Plus d’un observateur de la crise malienne s’étonnait du fait que ni le gouvernement malien ni la mission onusienne ne s’est prononcé suite à l’entrée plus ou moins contestée du Gatia à Kidal, il y a quelques jours. Eh bien, Mahamat Saleh Annadif, patron de la Minusma, a justifié l’accord entre les deux coordinations de mouvements armés pour la gestion de la cité de l’Adrar des Ifoghas.
Au cours d’une entrevue qu’il a accordée à nos confrères de Mikado FM, M. Annadif a donné les raisons du silence de sa boîte suite au débarquement du Groupe d’autodéfense dans la ville de Kidal, situation qui avait provoqué une vive tension. Si l’on croit le responsable onusien, le mandat de la Minusma veut que celle-ci encourage les arrangements locaux tendant à faciliter la mise en œuvre de l’Accord issu du processus d’Alger. «Nous avons encouragé la CMA et la Plateforme. Nous avons salué l’arrangement interne qu’ils ont trouvé, tout en attirant leur attention sur le fait que tout ce qui touche à l’accord d’Alger doit plutôt être renforcé, pas affaibli. Donc les arrangements locaux, nous sommes d’accord, mais il ne faudrait pas qu’ils touchent aux prérogatives de la communauté internationale dont la mission principale est la mise en œuvre de l’accord issu du processus d’Alger. Nous nous réjouissons que dans le communiqué final, les mouvements aient d’abord mis en exergue le fait qu’ils s’en tiennent à l’accord d’Alger», explique le chef de la Minusma, non moins représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies au Mali. Toutefois, Mahamat Saleh Annadif précise que l’Accord pour la paix et la réconciliation signé les 15 mai et 20 juin 2015 prime sur tout arrangement local. L’accord intervenu entre la Plateforme et la CMA est d’autant plus salutaire aux yeux du diplomate onusien que celui-ci a permis, dit-il, d’apaiser les tensions suscitées par l’arrivée des combattants de la Plateforme dans la ville qui était tenue exclusivement par la CMA depuis les événements de mai 2014. Quoi qu’il en soit, le nouveau chef de la mission onusienne au Mali s’est montré optimiste. ”Je ne suis pas naïf, je dois être prudent. Mais jusqu’à présent, les signaux qui me parviennent me disent qu’il y a des prédispositions pour nous permettre d’aller de l’avant”, a-t-il espéré.
Bakary SOGODOGO