L’histoire de l’ancien premier Ministre Ahmed Mohamed Ag Hamani est sans conteste le côté obscur de la rébellion touarègue au Mali des années 90 à nos jours.

Le tout premier ministre du Président élu Amadou Toumani Touré est aujourd’hui refugié au Sénégal avec sa famille. Une démarche qui aurait surpris plus d’un. La situation s’est-elle dégénérée au point de mettre la vie d’un ancien premier ministre en danger ? Pas autant, certes, l’homme n’est cependant pas blâmable au regard de ce passé très douloureux.
La rébellion des années 90 est passée par là.
Les rebelles attaquèrent alors la ville de Tombouctou d’où est origine M Ag Hamani. Les assaillants s’en prirent directement au camp militaire et au domicile du Gouverneur de la Région qu’ils étaient censés enlevés. Après plus d’une heure de combat avec les militaires, les insurgés disparurent comme ils étaient venus. Aucune trace d’eux ! Mais où étaient-ils passés ? Non, ils n’avaient pas quitté la ville, pas encore !
Les renseignements fournis aux militaires permirent de localiser des personnes suspectes chez les Ag Hamani. L’armée se rendit sur place et invitèrent tous les occupants à se rendre. Face à leur refus, l’ordre d’ouvrir le feu donné. Ce fut tout simplement un carnage. L’on déplora des enfants parmi les victimes. C’est la quasi-totalité des Ag Hamani qui disparut lors de cette tragédie.
Mais où se trouvait donc M. Ahmed Mouhamed Ag Hamani lui même? Il était tout simplement hors du territoire malien et faisait office de fonctionnaire international. Il était totalement étranger à la tragédie qui venait de se dérouler chez lui, à la maison, dans son pays. Ce drame n’est certainement pas étranger au choix du président élu, Amadou Toumani Touré de faire de lui le tout premier Ministre du Mali démocratique.
L’on comprend, en tout état de cause, la démarche de l’homme consistant à se mettre à l’abri avec les siens suite au début d’émeutes consécutifs à la situation au Nord.
Les leçons d’une histoire
On le sait : M. Ahmed Mouhamed Ag Hamani était totalement en dehors des événements de Tombouctou dans les années 90. Et si les visiteurs armés à l’origine profonde du drame avaient demandé son accord avant de séjourner chez, il le leur aurait certainement refusé. Bien entendu, il s’agit de ses parents. Mais ce constat ne saurait faire de lui un complice encore moins un rebelle.
Sur un plan quelque peu symétrique : le colonel Bamoussa Diarra, déserteur de l’armée malienne et aujourd’hui, importante figure de la rébellion, est d’origine bambara de Ségou. Il a opté pour l’autre camp. Ses parents vivant encore à Ségou sauraient-ils, de par ce choix, être tenus responsables ou complices des rebelles ?
En somme, l’appartenance à un groupe ethnique ou à une communauté linguistique ne saurait nullement être preuve de coloration rebelle. L’histoire tragique de la famille Ag Hamani nous le rappelle amèrement. A la faveur de la rencontre des ressortissants du cercle de Tombouctou courant semaine dernière, l’ancien premier ministre malien, depuis son exil dakarois, a clairement indiqué qu’il reste attaché à la République. Mais le sentiment d’insécurité a été très fort.
En somme, tout amalgame ne profiterait qu’aux aventuriers et aux bandits. Ils savent ne pas être soutenus et reconnus. Ayant d’ores et déjà perdu la guerre de la légitimé nationale et internationale, ils entendent maintenant semer le chaos et l’embrasement dans la sous-région. Il est donc important de résister à la tentation de les suivre dans leur logique meurtrière.
B.S. Diarra