Accords d'Alger et Solidarité Nationale : ATT viole tous les jours la Constitution

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La Constitution malienne est très claire : Tous les Maliens naissent libres et égaux en droit et en devoir. Cette disposition de notre loi fondamentale a-t-elle été de tout temps appliquée ? Ce n’est pas sûr. Du Nord au Sud, sous tous les régimes, des mesures spéciales de solidarité favorisant telle ou telle couche sociale, accordant des privilèges spéciaux à telle ou telle communauté, ont été prises. Peut-on pour autant dire que ces Chefs d’Etat respectifs ont-ils violé la Constitution ? Dans ce cas, autant dire que la Constitution malienne est continuellement malmenée par ceux qui sont chargés de la faire respecter.
 
 Dans quel pays du monde ne parle-t-on pas de Solidarité nationale ? Quel homme d’Etat n’a-t-il pas, un jour, en accord avec son gouvernement et la quasi-majorité de sa population, accordé une faveur spéciale à une couche sociale, à une corporation ou à une communauté ? Peut-on pour autant parler de constitution ?
Dans le cas qui nous concerne aujourd’hui, à savoir la crise au Nord et les Accords d’Alger, parce que le président de la République, à la suite du pacte national, salué par tous les Maliens, a accepté de prendre des dispositions spéciales en direction de la Région et de la population de Kidal, à travers les Accords du 4 juillet 2006 signés à Alger, on parle de violation de la Constitution de la part du président de la République. Parce qu’un Comité provisoire va être créé pour la gestion des affaires de la Région de Kidal sous l’égide du gouvernorat, parce que des jeunes de Kidal (Maliens de surcroît) vont être intégrés dans l’administration et dans l’armée malienne, on pense que le président de la République a violé la Constitution.
Certes, si des décisions sont prises, et qu’elles sont contraires aux dispositions de la loi fondamentale, on peut parler de violation de Constitution, cependant, est-ce la première fois que de telles mesures sont prises en vue d’accorder des avantages à une couche sociale ? Pourquoi, les mesures antérieures n’ont jamais été contestées. Et pourquoi on oublie superbement ces mesures dont nous nous faisons un devoir de rappeler quelques-unes ici.
Prenons, simplement, par exemple, le cas des logements sociaux. Pourquoi accorde-t-on un quota spécial aux veuves, aux maliens de l’extérieur, aux handicapés ? Ces couches sont-elles plus Maliennes que les autres Maliens ? Non, c’est sûr !
En ce qui concerne les unités spéciales créées au Nord, n’y a-t-il pas déjà des unités méharistes dans le septentrion ? A-t-on pour autant dit, à l’époque, que la Constitution a été violée ? Autre chose, pour ce qui est des mesures spéciales dans le Nord, le Pacte national avait déjà pris une mesure de défiscalisation totale dans le Nord du Mali pour une période dix ans. Qui a parlé de violation de la Constitution ? Une mesure de défiscalisation qui devrait, d’ailleurs être reconduite dans le cadre des Accords d’Alger.
Pour parler de manière spécifique, pourquoi demande-t-on aux entreprises, partout dans le monde, de tenir compte de leur cas et de les accorder des quotas précis dans le cadre de l’embauche ? Ne sont-ils pas des citoyens comme les autres ? C’est à cause de conditions bien déterminées (leur handicap) que ces mesures sont prises à leur bénéfice. C’est d’ailleurs au Mali que ces dispositions ne sont prises (et c’est bizarrement dans ce pays que l’on parle de violation de la constitution), sinon dans la majorité des pays, on tient compte spécialement des handicapés visuels et moteurs même au niveau des parkings de véhicules. Celui qui ne respecte pas ces dispositions est même passible d’amende dans certains pays comme la France. Dans notre pays, tous les régimes, depuis l’indépendance, ont fait des « faveurs » spéciales aux handicapés et à certaines couches de la population.
En plus, parlant franchement, n’est-il pas mieux d’être chômeur à Bamako qu’à Gao, Kidal ou Tombouctou, les chômeurs de la capitale n’ont-ils pas plus d’avantage que ceux du Nord. Parce que toutes les opportunités sont concentrées au Sud, ceux du Nord (même si cela est loin de justifier les agissements de certains que nous condamnons avec la dernière rigueur) ne sont-ils pas des laissés pour compte, ne sont-ils pas comme des « sous-Maliens ». Alors évitons de tirer sur la corde et laissons en paix l’eau qui dort.

Makan Koné

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