En déclarant explicitement que l’attaque de Tazalit dans la région de Tahoua, avec 22 soldats nigériens tués, a été «perpétrée par des groupes de narcoterroristes venus du nord du Mali, probablement de la zone de Kidal et Tin Zaouaten », et que « les groupes armés dans le nord du Mali sont un continuum entre les groupes terroristes et les groupes armés qui participent parfois au processus d’Alger et les groupes de trafiquants, narcotrafiquants : Ansar Dine, Aqmi, HCUA, narcotrafiquants. Ils passent d’un statut à l’autre. Donc, il n’y a pas de distinction entre ces différents groupes », le Ministre nigérien de la Défense, Hassoumi Massaouda, est on ne peut plus clair pour affirmer que la région de Kidal est le sanctuaire du terrorisme international. Cette révélation, un secret de polichinelle, a l’avantage de mettre le Mali et la communauté internationale devant leurs responsabilités de sécurisation du nord du Mali en particulier et du Sahel en général.
Car ce bilan si lourd de 22 soldats morts, le modus operator, la provenance et la nature des assaillants de l’attaque du centre d’accueil de maliens à Tazalit, au Niger près de la frontière ouest- malienne, sont clairement révélateurs du fait que l’espace du Sahel septentrional, compris entre le Mali et le Niger, est désormais en passe d’échapper pour de bon au contrôle des autorités des deux pays. Une inquiétude qui se justifie par le contrôle quasi-total de la région de Kidal par les groupes armés, la Minusma et l’armée française sous le mandat de l’opération Barkhane. Ce, depuis la tentative avortée de reprise de Kidal par l’armée malienne en 2014. Les forces de défense et de sécurité maliennes sont sommées de rester à l’écart. Toute chose qui a transformé la région de Kidal en un véritable foyer de conflits armés entre groupes armés qui ne défendent que des intérêts communautaires. Les rivalités meurtrières récurrentes entre le Gatia et la CMA dans la ville de Kidal, au nez et à la barbe des forces internationales, attestent éloquemment bien cela.
Une triste réalité qui exige, plus que jamais, des autorités maliennes et nigériennes de prendre d’urgence toutes leurs responsabilités pour sécuriser les personnes et leurs biens sur l’ensemble de leurs territoires respectifs. Même si cela devrait les amener à ne plus respecter les injonctions des puissances étrangères occidentales, car cette prise de responsabilité, voire de souveraineté, est d’autant plus nécessaire que les populations transfrontalières des deux pays sahéliens voudraient bien sortir du bourbier sécuritaire qu’ils connaissent depuis l’invasion djihado-narcoterroriste de l’ensemble des régions nord du Mali en 2012.
Gaoussou M. Traoré