Accord pour la paix et la réconciliation : Ce qui bloque le CNCA

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Photo à titre illustratif

L’espoir suscité par la création du Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord (CNCA) a volé en éclats avec le retard enregistré sur le terrain. L’ancien Premier, Modibo Kéita est pointé de doigt.

Officiellement créé pour faciliter l’application de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali, le Comité national de coordination de la mise en œuvre de l’accord (CNCA) peine à fonctionner en raison de la seule volonté de l’ancien Premier ministre Modibo Kéita.

Placé sous la tutelle de la Primature, le CNCA a été initié dans le but ultime de renforcer le dispositif du Comité de suivi de l’accord, présidé par la médiation internationale.

Nos sources font état d’un véritable dysfonctionnement lié à la gouvernance à la Primature qui a empêché le CNCA de mener ses missions. De plus, toutes les propositions formulées par ses membres ont été rejetées en bloc par le chef du gouvernement d’alors M. Kéita.

Pourquoi un tel refus de la part de l’ancien PM pour un organe qui est censé avoir la particularité de fédérer les activités de mise en œuvre de l’accord au niveau national ? D’autant plus que la volonté qui a prévalu au départ de la création du CNCA est de donner à la mise en œuvre de l’accord des solutions nationales qui impliquent toutes les couches de la nation.

Conséquence directe de la non-effectivité du CNCA : les nombreux retards et impairs enregistrés tout au long du processus de paix. L’erreur est qu’au  niveau national, il n’y a pas de répondant pour appuyer les décisions issues de la médiation internationale.

Sur ce registre, Modibo Kéita est accusé d’avoir laissé la situation perdurer et n’a rien fait pour mettre le processus sur le rail : en impliquant les compétences nationales.

Autre difficulté liée à la gestion du CNCA, les partenaires qui avaient commencé à manifester un grand intérêt pour ses activités lui ont finalement tourné le dos. Et le personnel technique retenu pour l’animer a finalement été  orienté au bureau du Haut représentant du chef de l’Etat pour la mise en œuvre de l’accord.

 

Inclusivité

Pourtant, lancé officiellement en grande pompe, le CNCA avait nourri un grand espoir d’abord chez l’ancien PM qui en assurait la présidence et les autres acteurs du processus, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA) et la Plate-forme. L’idée à sa création était que le CNCA et le Comité de suivi de l’accord puissent poursuivre le même but : la mise en œuvre de l’accord issu du Processus d’Alger.

“Le Mali doit être accompagné, mais il faut éviter qu’il soit l’accompagnateur”, avait lancé fièrement lors de la cérémonie de lancement le président du CNCA, l’ancien Premier ministre Modibo Kéita. De plus, il se félicitait du caractère inclusif du Comité. Entre le lancement du CNCA et son départ de la Primature, qu’est-ce qui a pu se passer pour conduire à l’échec du Comité ?

Notons que le CNCA est composé de trois instances : les membres permanents (départements), les membres associés (forces vives) et le secrétariat permanent. Le secrétaire permanent a aussi mis l’accent sur plusieurs points inscrits dans l’accord dont la Conférence d’entente nationale, les organes transitoires, la création d’une seconde chambre, le redéploiement des forces armées sur toute l’étendue du territoire national du Mali, le processus de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion) et  d’autres.

A titre de rappel, le collectif budgétaire de 2015 consacre 11 milliards de F CFA à la mise en œuvre de l’accord. Après le départ de Modibo Kéita, des interrogations demeurent encore sur le ressort réservé au CNCA.

Alpha Mahamane Cissé

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