Appropriation de la mise en œuvre de l’accord d’Alger par les maliens : Le nouveau combat de la CCSC-PURN d’Ag Hamani

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Ahmed Mohamed AG HAMANI

Une mission de la Coalition Citoyenne de la Société Civile pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation Nationale (CCSC-PURN) conduite par son Président, Son Excellence Ahmed Mohamed Ag Hamani, a séjourné à Ségou les 21 et 22 février 2019 dans le cadre du « Projet d’appui au renforcement de la société civile pour le suivi efficace du processus de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, et la mise en place d’observatoires : démembrements  de la Coalition Citoyenne de la Société Civile pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation Nationale (CCSC – PURN) ».

La salle de conférence du Gouvernorat de Ségou a, en effet, servi de cadre pour la tenue, les 21 et 22 février 2019, d’une rencontre regroupant les organisations de la société civile de Ségou, les partis politiques, les autorités coutumières et religieuses, les syndicats, les services techniques. L’objet de cette mission de la Coalition Citoyenne de la Société Civile pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation Nationale, en partenariat avec le Bureau du Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et la MINUSMA consiste à : Renforcer les capacités des organisations de la société civile en particulier les femmes et les jeunes, les acteurs politiques, les autorités traditionnelles, coutumières et religieuses, en vue d’une meilleure appropriation de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, ses enjeux, ses défis et sa mise en œuvre ; informer sur les orientations et principes directeurs de la Coalition Citoyenne de la Société Civile pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation Nationale (CCSC-PURN) ; mettre en place les Observatoires/démembrements de la CCSC-PURN.

Après donc les mots de bienvenue Gouverneur de la région de Ségou, et l’allocution du représentant de la MINUSMA, le Président de la CCSC-PURN, Son Excellence Ahmed Mohamed Ag Hamani, a salué les efforts des autorités nationales, régionales et locales à promouvoir la paix, la cohésion sociale et le développement au bénéfice des populations déjà durement éprouvées. Il a remercié la communauté internationale qui est à nos côtés depuis les premiers jours de ces douloureux événements du nord-Mali et qui ont rapidement contaminé le Centre, voire le reste du territoire national, avant d’observer une minute de silence à la mémoire des nombreuses victimes civiles et aux soldats des forces armées nationales et étrangères tombés sur le champ de l’honneur. Pour une meilleure compréhension de la situation sociopolitique préoccupante dans notre pays, il a commencé la conférence par un rappel de l’histoire politique du pays depuis sa naissance.

Le Mali, depuis 41 ans, vu par Ag Hamani

« A l’indépendance des Etats africains, particulièrement des Etats d’expression française, effectivement de nombreuses difficultés liées à l’organisation et au fonctionnement de l’Etat ont été observées. Dans le domaine de l’organisation de l’Etat, la forme d’Etat à emprunter a constitué une question essentielle et récurrente presque partout. Comme réponse à cette question épineuse, la plupart des Etats d’expression française ont adopté la forme unitaire décentralisée de l’Etat. Cependant, la question reste toujours d’actualité, au regard notamment de l’importance et de la vivacité des mouvements indépendantistes et des multiples revendications irrédentistes en Afrique. La question est même devenue plus pressante et alambiquée avec le développement exacerbé du communautarisme axé sur un terroir donné, mettant ainsi en danger l’Unité de la nation. S’agissant du fonctionnement de l’Etat, celui-ci a constamment été handicapé à son tour par la question douloureuse de la bonne gouvernance qui ne trouve toujours pas son chemin. La  mauvaise gouvernance s’est traduite souvent par l’utilisation irrationnelle des maigres ressources de l’Etat, par des gabegies, par la corruption,  par l’ignorance momentanée des droits de l’homme, par l’absence de démocratie et de l’Etat de droit.

Au Mali, à partir de 1990, la démocratie pluraliste instaurée sur fonds de crises politiques graves n’a pas fonctionné dans l’esprit et la forme des valeurs qui fondent la société malienne. Ces mutations brusques ont alors provoqué gravement la fracture sociale du fait des pratiques faites des règles et des principes démocratiques. Au lieu de consolider l’unité nationale, la paix et la cohésion sociale, au lieu de commencer par la réconciliation de la société avec elle-même, les décisions politiques pour la mise en œuvre de la démocratie pluraliste ont favorisé l’individualisme, entrainé le recul de la solidarité, anéanti le dialogue et la concertation nationale devant les questions d’intérêt national. Au nom du principe de la loi de la majorité, des groupes politiques coalisés ont continué d’appliquer unilatéralement des politiques publiques cancéreuses qui ont précipité le pays dans un chaos profond dans lequel notre pays est présentement plongé… Depuis quarante un An presque, ces maux continuent d’affecter gravement le pays dans son organisation et dans son fonctionnement, sans qu’on y trouve véritablement de solutions adaptées et définitives.

Aujourd’hui encore, notre pays, comme les autres Etats Africains, est confronté à ces mêmes questions relatives à l’organisation et au fonctionnement de l’Etat. Pour certains nationaux, il est nécessaire de créer encore plus de conditions pour la participation des citoyens à la gestion publique. Pour d’autres, la gouvernance doit évoluer davantage dans l’intérêt de tous les citoyens. Ce qui parait compatible avec la vraie démocratie ».

Pour l’ancien Premier ministre, le Mali à l’instar de chacun des Etats africains, tente, à sa façon, d’imaginer des remèdes pour assurer sa stabilité et son développement. Mais un constat général, il ressort, en effet, que tous les Etats commencent par la consolidation de la paix et de la cohésion sociale. Car cette exigence de paix et de cohésion sociale demeure bien au fondement de tout développement. Pour lui, les grandes démocraties ont vite compris que la division et la sécheresse des esprits sont véritablement les deux causes majeures des malheurs des peuples et des Etats. Aussi, pour sortir notre pays qui, comme les autres Etats africains, tente depuis son indépendance de sortir de ces problématiques liées à son organisation et à son fonctionnement souvent perturbés par des mouvements internes quelques fois violents, de cette situation difficile, Ag Hamani pense qu’il est nécessaire d’intégrer la dimension historique dans la recherche de solution au problème posé. D’où l’objet de la présente mission de la Coalition Citoyenne de la Société Civile pour la Paix, l’Unité et la Réconciliation Nationale, en partenariat avec le Bureau du Haut Représentant du Président de la République pour la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger et la MINUSMA !

S’agissant du renforcement des capacités en vue de l’appropriation de l’Accord pour la Paix, il est indispensable, selon la CCSC-PURN, d’expliquer son contenu et faire comprendre l’urgence de sa mise en œuvre, au regard notamment de la dégradation avancée des relations entre les communautés et de l’insécurité grandissante au nord et au centre du pays. L’accord connait certes des insuffisances et des lacunes, reconnait Ahmed Mohamed Ag Hamani, mais il est potentiellement solide pour atteindre ses buts. Il suffit juste, selon lui, d’œuvrer à lever les écueils qui entravent sa mise œuvre, lesquels sont dus à la méconnaissance du contenu de l’Accord. Et dans ce registre, il y a la contrariété de l’accord sur certains points avec la loi fondamentale de notre pays (la correction de ces contrariétés est bien au fondement des réformes constitutionnelles envisagées présentement par le Gouvernement) ; le déficit aussi de l’appropriation de l’accord par les citoyens et la méconnaissance de ses enjeux ; les impacts de sa mise en œuvre sur l’Etat dans sa forme et dans son fonctionnement ; le manque de confiance, souvent constaté entre les parties signataires et la faiblesse de la communication relative à l’Accord qui renforcent les obstacles à sa mise en œuvre et ce dans un climat politique, sécuritaire et social délétère.

Or, pour la CCSC-PURN, l’appropriation de l’accord par les citoyens et le peuple est une dynamique fiable qui favorise sa mise en œuvre, et constitue même une condition sine qua non de son effectivité. Aussi, pour Ag Hamani, malgré toutes les faiblesses à l’encontre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger, force est de lui reconnaitre des qualités de nature rigide. En effet, selon lui, c’est l’Accord qui a consacré le cessez – le – feu avec les groupes armés indépendantistes.

L’Accord, dans son préambule, reconnait et réaffirme l’unité nationale, l’intégrité territoriale, la souveraineté de l’Etat ainsi que de sa forme républicaine et son caractère laïc ; il garantit le caractère indivisible et la bonne gouvernance ; il garantit également l’accompagnement de la communauté internationale pour la stabilisation et le développement du Mali… « La combinaison de l’esprit et de la lettre de l’Accord dans le cadre d’un dialogue franc et direct peut bien conduire le Mali à sortir grandi, uni et fort de cette crise qui a failli l’emporter dans son intégrité. Du moment où un accord pour la paix et la réconciliation a été trouvé, ce qui parait primordial et essentiel, c’est sa mise en œuvre intelligente et pragmatique qui importe désormais », fera-t-il savoir. D’où l’engagement de la CCSC-PURN à déployer ses tentacules dans toutes les régions du Mali, des démembrements qui vont constituer  d’observatoires citoyens de veille et de suivi de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, issu du processus d’Alger au niveau des régions.

Après donc Ségou, la mission conduite par Ag Hamani a mis le cap sur Mopti ! Pour les autres régions, le chronogramme se décline ainsi : Kidal du 05 au 06 mars, Ménaka du 12 au 13 mars, Taoudéni du 19 au 20 mars, Tombouctou du 20 au 21 mars, Gao du 26 au 27 mars.

Rassemblés par A.K

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2 COMMENTAIRES

  1. M. Ag Hamani j’ai beaucoup de respect pour vous, pour votre sagesse et expérience politique, mais là vous me décevez car vous savez très bien que ces accords sont anachroniques avec la constitution. Ils ne peuvent être mis en oeuvre sans une révision de la constitution, or ils créent de facto un autre Etat dans le Mali. Il n’y a rien à expliquer aux maliens, ces accords ne sont pas bons pour le Mali et ne seront pas appliqués car il n’y aura de révision constitutionnelle dans ce sens! Le problème du Mali c’est la france et ses forces étrangères qu’elle a amené dans son sillage (minusma, G5, barkhane, etc.). Nous sommes capables de vivre ensemble car nous sommes liés par les liens de sang (mariage).

  2. Si l’etat nexiste pas les populations vont se gerer, chez les tamacheks c’est le marabout ou cadi qui joue le role ds ses communautes tte l’administration malienne le save ,

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