Ahmed Boutache, président du comité de suivi de l’accord : «Ce qui a fait le plus défaut, c’est la consultation entre les parties maliennes»

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Ahmed Boutache, président du Comité de suivi pour l'accord de paix au Mali, lors du 5e round de discussions en octobre 2015.. © RFI/David Baché

Au terme de la 15ème réunion du Comité de suivi de l’Accord (CSA) pour la paix, Ahmed Boutache a insisté sur la nécessité de nouer la concertation entre le Gouvernement, la Coordination des mouvements de l’Azawad et la Plateforme des mouvements d’autodéfense. Le président du CSA a par ailleurs regretté le boycott par la CMA de ladite réunion.

Ce mardi 31 janvier 2017, les travaux de la 15ème session du Comité de suivi de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali ont pris fin à l’ex-Cres de Badalabougou. Ils avaient été ouverts la veille, en l’absence de la Coordination des mouvements de l’Azawad, et avaient été essentiellement consacrés à la préparation du Comité de suivi de l’Accord au niveau ministériel. Au terme de ladite réunion, le président du CSA, Ahmed Boutache, non moins ambassadeur de l’Algérie au Mali, a animé une conférence de presse sur les conclusions des deux jours de travaux de cette énième réunion de son Comité. Il a ainsi rassuré que la dernière attaque qui a visé le camp du Mécanisme opérationnel de coordination de Gao n’a nullement découragé les parties signataires de l’Accord qui sont plus que jamais déterminées à conduire le processus jusqu’à son terme. Le gouvernement malien, la CMA et la Plateforme ont, dit-il, réaffirmé leur engagement à poursuivre leur participation à l’opérationnalisation des mécanismes sécuritaires et à la mise en place des autorités intérimaires.

‘’Irresponsabilité et lâcheté’’ de la CMA

Parlant de l’absence des mouvements de la Coordination (ceux de Kidal notamment) à cette 15ème session du CSA, Ahmed Boutache a rappelé que ce comportement de la CMA est loin d’être un cas isolé. Le diplomate algérien a toutefois regretté cette attitude qui, de son avis, n’est ‘’ni responsable ni courageuse’’. « Nous savons tous que le moyen civilisé de régler le problème, c’est le dialogue. Et le cadre le plus approprié pour avoir ce dialogue, c’est le CSA », a estimé M. Boutache, ajoutant que des contacts seront entrepris au niveau du CSA pour ramener les mouvements de la CMA dans le processus de mise en œuvre de l’Accord.

Le président du CSA est par ailleurs revenu sur les grandes décisions qui sont sorties de cette réunion, notamment la mise en place prochaine d’un groupe de travail dirigé par M. Boutache lui-même.  Ce groupe de travail se réunira dès la semaine prochaine et aura pour missions d’aplanir toutes les difficultés et de mettre d’accord les parties signataires sur la mise en place d’un cadre de consultation intermalien. « Parce que, jusque-là, il faut dire que ce qui a fait le plus défaut, c’est la consultation entre les parties maliennes. Il ne vous échappe pas que si nous voulons avancer dans la mise en œuvre de l’Accord de manière efficace, il est de la plus haute importance, et même vital que les parties maliennes puissent se concerter, se consulter sur tout ce qui a trait à la mise en œuvre de l’Accord », a-t-il fait remarqué. Cela sous-entend, selon le conférencier, que les mouvements armés doivent impérativement être consultés dans le cadre de l’élaboration des textes de loi qui seront pris dans le cadre du processus d’application de l’Accord. Ce groupe va aussi travailler sur l’élaboration d’un certain nombre de propositions qui seront examinées au niveau de la réunion ministérielle du CSA, laquelle validera ces résultats, notamment en ce qui concerne la mise en place d’un cadre de consultation intermalien.

Engagement au plus haut niveau

Parlant du Comité de suivi ministériel dont la préparation était au cœur des travaux de cette 15ème session  du CSA, Ahmed Boutache a expliqué que ce comité réunira les ministres concernés des pays partenaires. La participation des mouvements armés sera assurée au plus haut niveau de responsabilité, c’est-à-dire par les dirigeants politico-militaires. Les consultations sont déjà en cours pour arrêter la date de la réunion de ce CSA ministériel, si l’on en croit le diplomate algérien. « Je présiderai un groupe de travail pour la première fois depuis la mise en place du CSA parce que jusque-là, j’ai toujours confié la présidence des comités ad hoc à des collègues au niveau du CSA. Croyez-moi ! Si j’ai décidé de m’engager, de m’investir personnellement, directement et pleinement dans cette opération, ce n’est pas pour qu’elle soit couronnée par un échec », a rassuré Ahmed Boutache.

Il a par ailleurs révélé qu’une ébauche de discussion est en cours pour la nomination d’un observateur indépendant, tel que prévu dans l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale. Il faut définir son profil, son statut, les conditions dans lesquelles il doit travailler, car, dit-il, la disposition de l’Accord relative à la nomination de l’observateur indépendant est laconique.

Il est à rappeler que, afin de maintenir la dynamique de mise en œuvre de l’accord et d’assurer la présence effective de toutes les parties signataires, la médiation internationale a entrepris des concertations séparées avec les délégations du Gouvernement, la branche dissidente de la CMA et la Plateforme. Elle a aussi eu une séance de travail avec le Médiateur de la République, président de la Commission préparatoire et président de la Conférence d’entente nationale.

Bakary SOGODOGO

 

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