Alger II : L’heure de vérité entre les groupes armés et le pouvoir de Bamako

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L’ouverture de la rencontre

Jamais, les discussions entre frères  Maliens n’ont suscité autant d’attention. L’opinion nationale et la communauté internationale, toutes suivent le dossier comme du lait sur le feu. Tout comme au 1er round des discussions, cette phase finale réunira à nouveau les deux parties (Gouvernement et Mouvements armés) et les facilitateurs algériens et de la Communauté internationale à la table de négociation à Alger, dans la capitale algérienne. Les groupes armés se proposent d’apporter sous leurs aisselles une plateforme commune qui sera scrutée à la loupe par les représentants de Bamako et la médiation Algérienne.

 

Dans tous les cas, ce 1er septembre marquera un tournant dans la crise qui, depuis plus de trois décennies, a secoué le nord du Mali. Pour la 1ère fois, plusieurs acteurs sont présents pour être témoins des discussions et des accords qui seront signés par les deux parties. Lors des soulèvements précédents, la crise a été gérée à la nationale à travers la politique du bâton et de la carotte. La première rébellion qui a éclaté en 1963 sous le régime du président Modibo Keita a été noyée dans le sang, son leader Allader sera capturé au cours de la bataille décisive qui aura lieu entre les troupes gouvernementales et les rebelles entre Tinzawaten et Menaka. S’y ajoute la seconde rébellion qui éclate sous l’égide des revenants de Libye qui avaient combattu au sein de la légion verte au Tchad. Elle prendra fin par un pacte national et l’intégration des combattants dans les différentes structures de l’Etat. Pour la mise en œuvre de ce pacte le gouvernement de Bamako s’était assuré de l’appui de certaines grandes familles notables et maraboutiques comme la famille Intallah à Kidal pour maintenir un certain équilibre politique et économique. Ce qui a permis de maintenir un semblant de calme avec l’aide de l’ex-guide de la grande Jamariya Arabe Libyenne, Mohammar Kadafi. Après la chute de ce dernier, ses alliés touaregs vont fonder le MNLA avec l’aide de certains conservateurs européens pour ouvrir les hostilités contre l’Autorité de Bamako, la boite à pandore ainsi ouverte profita plus aux djihadistes qu’au MNLA. Après la conquête des régions, les alliés djihadistes se sont passés des consignes du MNLA pour soumettre les populations à la pratique de la Charia dans les régions de Tombouctou et Gao. Seule Kidal a échappé à cette folie religieuse.

Il a fallu l’intervention énergique et décisive de l’opération « Serval » pour bouter les obscurantistes hors de nos territoires. Les casques bleus de l’ONU, sous l’appellation de MINUSMA assurent depuis les arrières avec leurs frères d’armes des Forces armées maliennes (FAMa). Et sous la pression de la communauté internationale, le gouvernement de transition et les rebelles se sont retrouvés à Ouagadougou pour planter le décor des pourparlers dits inclusifs directs au terme d’un pré-accord, appelé Accord de Ouagadougou, signé le 18 juin 2013. Jusqu’aux événements du 18 et 21 mai 2014, les protagonistes ne s’accordaient pas sur les conditions de mise en œuvre des conclusions de ce protocole d’accord. Bamako ne voulait pas négocier avec des hommes en armes et les mouvements armés (MNLA et HCUA) soutenus pas la France, rechignaient à déposer les armes comme exigé par les nouvelles autorités. Ce qui devrait arriver arriva. Bamako a voulu mettre à profit des événements qui ont perturbé la visite du Premier ministre, Moussa Mara, à Kidal qui a entraîné l’assassinat froid de huit préfets de la région pour passer en force. La bataille du 21 mai opposant les FAMa et les Mouvements armés qui a tourné à l’avantage des derniers, qui ont bénéficié de coup de main a finalement convaincu Bamako, à renouer le fil du dialogue. Car, la solution militaire ayant montré ses limites. Les autorités maliennes ont jeté leur dévolu sur la capitale algérienne pour conduire le processus du dialogue, qui se veut inclusif.

La particularité de cette nouvelle discussion, c’est qu’elle est parrainée par l’ONU, l’UE, la CEDEAO, les pays du champ : d’abord l’Algérie, le Niger, la Mauritanie et le Burkina Faso. Plus le Maroc et le Tchad. Ces pourparlers inclusifs directs ambitionnent de créer les conditions pour les frères Maliens de se tenir un langage de vérité qui avait manqué jusqu’ici. Le syndrome Malien les préoccupe. L’implication de ces pays n’est point une partie de plaisir. Car une solution à la crise malienne sera un gage de stabilité pour eux au moment où le djihadisme gagne de nouveau territoire, comme le Boko Haram au Nigeria, qui a conquis plusieurs villes dans le nord du pays. Timidement, il se porte sur l’autre rive des frontières, notamment au Cameroun.

Les groupes armés ont été contrains par la communauté internationale de présenter une plateforme commune. Ce qui a été fait à Ouagadougou. Cette plateforme exclut d’office toute velléité sécessionniste. Ce qui est déjà une bouffée d’oxygène pour les autorités maliennes. Les discussions se focaliseront fondamentalement sur les formes de gouvernance qu’il faut pour le nord, le statut des régions du nord, les questions de développement. Mais ce qui est sûr et certain, c’est que  rien ne sera plus comme avant. Avant,  l’argent passait par des structures sous la houlette de certains leaders du nord qui utilisaient les sous à leur guise. La réussite de cette phase finale des pourparlers inter-maliens ne fait l’ombre d’aucun doute car, c’est la condition sine qua none pour que les partenaires ouvrent les vannes et accompagnent le processus.

La communauté internationale est pressée, elle veut enfin savoir qui est djihadistes, qui est groupes armés. Une fois ce tri effectué, elle pourra à volonté combattre le terrorisme qui s’est enraciné dans le sahel. Une seule certitude : une fois l’accord paraphé, les récalcitrants devront rendre des comptes. Cette crise du nord qui a atteint son paroxysme avec les combats de Kidal permettra aussi au sud de souffler car, les difficultés avec les bailleurs qui financent les infrastructures de base ont beaucoup affecté une économie déjà exsangue par le putsch du 22 mars 2012. Nombreuses sont les entreprises qui ont déjà subi de plein fouet cette crise entrainant au passage le chômage des jeunes. Aussi les travaux de la route Goumakoura-  Tombouctou pourront reprendre. Le barrage de Taoussa un rêve lointain verra le jour. La route Tombouctou-Gao qui passera par Kidal pour rejoindre Tamarasset en Algérie deviendra réalité. Aussi, avec ces infrastructures, le nord pourra connaitre un peuplement digne de ce nom car la nature à horaire du vide. Ces infrastructures associées à l’exploitation des gisements de gaz et de pétrole de Tombouctou, l’uranium de Kidal, les phosphates du Tilemsi emploieront les jeunes qui seront désormais à l’abri de l’intégrisme religieux. Faut-il le rappeler, le document de cette phase finale des pourparlers sera paraphé à Bamako pour des questions de souveraineté et donnera lieu à une cérémonie solennelle.

Badou S. Koba      

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1 commentaire

  1. “Alger II : L’heure de vérité entre les groupes armés et le pouvoir de Bamako”

    Y a un pouvoir à Bamako? 😯 😯 😯 😯 😯 😯

    Ces journalistes, ils ont de ces titres fantaisistes!

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