Accords d’Alger et d’Anéfis, gestion de la ville de Kidal, etc. Iyad Ag Ghali signe son entrée en action

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Iyad Ag Ghali
Iyad Ag Ghali

Reconverti en djihadiste, le chef historique de la rébellion touareg a choisi de donner de la voix avec les dernières évolutions de la situation dans l’Adrar et de prouver à ceux qui en doutent encore qu’il est un pion assez essentiel du puzzle pour tirer les ficelles. Son charisme et sa supériorité en capacité de nuisance pourraient même rendre inefficients les instruments essentiels sur lesquels repose l’Accord passé avec les groupes armés. A défaut de le mettre tout simplement hors de saison.

 

Il fallait de toute façon que cela intervienne à un moment ou un autre puisque ce n’était qu’une question de temps, tant était imminente l’entrée définitive d’Iyad Ag Ghali dans la danse. Le chef d’Ansardine était en effet pressenti depuis l’avènement de l’Accord entre l’Etat malien et les mouvements armés qui consacre son isolement de fait en tant qu’allié déclaré d’Aqmi de la même trempe que Mokhtar Bel Mokhtar d’Almouribitoune. Son hostilité s’étaient d’abord manifestée avec la récupération massive des combattants mécontents et désabusés par une issue largement en-deçà des promesses d’indépendance miroitée,  avant qu’il ne se signale par les toutes premières offensives djihadistes au sud du Mali jusqu’alors épargné par la terreur djihadiste.

En dépit de son affaiblissement évident par la traque des forces Barkhan et les cuisants revers infligés avec la complicité de combattants intrépides comme 3&3, le chef historique de la rébellion des années 90 reprend du poil de la bête. Difficile d’évaluer son arsenal de guerre et sa puissance de frappe et de feu réelle, mais il tire parti du spectaculaire équilibre du rapport des forces et fait actuellement ses choux gras d’un resserrement de l’étau autour de Kidal, une situation perçue par certains milieux touareg comme une flétrissure surtout quand le rapprochement Cma-Gatia porte la marque d’un certain El Hadj Gamou.

Du reste, Iyad Ag Ghali n’a pas feint de s’en cacher. L’irruption des forces dites loyalistes dans sa ville, de sources dignes de foi, lui avait aussitôt  inspiré une virulente mise en garde adressée par voie de correspondance à la Minusma avec l’exigence d’un retrait immédiat et sans condition du Gatia de sa contrée, sa chasse-gardée. Une menace proférée et aussitôt mise à exécution avec le succès très mitigé d’une sanglante attaque ayant ciblé le contingent nigérian des forces onusiennes à Tombouctou.

La semaine dernière, dans la matinée du Jeudi précisément, le maquisard du Tehgarghar a remis ça avec beaucoup plus de réussite cette fois pour sa soif macabre. Il s’est en effet signalé par deux nouvelles attaques sanglantes quasi simultanément à Kidal et à Tombouctou. Dans la première localité, les pertes infligées au contingent guinéen de la Minusma se chiffrent à 6 soldats tués sans compter la trentaine de blessés graves, tous  victimes d’attaques au mortier. C’est le même arsenal qui a eu raison des positions de l’armée malienne dans la région de Tombouctou avec la perte de trois hommes et de nombreux autres blessés.

Auparavant, la série macabre de la semaine a commencé par le poste des douanes  de Hombori, dans la région de Mopti, qui fut la cible d’un assaut similaire où, un agent des douanes et deux civils ont trouvé la mort.

Comme il est loisible de le comprendre, en définitive, la violence a gagné en ampleur à la même vitesse que se multiplient les initiatives et tractations pour rapprocher les groupes armés rivaux les plus actifs dans le Septentrion en vue de converger leurs forces contre les niches djihadistes contrôlées par Ansardine et les autres ramifications d’Aqmi.

Sentant sans doute le deal se faire dans son dos, Iyad Ag Ghali a choisi de faire une entrée vigoureuse dans le jeu qui commence à faire pour le moins impact sur le cours des événements.

Première conséquence : la grande rencontre Cma-Gatia annoncée pour aujourd’hui a été finalement renvoyée à une date ultérieure. Pour raison de son impréparation, dit-on officiellement, mais on imagine que ceux sont vraisemblablement les implications de la psychose qu’a répandu dans l’atmosphère la multiplication des attaques qui jettent du même coup un doute sur la capacité du duo de circonstance Cma-Gatia à sécuriser l’Adrar des Ifoghas contre la menace djihadiste.

L’autre conséquence a trait par ailleurs à la grogne qui se fait de plus en plus entendre dans les rangs des différents contingents onusiens que font naturellement jaser la fréquence et l’importance des pertes infligées par les assauts djihadistes.

Last but not the least, tant de retard accusé dans la mise en œuvre de l’Accord, depuis sa signature il y a neuf mois, en hypothèquent forcément le sort au risque de l’assujettir aux interrogations les plus inimaginables : Doit-on par exemple se résigner à intégrer la donne Iyad dans les moyens et stratégies déployés pour  venir à bout de la crise ?

Car, à défaut de rendre caduc l’Accord, le rebondissement du phénomène djihadiste par un acteur aussi charismatique perturbe manifestement l’essentiel des instruments sur lesquels repose son efficience en tant que vecteur d’accalmie et de stabilisation de la zone.

Des volets comme le cantonnement, la démobilisation et le désarmement risquent par exemple de ne jamais connaître l’effectivité souhaitée au regard du renforcement de ses rangs par la ruée massive de combattants et de leurs arsenaux.

A KEITA

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