Pour une meilleure application de l’accord de paix, le journaliste de Radio Liberté Amadou Maïga a lancé “La main tendue”. Une initiative qu’il entend pérenniser pour accompagner la paix et la réconciliation. Il estime que le vivre ensemble est toujours possible. Nous l’avons rencontré.
Pourquoi “La main tendue” ?
La main tendue parce qu’on tend la main dans un contexte pour avoir quelque chose, pour sauver quelqu’un ou pour se sauver ou pour recevoir quelque chose. Dans ce contexte, la main tendue vise à ramener des frères, des parents, des sœurs, des amis, des partenaires qui étaient dos-à-dos à se retrouver.
La main tendue parce que depuis la signature de l’accord, tout est latent, rien ne bouge. La main tendue se fait généralement pour le Mali, spécifiquement pour les ressortissants du Nord parce qu’après la signature de l’accord, il est grand temps qu’il se mette en œuvre. Mais qui va le mettre en œuvre ? Ce n’est pas le président de la République, le Premier ministre, les députés, mais c’est nous les citoyens. Cela veut dire qu’il faut tendre la main à ceux qui étaient de l’autre côté par le passé.
Il faut briser la glace de barrière ! Il faut que notre cohésion sociale que nous avons héritée de nos parents soit maintenant. Qu’on recommence à se faire confiance, qu’on se tende la main et qu’on fasse face au développement de notre pays. A partir du moment où il y a eu signature, il y a pas de demi-mesure. C’est ça la main tendue !
Quand j’ai initié “La main tendue”, je suis allé voir beaucoup de personnes. La première personne qui l’a parrainée, c’est la 1re vice-présidente de la Commission vérité justice et réconciliation, Nina Wallet Intallou. Elle a accepté de parrainer l’idée qu’elle trouvait bonne. Je suis allé voir El hadj Mahmoud Dicko qui dit être toujours à l’écouté de mon émission, qui est le créneau de la paix, de la réconciliation, le vivre ensemble. D’où son engagement.
Est-ce que vos objectifs de départ sont aujourd’hui atteints ?
Tout à fait ! Quand on a écrit officiellement à la première Dame, elle a accepté. Regardez les acteurs. Nina Wallet Intallou, qui était de l’autre côté, aujourd’hui qui vient tendre la main, qui vient soutenir la main tendue pour qu’on s’accepte. Elle l’a dit dans son expression fétiche “que ceux qui sont en retard prennent le train marche. C’est irréversible la paix au Mali”. Il y a des obstacles à transformer en opportunité.
Les acteurs étaient là, la Plateforme et la Coordination ont parlé d’une même voix. Des ambassadeurs, des ministres, des frères et sœurs là aussi. Kéita Aminata Maïga est certes notre sœur, notre mère mais aujourd’hui, elle est la première Dame du Mali. Les mots me manquent ainsi que toute la commission d’organisation pour la remercier.
Pour moi les objectifs ont été atteints, parce que Nina a parlé. Depuis qu’elle est à Bamako, elle n’avait jamais parlé, son discours a été apprécié par tout le monde entier. Et c’était çà mon objectif. Qu’on comprenne qu’on peut être opposant aujourd’hui et demain ami. Mais quoi qu’il advienne nous sommes tous des Maliens. Surtout pour nous les gens du Nord de se convaincre qu’on ne pourra rien faire sans se tendre la main. On ne pourra rien dans la haine, il faut se tendre la main, il faut la saisir !
Qu’est-ce qui va être la suite pour de la main tendue ?
Nous nous allons continuer dans cette même direction, dans cette même ferveur, de faire en sorte que les gens se tiennent la main. On va chercher des soutiens, on va le réorganiser partout. Nous on n’a plus d’histoire. Nous on veut que les gens se retrouvent. Notre main tendue et nous souhaitons que chacun tende la main à l’autre, il faut la saisir parce que si on ne saisit pas par les mains, on ne pourra rien faire.
Est-ce le déclic c’est le succès de votre émission qui était le réconfort des déplacés ?
Je ne sais pas mais durant l’occupation, mon émission était écoutée, elle parlait de l’authenticité. Il s’agit de valeurs comme la tolérance, le vivre ensemble, l’acceptation de l’autre. Je crois que la main tendue est venue au moment opportun parce que personne ne bouge au Mali. Ce n’est pas seulement le rôle du président de la République, du gouvernement ou des députés. Chacun doit jouer son rôle mais cela n’est pas se faire tant qu’il n’est pas en phase avec les autres. La Plateforme et la Coordination, à “La main tendue”, ont parlé d’une même voix, c’est enchantant.
Vous pensez désormais que le vivre ensemble est possible ?
La vivre ensemble est toujours possible. Même s’il n’est pas possible, il faut qu’on la rende possible. Et elle est possible !
Propos recueillis par Alpha Mahamane Cissé