Alerte à Tombouctou

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Tombouctou est peut-être pour beaucoup de jeunes français un nom exotique qui ne dit pas grand chose. Pas plus que celui de René Caillié qui en 1830, après cinq ans d’errances, à pied et en dromadaires à travers le Sah’ra, la Cote d’ivoire, entra, déguisé en mendiant et lettré musulman dans la ville interdite de Tombouctou, célèbre pour ses mosquées et ses méderses.

Il n’y trouva que ruines car la belle ville , nœud névralgique des commerces que Ibn Battuta avait chanté, et qui compta plus de vingt milles étudiants sous Sonni Ali Ber n’en comptait plus déjà que quelques milliers. Ses 333 mosquées menaçaient ruine. Car l’axe des commerces n’empruntait plus le désert mais la mer et les seules caravanes qui demeuraient et demeurent encore sont celles qui conduisent au trou Natron ou à Taoundi pour en ramener le sel au cours d’un voyage qui reste celui de l’initiation. Six semaines avec ses seuls parents avec ses seuls chameaux dans l’immensité des dunes blondes et nues.

Devenue française, sous-préfecture, humble commune d’un pays appelé Soudan puis à l’indépendance Mali, Tombouctou au prestigieux passé fut sauvée de la ruine grâce à l’Unesco et à la mobilisation internationale – où la France n’occupa nullement la première place et j’en fus cruellement affecté- dont l’Afrique du Sud qui finança, qu’elle soit bénie- l’Institut des Hautes Études de Recherches Islamiques- IHERI Ahmed Baba du nom du lettré qui consacra sa vie à la récupération et au sauvetage des dit-on deux cent mille manuscrits dont beaucoup de 15ème siècle. Un trésor, réparti et caché, dit-on, parmi les grandes familles de la ville, familles qui payaient tribut aux touaregs qui étaient censés les protéger.

Aujourd’hui une partie des touaregs associés aux arabes de l’AQMI, sont les maître  de Tombouctou. Leur ville. La ville dont ils furent les rois, les maîtres ; La Ville qu’ils construisirent à leur image . Tin-BukTu –au 12ème siècle – Le puits d’une femme nommée Biktu en l’honneur de laquelle on éleva les premiers contreforts les premiers murs, puis c’est  une femme encore qui  fit construire , au 15ème siécle, la première mosquée, celle de Sankoré, puis la première méderse qui devint la première université d’étude islamique du monde. Belle est la ville rouge, la ville blonde , belles les mosquées de terres lissées, les charpentes de roniers, . .Belle était la ville aux 333 mosquées et aux femmes libres, aux deux cents milles manuscrits, où seuls les hommes déambulent voilés.

Un vent de folie vient de souffler sur une partie des touaregs qui reniant leur passé, leurs traditions leur sang, s ‘est allié aux pires extrémistes incultes de l’AQMI . Les mosquées brûlent à Tombouctou. Ce sont leurs mosquées.On brule ces manuscrits où des lettrés musulmans il y a plusieurs siècles dans des haddiths commentaient la pensée du prophète comme Saint Augustin le fit, en Europe, pour la pensée du prophète Christ. Parce que cela ne serait pas conforme à leur Islam. Comme si il n’y avait qu’un Islam dont ces incultes seraient la voix.

On brûle Tombouctou et avec Tombouctou – comme il n’y a pas si longtemps les talibans faisant exploser le statues de Bouddha- ce que l’Homme aura produit de plus vivant, la pensée, la réflexion, le respect, l’architecture au nom de leurs seules armes, au nom de notre seule peur,  au nom de nos seuls intérêts financiers et industriels.

 

mediapart.fr

07 Mai 2012

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1 commentaire

  1. SANOGO n’est-il pas un Dadis CAMARA à la malienne ?
    L’armée malienne n’y peut RIEN, absolument RIEN. L’armée, pour démonter son incapacité, s’est livrée à une guerre HONTEUSE du jamais vu dans l’histoire du monde. Quelle bassesse !! Sanogo n’est-il pas un Dadis Camara à la malienne ? Beaucoup de bruit pour rien. Que c’est triste pour le Mali de Soundjata, Babemba, Askia Mohamed, Firoune etc. Le patriotisme, l’intérêt supérieur de la nation,… appartient au siècle dernier. Si ATT a détruit le Mali par sa mauvaise gestion, son laxisme… ; Sanogo le fera par son orgueil. Si la Cédéao a fait marche arrière sur des décisions qu’elle avait prises à Abidjan qu’est ce qui empêche Sanogo a montré sa bonne volonté (s’il en a) en acceptant un (1) an de transition voire moins ? Il est écrit quelque part que « l’orgueil précède la chute ».

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