Afrik’Actu : Même affaiblies, les autorités ne doivent aliéner le nord du Mali !

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Le Mali, il est vrai, traverse l’une des situations les plus difficiles et complexes de son histoire contemporaine : occupation de la quasi-moitié du nord de son territoire par des bandits lourdement armés (MNLA, MAA, Ançar  Eddine, MUJAO, Aqmi,  etc.) isolement diplomatique et  suspension des financements du FMI, de la Banque mondiale et de l’UE, pour ne citer que ces problèmes. Pourtant, cette évidence ne doit en aucune façon  servir de prétexte pour accepter l’aliénation d’une quelconque partie de son territoire, en l’occurrence la partie septentrionale. Il faut donc à tout prix préserver l’intégrité, la laïcité et l’unicité du territoire national.

Les soi-disant rebelles monteraient la surenchère en réclamant l’intégration de 3000 « combattants terroristes » au sein de l’armée malienne, l’octroi du  grade de  général à 100 de leurs « officiers », ainsi que l’institutionnalisation d’un statut particulier pour les régions de Kidal, Tombouctou et Gao.

 

Bien que très affaibli, l’Etat malien ne doit nullement accepter de telles doléances car cela  équivaudrait purement et simplement à signer la fin de sa propre existence. Car, il n’aura rien à y gagner et tout accord du genre serait forcément réfuté par l’ensemble des populations maliennes, notamment du sud. Car, sur un même territoire national où les citoyens ont toujours vécu en symbiose dans le temps comme dans l’espace depuis plus d’un millénaire, des groupes armés ne peuvent dicter leurs conditions à un Etat souverain et l’obliger à accepter l’inacceptable.

 

Pour obtenir la paix, l’Etat malien doit donc faire l’économie des nombreuses erreurs, voire des fautes commises lors de la conclusion et de la signature des accords passés avec les diverses rebellions. Pour rappel, le même parrain algérien était médiateur et facilitateur des accords précédents de Tamanrasset en 1991 et d’Alger en 2006. Des accords qui n’ont point contribué à ramener ni la paix, encore moins la sécurité. Au contraire, par naïveté, l’Etat malien avait commis la grosse bêtise d’accepter (lors des accords d’Alger de 2006) de se désengager militairement des territoires nord et d’insérer (selon les clauses de 1991 et 2006) des combattants rebelles au sein de la grande muette, dont certains avaient été promus aux grades d’officiers supérieurs.

 

Ce, au grand dam des règles élémentaires de cette institution. Toutes choses qui sont sans nul doute à la base de l’insécurité récurrente actuelle au septentrion.  Car, pendant cinq années d’absence de l’armée nationale et des services-clefs de l’administration publique, le terrorisme a pu s’y sanctuariser. Ne dit-on pas que la nature a horreur du vide ? Puissent donc les négociateurs judicieusement s’inspirer de toutes les erreurs du passé !

Par Gaoussou M. Traoré

 

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1 commentaire

  1. La naïveté consiste a signer a chaque fois l’impossible parce qu’on veut la paix. Ce qui permet a ces bandits de grand chemin de faire le gendarme derrière l’Etat pour nous respect des engagements. Cette attitude de gendarme commence le jour même de la signature des accords. Le cycle vicieux fait que les accords qui doivent consacrer la paix deviennent toujours le point de départ de nouvelles rebellions. Quelqu’un trouvera toujours que tel ou tel engagement n’a pas été respecté.

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