Accord pour la paix et la réconciliation : plus d’un an après, quel bilan ?

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Presque quinze mois après la signature de l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, la situation sécuritaire reste tendue dans les zones précédemment occupées par les groupes armées. Aussi, le centre du pays fait-il face à des nouveaux mouvements terroristes.

A cela s’ajoute les agissements des bandits armés contre les paysans et les éleveurs, principalement dans la région de Mopti. Il n’est jamais trop tard pour rectifier le tir. Fort de ce constat, la Jeune chambre internationale (JCI) a tenté de poser le diagnostic et proposer des pistes pour une sortie de crise, à travers une conférence-débat. C’était samedi dernier à l’hôtel Radisson. La conférence était animée par Moussa Doudou Haidara du bureau du Haut représentant du président de la République, Mohamed Elmehdy Ag Moulou du ministère de la Réconciliation nationale et Mme Sy Kadiatou Sow, présidente de l’Association ADEMA.

Moussa Doudou Haidara a tout d’abord présenté l’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger. En précisant qu’il ne s’agit pas d’un « accord de paix » mais un « accord pour la paix ».

Pour lui, sa mise en oeuvre avance tant bien que mal et les avancées portent sur la mise en place des organes et leur fonctionnement. Ce n’est pas tout. Il y a aussi les reformes constitutionnelles, législatives et règlementaires. En ce qui concerne les réformes institutionnelles, une commission a été déjà mise ne place. Sur le plan législatif, beaucoup de modifications de lois ont été faites pour prendre en compte la mise en oeuvre de l’accord.

Sur le plan de la défense et de la sécurité, des organes ont été mis en place : le décret de nomination de la Commission d’intégration, la création de la Commission nationale de la réforme du secteur de sécurité, la mise en place du Comité technique de sécurité, la mise en place du Mécanisme opérationnel de coopération.

Moussa Doudou Haidara a ajouté que des efforts ont en train d’être faits pour la mise en œuvre du Mécanisme opérationnel de coordination (MOC). Il rappellera que le coup d’envoi des patrouilles mixtes annoncé pour le 15 août 2016 lors de la 10ème réunion du Comité de suivi de l’accord n’a pas eu lieu à cause des tensions récurrentes entre la Plateforme et la CMA à Kidal. Il était prévu que les groupes armés déposent les listes des combattants auprès de la MINUSMA. Ce qui n’est pas encore fait, a relevé Moussa Doudou Haidara.

Quand au représentant du ministère de la Réconciliation nationale, Mohamed Elmehdy Ag Moulou, il a rappelé que la mise en œuvre de l’accord est un long processus qui demande beaucoup de travail en amont : sensibilisation, promotion de la paix, cohésion sociale, etc.

Pour une bonne mise en œuvre de l’accord, une conférence d’entente nationale est prévue en octobre prochain, a révélé Mohamed Elmehdy Ag Moulou. A cette occasion, la question de l’Azawad sera largement abordée.

Concernant la situation des réfugiés, il a expliqué que le processus de retour au bercail est en cours, avec l’appui des partenaires via les accords tripartites.

Voix discordante : Mme Sy Kadiatou Sow, première femme gouverneur, ancienne ministre, n’est pas allée avec le dos de la cuillère dans son analyse sur le bilan de la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Pour elle, l’accord a été signé dans la précipitation, sous la pression de la communauté internationale. Elle fera remarquer ensuite que 75% des délais du plan d’actions de la mise en œuvre de l’accord sont dépassés à cause non seulement de la qualité des ressources humaines mais aussi de la mauvaise foi de certains groupes armés partisans de la division du Mali. « On peut avoir les meilleurs textes du monde et ne pas avoir les meilleurs interlocuteurs », a-t-elle souligné, estimant que « le Mali est encore sous tutelle ». Car les officiels ne peuvent pas se rendre à Kidal, sans l’accord de certains groupes armés et de la communauté internationale à travers la MINUSMA. Comme si cela ne suffisait pas, regrettera Mme Sy Kadiatou Sow, « on est allé jusqu’à changer la constitution de février 1992 pour intégrer le contenu de l’accord ». Elle a aussi déploré le fait que l’accord n’a pas été adopté par l’Assemblée nationale.

« C’est mal parti mais c’est rattrapable. Nous nous retrouvons aujourd’hui face aux craintes que nous avions soulevé à l’époque (ndlr en 2015 avant la signature de l’accord). Nous voulions la tenue de la conférence d’entente nationale mais les partenaires ont mis le maximum de pression pour qu’on signe », a-t-elle développé.

Mme Sy Kadiatou Sow a indiqué qu’elle a appris avec satisfaction que le ministère de la Réconciliation nationale est à pied d’œuvre pour l’organisation de la conférence d’entente nationale. « Allons vers la conférence d’entente nationale. Mais inclusive. Ça va permettre de mettre à plat les problèmes », a-t-elle exhorté, estimant que « ça va permettre aux Maliens de tomber d’accord ».

L’ancien ministre a aussi relevé le fait que la communauté internationale a mis dans toutes les résolutions que la responsabilité première de la sécurisation des personnes et de leurs biens revient à l’Etat malien alors que dans le même temps, celui-ci a une marge de manœuvre quasiment nulle sur ce qui se passe dans certaines parties du pays.

La présidente de l’ADEMA Association a exhorté la jeunesse à se mobiliser pour être un rempart contre la pression faite sur le président Ibrahim Boubacar Keita par la communauté internationale.

A. DIARRA

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1 commentaire

  1. “exhorté la jeunesse à se mobiliser pour être un rempart contre la pression faite sur le président Ibrahim Boubacar Keita par la communauté internationale….” Huuum Mme Sy, Le President la n’ecoute pas. Comme tu l’as dit ci-dessus (Nous nous retrouvons aujourd’hui face aux craintes que nous avions soulevé à l’époque (ndlr en 2015 avant la signature de l’accord), on lui a dit, mais il n’ecoute pas. Ne sait-il pas que ce qu’un dirigeant a besoin, c’est de son peuple, et non “une force internationale ou autre puissance?

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