[Analyse] Mali: les terroristes toujours actifs dans le nord du pays

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Nord du Mali: huit à dix personnes tuées dans de nouvelles violences
Des véhicules de la Minusma sécurisent l'aéroport de Kidal, dans le nord du Mali. © RFI / David Baché

Alors que les tensions se sont focalisées ces derniers temps sur les régions du centre du Mali, du Liptako Gourma, et au-delà au Burkina Faso, l’attentat de dimanche à Aguelhok est venu rappeler que les groupes armés terroristes y sont toujours actifs, en dépit des coups qui leur sont régulièrement portés par la force Barkhane. L’attaque du camp de la Minusma dans cette localité située entre Kidal et Tessalit, souligne aussi le bon niveau de préparation de certaines cellules terroristes, en mesure de varier leur mode d’action pour conduire des attaques coordonnées meurtrières.

Ce n’est pas la première fois que le contingent tchadien est visé dans le nord du Mali. Régulièrement, lors de déplacements, les éléments de la Minusma sont confrontés à la menace des mines et des engins artisanaux. En juin 2014, ce même camp avait essuyé une attaque dite « complexe » avec l’utilisation d’un véhicule piégé (VBIED), un véhicule-suicide qui avait tenté de forcer l’entrée du camp. Par la suite, le contingent a fait aussi l’objet de tirs indirects, tirs de roquettes ou de mortiers, à la précision « variable ».

Ce dimanche, on a semble-t-il assisté à une tentative visant à submerger les défenses de la base. Les terroristes ont attaqué à bord de pick-up et de motos, ils ont frappé avant de se retirer dans différentes directions. « Ça rassemble à la technique du rezzou », note un militaire français. Un mode d’action qui s’apparente aussi à la technique « Hit-and-run » (frapper et courir), employée avec un certain succès par l’Organisation de l’Etat islamique (ISIS) au Moyen-Orient surtout au début du conflit syrien. Comme le souligne l’ONU, les soldats de la Minusma ont réussi à tenir et ont répliqué de manière « robuste », selon le terme de leur communiqué. Selon RFI, trois assaillants ont été tués et un capturé. Si le bilan est lourd côté tchadien, le camp d’Aguelhok n’est pas tombé.

Les terroristes changent-ils de tactique ?

Le 14 avril 2018, à Tombouctou, les groupes armés avaient tenté de « passer en force ». Après une tentative de diversion et des tirs de mortiers, trois véhicules bourrés d’explosifs, et soigneusement maquillés aux couleurs de l’ONU et des Fama (Forces armées maliennes) avaient été employés ainsi que plusieurs kamikazes.

La tactique était d’utiliser des moyens lourds (plusieurs centaines de kilos d’explosifs) pour effectuer une brèche dans les fortifications du camp afin d’y laisser pénétrer des kamikazes. Les combats et la fouille qui s’en est suivi avaient duré de longues heures. « L’attaque de Tombouctou aussi spectaculaire soit-elle, »peut être considérée comme un échec », note-t-on à Paris.

Si l’entrée de la base avait été dévastée par l’explosion d’un véhicule-suicide, l’arrivée rapide de renforts avait permis de stopper l’avancée des jihadistes. Même si le nombre exact de terroristes impliqués dans cette action n’a pas été établi précisément, une quinzaine d’assaillants avaient été tués, ce qui représente déjà un groupe important. Dans les rangs des forces internationales, sept soldats français (dont le camp jouxte la base de l’ONU) avaient été blessés et un casque bleu burkinabé tué.

En revanche, « l’attaque complexe » que vient de connaître l’ONU à Aguelhok a été très meurtrière : 10 morts et au moins 25 blessés dans les rangs des casques bleus. Les terroristes ont su tirer profit de leur mobilité, ce qui veut dire que la katiba impliquée alignait des éléments certainement mieux formés et plus disciplinés et pas seulement des candidats au suicide. L’absence de Barkhane à proximité immédiate leur a peut-être facilité la tâche, mais la Minusma a toutefois fait décoller ses hélicoptères arrivés en renforts.

Dans un premier temps revendiquée par al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), via l’agence de presse mauritanienne al-Akhbar citée par l’AFP, l’attaque serait, selon une source sécurité régionale, attribuable à Ansar Dine, qui fait partie du groupe GSIM, à la tête duquel se trouve un certain Iyad Ag Ghaly.

Par rfi.fr

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