Accusé de narcotrafic, Le député Sidimou nie en bloc et l’Algérie abandonne les poursuites

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L’affaire fait grand bruit depuis une dizaine de jours dans les presses malienne et internationale Elle atteignit son point culminant le jeudi dernier où l’intéressé était devant la Commission parlementaire qui statuait sur l’affaire.  Composée d’une quinzaine de députés, cette commission ad hoc avait été saisie par le gouvernement malien pour lever l’immunité  du député Deity Ag Sidimou, élu en 2007 à Tessalit, dans la Région de Kidal, sur une liste URD. A 43 ans, le député qui a adhéré par la suite au Pdes, avait été accusé de trafic de drogue par une  lettre datée du 15 septembre 2011. Elle émane du Pole pénal spécialisé  du Tribunal de Ouargala, (Sud Algérien). Le juge d’instruction est M.

Benmahieddine de la Chambre No.3. Adressée aux « autorités compétentes du Mali » et portant en objet A/S Commission rogatoire internationale No 01/11, la lettre demande à la partie malienne de  communiquer « l’identité du nommé El Daiati, membre du parlement malien en 2007 ainsi que l’identité de ses deux cousins les nommés Kalitna et Abou- Bakar ». Dans le cadre de l’affaire Borni Abdellatif pour laquelle une commission rogatoire internationale du 03 janvier 2011 référenciée No 01/11 a été demandée. Motif : Borni Abdellatif et autres chefs d’association de malfaiteurs sont suspectés « d’exposition, vente, achat en vue de la revente, transport illicite de stupéfiants ». Mais coup de théâtre : une autre lettre signée du Directeur des Affaires Pénales et des Grâces du Ministère algérien de la Justice, dont la Commission parlementaire malienne détient copie, est envoyée au Ministre de la justice du Mali. Signée le 2 octobre, elle invoque la commission rogatoire du 3 janvier 2011 et l’affaire Borni Abdellatif et « autres ». Elle informe, cette lettre, qu’en « raison des éléments auxquels l’instruction a abouti, ledit mandat judiciaire est devenu sans objet ». Et qu’en conséquence, il demande « qu’il lui soit retourné en l’état ».

Lynchage ou fuite en avant ?
En tout cas, le député de Tessalit, lui, s’est immédiatement retourné. Contre ses « adversaires politiques qui, veulent me couler à l’approche des prochaines législatives ». Contre tous ceux qui le confondent avec le nommé Al Daîati invoqué dans la lettre du juge d’instruction algérien. Et contre la presse qui « m’a traîné dans la boue sans demander à m’entendre ». Samedi soir, nous lui avons parlé. Il était à Bamako et se disait ulcéré par un tel lynchage. Pourtant, si erreur ou lynchage il y a, le premier coup semble venu des autorités maliennes et des pairs du député qui n’ont pas hésité à le confondre avec « le nommé El Daïati, député malien en 2007 » comme le mentionne la lettre du juge Benmahieddine!. D’ailleurs, pour un proche du député longuement auditionné par ses pairs, la semaine dernière, il n’y a pas eu d’erreur sur la personne.

Il ne nous en dira pas plus. Mais il y a plus à dire sur l’affaire, tout de même. Dépêches et articles diserts sur le sujet tant au Mali qu’en Algérie et à l’international mentionnent clairement que le juge algérien demande la levée de l’immunité parlementaire du député malien en raison de son implication dans un trafic de drogue portant sur 500 kg. La substance n’est pas précisée, mais le fait signalé remonte au 12 septembre dernier où une dispute entre trafiquants de drogue à la frontière Mali-Algérie aurait fait 4 morts. Curieusement, la demande de Commission rogatoire remonte à janvier 2011. Ensuite, la presse déclare que le député avait été interpellé par les services algériens avant d’être relâché en raison de son statut de député. « Mensonge grotesque » s’indigne l’accusé. Il n’a jamais été arrêté, jure t-il. A-t-il évité de répondre à l’invitation du parlement malien pour être entendu  sur l’affaire ?  Même si nous n’avons pas pu joindre le président de la Commission, l’honorable Moriba Keita dont le téléphone était sur répondeur à l’heure du bouclage, d’autres que nous avons pu approcher affirment que leur collègue ne s’était pas débiné. « D’ailleurs je suis à Bamako pour ça et toute la semaine j’ai travaillé au Parlement avec mon groupe parlementaire », soutient le député. En fait même s’il a été dans le collimateur de la justice algérienne, la lettre du 02 octobre le blanchit.

Adam Thiam



 

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