Aide humanitaire : Sur fond de calcul politicien

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Pendant que le Coren se démène pour chercher de l’aide en faveur des populations du nord, celle-ci est utilisée à des fins politiciennes ou tout simplement distribuée à de faux bénéficiaires.

Depuis l’éclatement de la crise sécuritaire dans le nord du pays, le 17 janvier, et le déplacement en masse des populations, le Collectif des ressortissants du nord (Coren) s’évertue à éveiller l’esprit de solidarité des uns et le sens du partage chez les autres. Le Collectif ne cesse de mobiliser une importante et précieuse aide en faveur des personnes déplacées ou exilées et des populations restées dans les localités occupées par l’ennemi, à la merci des pénuries. D’autres associations, comme «Cri de cœur», sont nées dans la foulée du Coren avec les mêmes objectifs: diminuer les souffrances dans le nord. Mais le Coren s’étant refusé, à tort, d’effectuer lui-même la répartition et la distribution des dons collectés, cette aide humanitaire serait attribuée selon des calculs politiciens.
Ainsi, à Gao, une conseillère municipale proche de l’actuel maire de la commune urbaine, aurait fait de l’humanitaire un fonds de commerce politique. Dans cette ville, selon plusieurs témoignages, les dons seraient attribués uniquement aux détenteurs d’une carte portant en effigie une étoile. Dans une localité où c’est toute la population qui est logée à la même enseigne, il est difficile de comprendre une pareille discrimination fondée sur de bas calculs politiciens. En l’absence de toute autorité légale pouvant sévir contre de telles pratiques, le Coren doit très certainement revoir le mode de distribution et d’attribution. Mais là n’est pas la seule anomalie.
Ici même à Bamako, à Mopti et sans doute dans d’autres localités du pays ou dans les camps de réfugiés à l’extérieur, l’aide humanitaire attiserait des convoitises qui n’ont rien de caritatif. Invitées à se faire recenser dans les centres d’état-civil, les personnes déplacées ne seraient pas les seules à convoiter les dons. Ainsi, beaucoup de ressortissants du nord, dont certains n’ont pas mis les pieds dans leurs villes d’origine depuis des décennies, seraient en train de se faire inscrire pour bénéficier de quelques kilos de denrées. Car si auparavant les bénéficiaires pouvaient s’en tirer avec des sacs de céréales ou des cartons de produits divers, aujourd’hui ils sont obligés de se contenter de quantités dérisoires.
En cause, certaines familles d’accueil, sous prétexte d’avoir accueilli quelques personnes déplacées, s’arrogent le droit de se présenter dans les zones de recensement pour faire enregistrer tous les membres de la famille, y compris ceux qui sont originaires d’ailleurs que du nord. De toutes les manières, les personnes déplacées sont obligées d’apporter en famille les dons qu’ils reçoivent, et de les consommer avec toute la maisonnée. Pire, certains chefs de famille, alors même qu’ils n’ont même pas accueilli un mouton du nord chez eux, partent également à la chasse des dons normalement destinés à d’autres.
Malgré la formidable mobilisation des organismes internationaux en leur faveur, les Maliens réfugiés à l’extérieur ne sont pas mieux lotis. Si certains se sont exilés pour échapper aux brimades et exactions, aux éventuels affrontements meurtriers entre groupes armés, ou entre ceux-ci et l’armée malienne, beaucoup ont rejoint les camps de réfugiés pour échapper à la menace de famine qui se profile à l’horizon. La saison agricole n’est pas fameuse, les activités économiques sont arrêtées, le chômage s’est accru, alors ces facteurs ont créé des réfugiés alimentaires qui ne seraient nullement inquiétés par les groupes armés ou les forces de défense et de sécurité au cas où ils revenaient au bercail.
Pour l’instant, beaucoup veulent profiter de cette situation dans laquelle ils voient un moyen de vivre aux crochets de la solidarité nationale et/ou internationale.
Cheick Tandina

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