Le lundi 15 octobre, après une longue attente de la communauté internationale, le Pacte pour l’accélération du Processus d’Alger pour la Paix et la réconciliation a vu le jour à Bamako. Il survient à l’issue de la 28ème session du Comité de Suivi dudit Accord (CSA). Une rencontre au cours de laquelle, les différentes parties prenantes, à savoir le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale du Mali, Lassine Bouaré, les représentants des mouvements signataires, Sidi Brahim Ould Sidatt pour la Coordination des mouvements de l’Azawad et Me Harouna Toureh pour la Plateforme et, le chef de la MINUSMA, Mahamat Saleh Annadif, ont enfin pu signer ce pacte pour la paix dont l’objectif est « d’accélérer la mise en œuvre intégrale et inclusive de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger ».
Le ministre de la Cohésion sociale, de la Paix et de la Réconciliation nationale estime que la signature de ce pacte est « la preuve que les parties signataires de l’Accord sont capables de se dépasser et de se surpasser afin d’être à la hauteur, chaque fois que l’enjeu l’exige et le demande ». Pour sa consolidation, toutes les parties prenantes doivent maintenir une sincère et véritable dynamique de paix. En termes clairs, le gouvernement malien, la Coordination des Mouvements de l’Azawad et la Plateforme des mouvements du 14 juin d’Alger doivent honorer leur engagement à appliquer à la lettre l’ensemble du contenu dudit accord. Vont-ils vraiment y parvenir ?
On sait que le gouvernement s’est engagé à prendre toutes les mesures requises afin de favoriser le lancement des différents chantiers dans les délais requis afin de répondre aux attentes de la communauté internationale. Or, compte tenu du climat d’insécurité manifeste dans les régions nord et centre du pays et des mouvements de protestation qui couvent suite au nouveau découpage territorial dans notre pays, il serait plutôt réaliste de s’attendre à d’autres embûches. Toutes choses qui font dire que la signature de ce pacte n’est hélas qu’une signature de plus. La preuve ?
Après trois années d’existence, il est toujours malheureux de constater que sur le terrain, les points essentiels de l’accord d’Alger peinent à se concrétiser. Notamment, l’opérationnalité effective des autorités intérimaires dans les localités où elles sont installées, la réalisation du DDR et du cantonnement des combattants. Sans oublier que le MOC est loin d’être parachevé, même si l’ensemble des parties prenantes espèrent que ce sera le cas avant la fin du mois d’octobre, donc avant la prochaine session.
Pourtant, les représentants des seuls porteurs d’armes des régions du nord ne suffisent pas pour l’instauration d’une paix durable au Mali. L’insécurité récurrente et endémique dans ces régions septentrionales, ayant fortement gangréné le centre du pays, n’exige-t-elle pas qu’il faille forcément impliquer l’ensemble des fils de la nation au processus de paix d’Alger ? De toutes les façons, sans un débat national inclusif de tous les acteurs politiques maliens et de la société civile (s’il en existe encore dans ce pays), la réalisation de la Charte nationale pour la Paix et la Réconciliation et la révision constitutionnelle au Mali ne seraient qu’un vœu pieux. Que la communauté internationale le comprenne et l’accepte une fois pour toutes.
Gaoussou Madani Traoré