Aux fins d’une bonne recherche de solution aux préoccupations de paix, sécurité, vérité et réconciliation de l’ensemble des citoyens maliens, les autorités actuelles devraient initier une véritable politique nationale. Dans la mise en œuvre de laquelle les Maliens d’Ambidédi à Ansongo et de Fourou à Aguelhok auraient le même traitement.
Cependant, a-t-on l’heur de comprendre cela si l’on se réfère à la décision des autorités de créer une nouvelle commission devant prendre la place d’une autre créée sous la Transition, dirigée par le président Dioncounda Traoré ? La nouveauté, s’il y en a, résiderait dans le fait que la nouvelle commission dénommée : Vérité, Justice et Réconciliation serait placée sous la tutelle du ministre de la Réconciliation, chargé du Développement des régions nord.
Une telle commission, si elle se veut véritablement nationale, devrait non seulement être indépendante de l’exécutif, mais aussi incarner toute la nation entière. Même s’il est évident que les régions-nord ont été et demeurent le principal théâtre des hostilités qui auront engendrées les questions de sécurité, paix, vérité et réconciliation dans notre pays. Ainsi ne devrait-on pas tous, gouvernants comme gouvernés, tirer les leçons du passé ?
Ce passé, lointain comme proche, c’est que les problèmes des différentes rébellions Touareg n’avaient reçu que des remèdes provenant uniquement des seuls mouvements rebelles et du gouvernement central, sous le parrainage des pays comme l’Algérie ou la Libye. C’est certainement pourquoi, après chaque accord ou traité, ces rebellions sont restées constamment des modus vivendi.
Cette fois-ci, il semblerait que les autorités veulent tirer toute la lumière sur les crimes et atrocités que notre pays aura connus. Ce, depuis l’indépendance jusqu’à nos jours. Raison pour laquelle, il est prévu dans les jours à venir une session de l’Assemblée nationale devant se pencher sur la création de la nouvelle commission, ses missions et son délai de fonctionnement.
Reste que tout cela est bien beau ! Cependant, notre pays fait face à une vraie urgence. Celle post-occupation des deux tiers de son territoire par des bandits armés et du désordre constitutionnel (consécutif au coup d’Etat du 22 mars 2012) que nous venons de subir. Ainsi, en élargissant les compétences de la nouvelle commission à une période aussi lointaine, ne courons-nous pas le risque de la rendre également inefficace ?
Pour qu’elle soit efficace et ait une grande visibilité, la Commission Vérité, Justice et réconciliation doit avoir toute son indépendance avec en son sein des hommes et des femmes compétents et de qualité. De même, il faudrait que tous les fils du pays s’y retrouvent avec des sensibilités diverses. Que les causes des différentes crises qui nous auront plongés dans cette quête de vérité et réconciliation soient répertoriées ! Que des questions de mal gouvernances y soient posées, traitées et analysées ! Que ses travaux puissent bénéficier de toute la légitimité requise en la matière !
Dans le même registre, l’ensemble des Maliens devraient se prononcer : les élus nationaux pourraient être les meilleurs et légitimes commissaires de la commission. Car, ils ne souffriraient pas d’être qualifiés comme des choix de proximité. Sortis des urnes, ils sont et demeurent les représentants légitimes du peuple malien.
De toute façon, l’expérience malheureuse du passé et l’urgence de la tâche, nous interdisent (gouvernants et gouvernés) de ne pas être à hauteur de souhait. Ne remplaçons pas une chèvre par une autre en faisant de la nouvelle commission un instrument qui n’a ni les moyens ni la légitimité requise. Autrement dit, donnons-lui toute sa substance afin que la nation lui soit un jour reconnaissante.
Par Gaoussou Madani Traoré
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