… Akli Iknan Ag Souleymane ex – combattant touareg : Nous déplorons ce qui s'était passé, aujourd'hui, on ne parle plus de conflit, encore moins d'accrochage, de mort d'homme ou de vol

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Akly Iknan est un ex – combattant touareg meneur d’hommes et auteur de multiples attaques dans la région de Gao et plus précisément dans le cercle d’Ansongo. L’une des récentes attaques à laquelle il avait pris part, remonte à mars 2008, dans la ville d’Ansongo, quand du matériel militaire avait été enlevé, sans faire de perte en vies humaines. L’on se rappelle aussi qu’en août 2009, il était cité dans des attaques de localités situées dans la commune de Watagouna. Autre temps, autre méthode ! Aujourd’hui, Akly Iknan ne se retrouve plus dans ces exactions qu’on semble lui prêter et se bat pour l’instauration d’une paix définitive et durable dans la région. C’est en ce sens qu’il était à la cérémonie de flamme de la paix de Fafa, en marge de laquelle il  nous a accordé un entretien exclusif.

L’Indépendant : Quels sont les sentiments qui vous animent à l’idée d’une paix retrouvée par votre communauté ?

Akli Iknan : Aujourd’hui, nous vivons un moment très particulier à Tessit. Ce qui m’anime va au delà d’une simple impression. C’est une évidence et cela se voit à travers la forte mobilisation que vous constatez. La présence du gouverneur de la région de Gao et du Consul de la Libye marque un tournant pour nous, habitants de Tessit. Surtout quand il s’agit de parler de la paix, la cérémonie n’est pas de trop pour nous. Aujourd’hui, le dénominateur commun, c’est la paix. Tout le monde en parle et veut aller dans cette direction. Et les gens d’ici ont accueilli le retour de la paix avec la plus grande joie, même si l’on sait que la cohésion sociale et la stabilité ne sont pas de mise dans toute la région de Gao en général et dans le cercle d’Ansongo en particulier.  Mieux, la rencontre de Fafa, rehaussée par le retour de nos frères de Ganda Iso, est porteuse d’espoir et nous fait chaud au cœur. C’est en effet le retour de tout ce que nous avions perdu pendant quelques années, à savoir la confiance entre les communautés vivant de part et d’autre de la vallée du Koukia. Il n’y a pas très longtemps, le cercle d’Ansongo vivait dans un chaos total, dans une véritable anarchie. Depuis déjà quelques jours, nous voyons patrouiller un dispositif impressionnant des forces armées et de sécurité. Cette situation nous rassure pour l’avenir.

L‘Indép : Qu’est -ce qui vous avait amenés, vous et certains de vos proches, à vous soulever et prendre des armes ?

A.I : Ecoutez, je ne voudrais pas revenir sur ça. C’est une longue histoire. Nous déplorons ce qui s’était passé, même s’il reste entendu que cela n’était pas de notre intention. Aujourd’hui, on ne parle plus de conflit, encore moins d’accrochage, de mort d’homme ou de vol. Nous sommes là dans un cadre purement social, à savoir célébrer la paix retrouvée. C’est ce qui importe le plus.

L’Indép : Mais, vous avez eu à prendre les armes à un moment donné, que vouliez-vous réellement défendre pour en arriver à ce point ?

A.I: Il est vrai que les populations s’affrontaient entre elles. Ce n’était pas pour une rébellion. En tout cas, en ce qui me concerne, je ne suis ni de près, ni de loin mêlé à cette histoire. Je suis quelqu’un qui cherche à ramener la paix. Ce sont les communautés qui se sont défendues et qui avaient voulu se faire justice entre elles. Mais tout ça est derrière nous à présent. C’est pourquoi, la logique était  que l’on puisse déposer les armes à Fafa et qu’ailleurs, c’est-à-dire, chez les autres communautés, l’on puisse en faire autant.

L’Indép : La Libye vous apporte une aide substantielle en insérant les jeunes dans des activités socioprofessionnelles.  ATT vous a aussi fait une promesse et l’a honorée. La Libye, à travers Kadhafi, en a fait autant. N’est ce pas une garantie pour une paix durable dans la localité?

A.I: Nous sommes très contents que la Grande Jamahiriya arabe libyenne et l’Etat malien aient pu respecter leurs engagements. Et tous les jeunes qui avaient pris les armes depuis 2007 sont aussi contents que la promesse ait été tenue. Tous ceux qui ont répondu à l’appel de notre président, Amadou Toumani Touré, appuyé par Mouammar Kadhafi, sont maintenant rassurés. Non seulement, il y a la paix, mais les jeunes seront bien utiles à quelque chose, puisqu’ils auront désormais de quoi s’occuper. Sans les deux présidents, nous n’aurions pu atteindre ce résultat. En conséquence, nous de Tessit, allons tout faire pour que la stabilité règne dans le cercle d’Ansongo. La paix n’est pas seulement pour les habitants de Tessit, elle est pour tout le Mali. Nous appelons les autres à nous emboiter le pas pour que la paix soit définitive et générale dans tout le Mali.

Abdoulaye DIARRA

Envoyé spécial

 

Dans les localités de Tidjalalen et Tessit dans la région de Gao:

300 ex-combattants touaregs reconvertis  en acteurs de développement

Des ex -combattants et non moins anciens compagnons d’Ibrahim Ag Bahanga, pour la plupart, ont volontairement quitté le maquis depuis 2009, tournant ainsi le dos définitivement à tout acte de banditisme. Ils viennent de recevoir les fruits de leur engagement pour la paix car les ex- combattants touaregs issus des deux communautés (Idnanes de Tidjalalen  et Imgades de Tessit)  viennent de recevoir de la Libye la somme de 240 millions de FCFA, pour financer leurs activités socio économiques dans le cadre de leur démobilisation.

Le pactole de 240 millions de francs CFA que la Libye a mis à la disposition de 300 anciens combattants revenus définitivement du maquis avec armes, bagages et intentions belliqueuses, est réparti comme suit : 120 millions FCFA pour les 150 anciens combattants de la communauté des Idnanes et 120 millions pour les 150 éléments issus des Imgades.

 Etape de Tidjalalène. Le village de Tidjalalène  chez les Idnanes, situé à une cinquantaine de kms de Gao, a  servi de première étape à la remise d’aide  aux anciens combattants touaregs qui ont volontairement accepté de s’inscrire dans le processus de paix amorcé par le gouvernement de la République du Mali, aidé en cela par l’Etat libyen.

Le gouverneur de la région de Gao, le Colonel Kalifa Kéita, conduisait en ce samedi 31 juillet 2010 la forte délégation, composée du consul de la Libye Moussa De Koni, du secrétaire général du Consulat Mohamed Abdoul Karim et Mohamed Ibrahim fonctionnaire à l’ambassade de la Libye au Mali. S’y ajoutent Eglass AG Ouffen, chargé de mission à la présidence de la République, l’honorable Mohamed Ibrahim député de Tessalit et des responsables militaires de la région de Gao.

Les 150 combattants sont sortis pour réserver un accueil des grands jours à la délégation officielle. La tribune, aménagée à cet effet, était ornée de photos-posters  des présidents ATT et Mouammar Kadhafi.

L’honorable député Mohamed Ibrahim, dans son mot de bienvenue, a insisté sur le respect des engagements, à savoir aider les ex-combattants à réussir leur reconversion sociale, une fois les armes déposées. L’émissaire du chef de l’Etat, Eglass Ag Ouffen, notera que l’argent ne sera pas donné à une seule personne, mais à un groupe d’au moins deux personnes, ayant monté des projets pour assurer leur insertion. Un suivi, nous a-t-il fait savoir, se fera pour voir l’évolution des nouvelles activités.  Le Consul Moussa De Koni saluera les actions du Guide de la révolution libyenne en faveur de la paix. Il a en outre salué le pacifisme d’Amadou Toumani Touré et l’engagement des ex-combattants à faire confiance aux deux chefs d’Etat panafricanistes. " L’aide que nous vous apportons, vous permettra de monter des projets de développement pour devenir commerçants, éleveurs ou agriculteurs ", a précisé le consul de la Libye.

Même son de cloche pour le gouverneur de la région de Gao. En effet, le colonel Kalifa Kéita dira à l’intention des combattants, que le gouvernement a répondu à une de leurs recommandations, à travers la Libye, en les appuyant dans le développement social. Il ajoutera que la balle est désormais dans leur camp et qu’aucun débordement ne sera toléré.

Etape de Tessit : Le lundi 2 août, l’honneur est revenu aux combattants Imgades d’accueillir la même délégation à Tessit,  localité située dans le cercle d’Ansongo, à 80 km du Burkina Faso. Ces anciens combattants, comme ceux cités plus haut, ont pris part à des faits d’armes, avant d’accepter de déposer lesdites armes en 2009. Ici, Akli Iknan passe pour être l’une des figures de proue des démobilisés. A Tessit, le gouverneur Kalifa Kéita et le Consul de la Libye ont exhorté les 150 combattants à beaucoup plus de responsabilité. Ils les ont, en outre, encouragés à devenir de véritables acteurs du développement.

                                    A.DIARRA

 

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