émettre, hier mercredi.
C’est le 14 novembre dernier que les combattants du Mnla ont libéré, conformément aux accords préliminaires de Ouagadougou, les locaux du Gouvernorat et de l’Ortm à Kidal, des endroits qu’ils occupaient depuis l’entrée de ce groupe armé dans le sillage des soldats français, qui y ont chassé les jihadistes de Ançardine en mois de février 2103.
On se rappelle que cette libération des locaux du Gouvernorat et de l’Ortm à Kidal s’est faite dans le mélo-drame, le Mnla ayant poussé ses partisans à manifester contre sa décision de libérer lesdits locaux. Les journées du 12, 13 et 14 novembre 2013 ont vu des partisans du Mnla organiser des sit-in, des manifestations bruyantes, puis violentes pour s’opposer à ce que les deux symboles de l’État malien, le Gouvernorat et l’Ortm, retournent à l’Administration malienne.
Pis, lesdits partisans se sont employés à casser, à saccager, à brûler une partie du Gouvernorat. C’est finalement grâce à l’intermédiation de la Minusma et du chef traditionnnel des touareg de Kidal, le vieux Intallah Ag Attaher, que le Mnla et ses partisans anti-libération des locaux du Gouvernorat et de l’Ortm furent mis d’accords. Et dans l’après-midi du 14 novembre 2013 les deux symboles de l’État malien ont été libérés. Depuis, ils sont placés sous la protection de la Minusma et des forces armées maliennes.
Il faut préciser que bien avant l’occupation desdits locaux par les combattants du Mnla à partir de février 2013, l’Ortm à Kidal avait cessé d’émettre presqu’un an auparavant. En effet, lorsque les groupes armés Ançardine- Aqmi- Mujao-Mnla se sont emparés des 2/3 du territoire national malien en mars 2012, l’un des premiers actes qu’ils ont posés a été de couper ou de détruire les émetteurs de l’Ortm dans les trois régions du nord: Gao, Tombouctou et Kidal.
La reprise des émissions à partir des stations Ortm de Gao et de Tombouctou est intervenue à partir de janvier 2013, après que la contre-offensive menée par les soldats alliés français et maliens aient chassé les combattants jihadistes d’Ançardine, d’Aqmi et du Mujao des positions qu’ils occupaient dans ces deux principales villes du nord.
En annonçant hier que ses “téléspectateurs et auditeurs (..) reçoivent à nouveau depuis quelques jours nos programmes à Kidal”, l’organe d’État, l’Ortm, signe son grand retour sur l’ensemble du territoire national couvert par ses faisceaux. Même si son directeur général, M. Bally Drissa Sissoko, précise que “pour le moment, ce sont seulement les émissions (à partir) de nos studios de Bamako qui sont diffusés à Kidal et dans sa région.”
Mais cette situation est temporaire, puisque “bientôt, a indiqué M. Bally Drissa Sissoko, nous aurons comme dans les autres régions un décrochage de quelques heures par jour, pour permettre la diffusion” des émissions qui seront produites par une équipe “légère” de journalistes et de techniciens déjà dépêchée à Kidal.
Le retour de l’Ortm dans la ville rebelle est un grand pas de franchi vers le contrôle effectif de l’ensemble du territoire national par l’État malien. Car l’Ortm est le concentré de tous les médiums qui contribuent à l’édification d’une identité nationale commune et qui cimentent le sentiment fort chez tous les fils du pays d’appartenir à la même nation. Un sentiment sérieusement mis à mal par les deux dernières années de rébellion et d’occupation.
Baba SANGARÉ