La maison de la presse a abrité une conférence de presse animée par les cadres et leaders des Kel Tamasheq pour l’unité nationale du Mali. C’est l’ancien premier ministre, Ahmed Mohamed Ag Hamani qui était le principal conférencier. Connu pour le franc-parler , Ag Hamani a préconisé la signature rapide d’un accord de défense avec la France pour permettre à notre pays de se prémunir contre toute incursion narcojihadiste. Mécontent du comportement des groupes armés qu’il considère comme des milices, il a indiqué que ces derniers ne représentent nullement les populations du nord du pays.
L’ancien premier ministre a dénoncé au cours de cette rencontre le fait que des drapeaux du MNLA continuent de flotter dans certaines localités du septentrion malien. Pour lui, le ” MNLA est le premier terroriste “. Ag Hamani estime que la problématique du terrorisme nécessite un effort régional et même international tout en appelant les pays du champ à jouer franc-jeu. C’est ainsi qu’il a proposé la signature rapide d’un accord de défense avec la France estimant que plus on attend plus la situation s’empire.
Selon l’ancien premier ministre, ” tout ce qui nous arrive est de notre faute, nous n’assumons pas nos responsabilités “. Raison pour laquelle il a critiqué le système démocratique actuel déplorant la pléthore de formations politiques. Poussant plus loin sa réflexion, Ag Hamani a dénoncé l’accord de Ouaga, car convaincu que les mêmes erreurs produisent les mêmes effets. Pour lui, le dialogue doit avoir lieu avec toutes les composantes du pays.
L’ancien premier ministre considère que les groupes armés ne sont que des milices qui luttent pour obtenir des avantages de l’Etat dénonçant la complicité qu’ils nouent avec ceux qui sont considérés comme des leaders communautaires. Il a précisé qu’il ne peut y avoir deux armées dans un même pays. S’agissant du DDR, il a proposé de faire un cantonnement bien tamisé pour ne pas laisser des étrangers s’infiltrer dans les rangs des Maliens.
Dans un document en trois points , l’ancien premier ministre a au nom des leaders et cadres des Kel Tamasheq pour l’unité nationale, fait des propositions de sortie de crise. Le premier axe est notamment relatif au rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national. Sur ce point, le conférencier a proposé l’accélération du processus de régionalisation qui pourrait contribuer à faciliter le contrôle et la sécurité des frontières. Il a aussi appelé l’Etat à consentir des efforts pour développer le pays en particulier le septentrion qui fait face à de nombreux défis.
Le second point de ce document concerne l’engagement des réformes en profondeur pour améliorer la gouvernance. Pour lui, ” la refondation de tout le système est le passage obligé vers le retour à la normalité durable au Mali. Le dernier axe de ce document est relatif à la communication, la sensibilisation et l’éducation. Sur ce point, il a appelé les médias en particulier à faire preuve de retenue et de responsabilité dans les informations qu’ils véhiculent les invitant à informer juste et vrai. Pour cela, il a cité l’exemple des pays comme le Rwanda, le Libéria et la Siérra Léone où les médias ont joué un rôle de déstabilisateur.
C’est ainsi qu’il a appelé les hommes de média à ne véhiculer que des informations pouvant servir la cohésion sociale, l’intégrité territoriale et une parfaite cohabitation entre les différents segments de la société. Il a insisté sur la nécessité pour les pouvoirs publics de voir comment contenir les velléités de certains médias qui entretiennent ” les démons de la division “.
A cet effet, il estime qu’il est indispensable de doter le pays d’une ” véritable politique de communication disposant d’un Plan de communication national comme outil de mise en œuvre de cette politique “. Telles sont les propositions faites par la plateforme des cadres et leaders Kel Tamasheq pour sortir le pays de la rébellion cyclique qu’il connait depuis l’indépendance. Reste à savoir si les autorités accepteront de les prendre en compte.
Massiré Diop