A la faveur de l’affectation de l’âme de la résistance contre les bandits armés du nord à Bamako, certaines interrogations viennent du côté des populations. Considéré comme l’un des rares officiers maliens de terrain, le Colonel Gamou avait jusque là échappé à l’embourgeoisement dans les bureaux feutrés de Bamako. Selon une source jointe au nord, cette affectation surprise est consécutive à une pression des ex- rebelles.
En regardant certains de nos officiers, on se rend compte du désastre de l’embourgeoisement. Une option choisie par les autorités politiques. Si d’habitude, cette situation passe inaperçue, la récente affectation du colonel Gamou, à l’état major de la présidence, est loin de faire l’unanimité au sein de l’opinion, surtout au nord du pays.
Pour cause, Le colonel El hadj Gamou est l’un des premiers touaregs à avoir intégré les forces armées, suite à la signature du Pacte national en 1992. Depuis, il se dévoue, corps et âme, pour sa patrie qu’il sert avec loyauté. Homme de terrain, Il est connu pour sa rigueur et son efficacité dans la conduite de ses opérations.
Jusqu’à son affectation au poste de Chef d’Etat Major Adjoint de la Présidence, depuis son poste de commandant des opérations militaires de la zone de Kidal, le seul nom de cet officier émérite faisait trembler, bandits et terroristes de cette bande désertique de notre pays. Pour beaucoup, ce choix serait motivé par une pression des ex rebelles. La nomination de Ba Moussa, un autre officier instigateur des événements de Kidal et Abéïbara à la tête des unités spéciales milite pour cette hypothèse.
L’éloignement de Gamou du champ des opérations constituerait une aubaine pour eux de s’adonner en toute impunité à leur exercice favoris (banditisme, trafic de drogue et d’arme). En attendant que l’histoire nous donne tord ou raison, il est certain que le départ de Gamou de Kidal est dors et déjà perçu par les populations du septentrion comme une capitulation déguisée.
Au delà de l’aspect sécuritaire au nord, l’affectation de Gamou à la présidence met à nu la volonté politique du général président d’embourgeoiser tous les valeureux officiers de terrain de notre pays. A ce rythme, notre pays risque de s’en mordre les doigts un jour.
A suivre
Lemzo Diallo
GAMOU EN QUELQUES PHRASES
Natif de Tidermène (région de Gao) vers 1964. Après avoir fourbi ses armes au sein de la rébellion des années 1990, il est incorporé le 20 mars 1996 dans les rangs des forces armées à la faveur des accords de paix signés entre les parties en 1992. Après un sejour à l’école militaire inter-armes de Koulikoro (EMIA – spécial), Ag Gamou fut muté à la 2e région militaire (Ségou) en qualité d’officier d’Etat-major.
Affecté en 1999 en Sierra-Leone pour le compte de la Mission d’observation des Nations-Unies, il se distinguera avant de regagner le bercail en 2000.
Depuis cette date,il a été affecté à Gao comme commandant du régiment.
Homme d’action, le lieutenant-colonel Ag Gamou devient très vite une terreur pour tous les bandits armés et d’autres groupes obscurs qui, à l’époque, écumaient le Nord.
Jusqu’aux évènements douloureux de Kidal, il occupait le chef de commandant de la 1ère région militaire du Mali.
A la suite de ces évènements malheureux, jouissant d’une confiance capitale, inégalée au niveau des autorités et de ses compagnons, il fut dépêché sur Kidal pour circonscrire les ardeurs des bandits armés à la satisfaction de tous.
Malgré ce sacrifice patriotique suprême, contrairement à beaucoup d’autres officiers de salon, Gamou n’a pas bénéficié de promotion lors du 22 septembre 2010.
Contre toute attente, sur une décision du chef de l’Etat le colonel El hadj Gamou a été retiré de son terrain favori pour le palais de Koulouba, où il occupera désormais le poste de chef d’Etat major adjoint