Est-ce que vous regrettez aujourd’hui les attaques du 23 mai ?
Nous regrettons les pertes en vie humaine et les dégâts économiques. Je tiens à réaffirmer que notre mouvement est totalement attaché à l’unité du Mali, à la République et à l’ancrage de la démocratie. Les événements du 23 mai, c’était pour éviter le pire, et aujourd’hui, le Mali est sauvé, grâce à l’Algérie. Il n’y a eu ni gagnant, ni perdant. C’est notre pays qui est sorti vainqueur de cette nouvelle épreuve.
Y a t il un délai pour l’application des accords?
Il n’y a encore aucun délai pour l’application des accords. Des commissions d’application seront installées et il y aura une campagne d’explication.
Propos recueillis par A Dao,
Étudiant à Alger
Kafougouna Koné, ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales
«Le Mali est notre pays à tous et a besoin de tous ses fils»
Monsieur, que représentent ces accords pour le gouvernement malien?
Le Mali est notre pays à tous et a besoin de tous ses fils pour sa stabilité et sa prospérité, un Etat qui respecte les idéaux de dialogue et de tolérance. C’est pourquoi, nous avons rapidement cherché à faire baisser la tension en appelant à la retenue et à la responsabilité. Comme a dit le président de la République, au Mali, on n’a plus besoin de prendre les armes pour se faire entendre. Le dialogue est une valeur cardinale pour notre pays. C’est pourquoi, nous avions sollicité la médiation de l’Algérie qui a favorablement accepté. Et les résultats sont à la hauteur de notre attente.
Est-ce que les accords témoignent d’une faiblesse de l’Etat malien ?
Rire, non, il faut comprendre que la seule guerre qu’on gagne est celle qu’on gagne sur la guerre elle-même. Ce qui importe pour nous, c’est la préservation de la paix dans notre pays. Et les accords qu’on vient de signer, vont justement dans ce sens. Il faut être sûr et certain d’une chose, on ne bradera jamais notre pays.
Propos recueillis par A Dao
LE MINISTRE D’ETAT DES AFFAIRES ETRANGERES,
MOHAMMED BEDJAOUI A PROPOS DES ACCORDS D’ALGER
«Bien des pays africains seraient heureux à la place du Mali»
En marge de la collation donnée à l’occasion de la signature de l’accord, notre collaborateur à l’occasion et étudiant à Alger, A Dao, a réussi à accueillir les impressions des principaux acteurs de cette cérémonie. Ceux-ci ont tenu à faire des précisions utiles et par la même occasion à faire taire certaines critiques.
Monsieur le ministre d’Etat, comment l’Algérie a mené la médiation?
M. Mohammed Bedjaoui : Tout d’abord, nous regrettons ce qui s’est passé au Mali le 23 mai dernier. Il s’agit d’un pays frère et ami qui a soutenu l’Algérie dans tous ses combats. Nous ne pourront jamais restés indifférents de ce que se passe au Mali, mais nous avions attendu qu’on soit sollicité officiellement pour nous impliquer dans la recherche de solutions à ces incidents. C’était une manière de faire taire certains commentaires malintentionnés. Les deux parties ont compris notre préoccupation. Après l’organisation touarègue, Le président Amadou Toumani Touré, avait sollicité la médiation algérienne le 3 juin dernier. Il l’a fait porter au président Abdelaziz Bouteflika par le ministre Kafougouna Koné. La médiation a été personnellement suivie par le président Abdelaziz Bouteflika qui se considère comme un Malien. Il a longtemps séjourné au Mali et d’ailleurs son nom de guerre durant la Révolution était Abdelkader El Mali, ou le Malien. Nous avions exigé aux rebelles de renoncer à toute revendication d’autonomie pour la région de Kayes. Donc pour mener notre médiation, nous avions accordé une attention particulière aux attributs cruciaux que constituent l’union sacrée du peuple malien et l’intégrité territoriale inviolable de la République sœur du Mali. Comme les deux parties ont accepté cette condition et étaient pressées d’aller vite à un accord, les choses n’ont pas traîné.
Donc, les accords ne constituent pas ni une victoire, ni une défaite pour l’une ou l’autre partie ?
C’est simplement un acte courageux qui scelle la réconciliation entre les frères maliens et qui concourt au rétablissement de la sécurité nationale. Une fois de plus, le Mali a inscrit une fois de plus sa détermination à oeuvrer à la réalisation des objectifs que l’Union Africaine tout autant que sa capacité à transcender ses divergences et à conclure dans l’honneur et la dignité une paix durable. Bien des pays africains seraient heureux à sa place. Ce n’est pas pour rien qu’il est une référence sur le continent.
Comment l’Algérie compte pour consolider ce succès diplomatique ?
La signature de cet accord ne constitue pas une victoire diplomatique. Pour nous, c’est un devoir d’aider un pays ami et frère comme le Mali. D’ailleurs, nous avons assisté ce pays pendant les moments difficiles. A noter qu’Alger n’en est pas à sa première médiation dans le Sahel. Nous avions déjà joué un rôle décisif dans le règlement de la première rébellion en 1992. Toutefois, nous venons de démontrer que l’Afrique peut résoudre seule ses problèmes.
La signature de cet accord ne constitue pas une victoire diplomatique. Pour nous, c’est un devoir d’aider un pays ami et frère comme le Mali. D’ailleurs, nous avons assisté ce pays pendant les moments difficiles. A noter qu’Alger n’en est pas à sa première médiation dans le Sahel. Nous avions déjà joué un rôle décisif dans le règlement de la première rébellion en 1992. Toutefois, nous venons de démontrer que l’Afrique peut résoudre seule ses problèmes.
Quant à la consolidation des présents accords, l’Algérie suivra les événements de très près, mais elle dépend de la volonté de l’ensemble de ses fils, sans exclusive, et de leur engagement résolu à bâtir solidairement un pays fort, respecté et prospère.
Propos recueillis par A. Dao
état de siège à Kidal
Malgré l’envoi de nos représentants pour le Comité de Suivi de l’Accord d’Alger Kidal donne toujours un visage de guerre. Fouille des personnes, présence exagérée des éléments armées à tous les points et toutes les entrées de la ville (même au centre ville). Notre délégation conduite par Ahmada Ag Bibi signataire de l’accord d’Alger du 04Juillet était composée d’Abdou Salam Ag Assalatt, Mohamed Ag Aharib et, le Capitaine Haroun Ag Saghid.
Et à propos des fouilles après celles des personnalités survenues sur le Député de Kidal et sur le Président du conseil de cercle de Kidal, le 11 Aout au matin le poste d’entrée de Kidal voulait fouiller systématiquement notre délégation qui a affiché un refus catégorique et a même proposé de faire demi-tour sur Tighar Ghar au cas où ils doivent être fouillés. Le poste de contrôle après avoir contacté ceux qui leur ont donné ordre de procéder a la fouille et après des débats houleux qui ont duré presque 1h30, notre délégation fit enfin son entrée en ville pour rejoindre la salle de conférence ou les attend le Ministre de l’administration Territoriale pour l’installation officielle du comité.
Après cette installation, le travail commence de suite et nos délégués a Kidal nous ont confirmé avoir mis sur place le premier groupe de travail: le Groupe Technique de Sécurité dans lequel trois officiers ont été désignés de chaque côté des trois composantes du comité, les nôtres sont le Commandant Mahmoud Ag Mohamed Bachir, le Commandant Ada Ag MAssamad et e Capitaine Malik Wanasnatt.
Azawad-union
La situation qui prévaut à kidal
Les spécialistes des questions de propagande savent bien que l’on peut toujours gagner sur le terrain de la communication ce qu’on ne peut avoir par le biais des actions militaires
Nous pensons que le retard des autorités n’est pas fortuit, depuis le 11 Aout que nos représentants sont à Kidal mais ils ne cessent de nous interpeller pour attirer notre attention sur le fait qu’aucun des préalables n’est pris en compte. Pour les préalables il s’agit de la levée des barrages et blindés aux entrées et à l’intérieur de la ville de Kidal, la libération des personnes détenues, le retour progressif des troupes venues en renfort à Kidal et dans les autres villes (Menaka,Aguel Hoc , Tessalit et autres) actes matérialisant la délocalisation des casernes comme stipulée dans l’Accord d’Alger.
Donc devant la non exécution de ces préalables 11jours après l’installation du comité de suivi, nos envoyés se verraient obligés de quitter le siège du comité surtout quand dans leur rapport reçu ici ils nous soulignent le départ sur Bamako des représentants du gouvernement.
Devant une telle situation nous affichons une fois encore notre bonne volonté en attirant l’attention des plus hautes autorités et surtout la bonne foi du chef de l’Etat à diligenter la mise en oeuvre des préalables soumis par le Comité de Suivi
Azawad-union
Une correspondance des représentants au sein du comité de suivi adressée au facilitateur
A Monsieur le facilitateur,
L’alliance avait, dès le début de la mise en place du comité de suivi émis un certain nombre de préalables et de mesures susceptibles de détendre le climat général a Kidal afin d’apporter l’apaisement qui permettrait a des dizaines de familles traumatisées tant par les évènements que ceux qu’elles ont vécu par le passé.
Parmi ces préalables l’Alliance avait demandé :
– la suppression des postes de contrôle
– le départ des renforts dépêchés a Kidal conséquemment aux évènements du 23Mai 2006
– la suspension du recrutement en cours
– la libération des personnes détenues suite aux évènements du 23Mai
Vous avez personnellement tout mis en œuvre pour faire admettre a toute l’assistance la nécessité d’accepter toutes les mesures à même d’apporter l’apaisement , de rétablir la confiance et de voir enfin le retour des Kidalois contraints de quitter leur maison pour quelque raisons que ce soient.
Vous avez suggéré, eu égard à la lenteur de l’administration militaire un certain nombre de mesures favorablement accueillies par l’Alliance et de suite acceptées par la partie malienne.
Les mesures d’allégement et d’apaisement que se devaient de prendre les autorités maliennes étaient si évidentes, vos propositions ayant été spontanément acceptées de tous, l’Alliance n’avait aucun doute quant à leur application.
Monsieur le Facilitateur que constatons-nous après une semaine d’activité ?
1- le dispositif militaire et sécuritaire qui devait être allégé a gagné en exaction et devient de plus en plus accablant tant pour l’Alliance que pour les simples citoyens souvent de fois rackettés au multiples postes de contrôle
2- la non libération des personnes détenues
3- la continuité du recrutement dénoncé.
De ce fait l’Alliance est contrainte de tirer les enseignements suivants : les suggestions formulées au sein du Comité ne sont pas prises en compte par les autorités compétentes
Dans ce cas de figure l’alliance se voit ainsi contrainte de réagir certes avec regret mais dans l’espoir d’insuffler un peu de dynamisme au près des autorités compétentes. Consciente de ses responsabilités la représentation de l’alliance tire la sonnette d’alarme avant de se voir démarquer du comité de suivi.
Des dizaines de familles ne cessent de nous interpeller et sont prêtes à regagner leur domicile mais s’interrogent sur le maintien de l’état de siège décrété sur Kidal. Des souvenirs douloureux laissent a penser que le dit dispositif pourrait rapidement muter en dispositif répressif.
Mr le Facilitateur la représentation de l’Alliance vous demande instamment d’exercer toutes vos prérogatives et de tout mettre en œuvre dans le sens de l’allégement du dispositif contraignant toujours en place. Le cas échéant, l’Alliance ne saurait être responsable de l’inévitable blocage vers lequel on s’achemine malgré toute votre bonne volonté.
L’Alliance vous remercie pour toute autre action que vous voudriez bien prendre.
Kidal, le 17 Août 2006
Le représentant de l’Alliance
M. Mohamed AG AHARIB“