La terrible crise de 2012, qui ébranle encore toute la région sahélo-saharienne, ne semble pas avoir outre mesure alerté les voisins maliens. Ni le pouvoir central, ni les fractions rebelles du nord n’ont pris de leçon et chacun continue de faire comme si le pays se porte bien.
Bamako fait exactement comme ses prédécesseurs et cherche à gagner du temps, même si ce temps ne parait pas jouer en sa faveur. Mais que peut-il sérieusement faire ?
Une monnaie que leur rendent bien les groupes armés du nord, qui se font aider par les groupes terroristes et islamistes qui pullulent dans les régions nord de notre pays.
Le Mnla, qui a été réellement chassé de presque toute les villes du nord par les combattants Mujao et qui n’est revenu à la région qu’après l’intervention de l’armée française, est lui aussi intraitable, campe sur des positions jusqu’au-boutistes et ne veut surtout rien céder au gouvernement malien.
Ce tableau nous permet de comprendre que la confiance s’est bien effondrée entre les deux camps pourtant condamnés à vivre ensemble, sous le même toit : la République du Mali. Ils comprennent bien cela, mais aucun n’est disposé à faire le plus minime effort en direction de l’autre.
Face à ce dilemme, la communauté internationale veut aller vite. Même s’il faut contraindre les belligérants à s’entendre autour d’une feuille de route qui risque de mécontenter tout le monde. Tant il est vrai que les partenaires étrangers sont plus intéressés par la lutte contre le terrorisme jihadiste et les trafics illicites que par la résolution de la crise malienne.
Une donne que semble occulter les frères ennemis maliens…
Quoi qu’il en soit, les médiateurs de la crise malienne sous la houlette d’Alger ont élaboré des propositions qui ont été transmises aux parties maliennes lors de la dernière réunion tenue en Algérie en présence de représentants des médiateurs, des organisations régionales, continentales et internationales et des pays concernés par la crise.
La fameuse proposition de règlement de la crise malienne ressemble, à quelques différences près, au dernier accord du siècle dernier signé par les mêmes parties sous la tutelle d’Alger.
Les nouvelles modifications de l’ancien accord concernent l’élection des autorités des trois régions de « l’Arawak », l’autonomie presque totale de Bamako, la révision de la constitution pour introduire un Sénat dans le dispositif institutionnel et, enfin, la présence de représentants des populations du nord au gouvernement central, avec au moins un poste de souveraineté…
Ce texte de projet d’accord comprend une grande partie des revendications du nord, même s’il évite d’évoquer le concept d’autonomie qui fâche le gouvernement malien et presque toute la classe politique à Bamako. Reste maintenant à savoir si la paix sera signée en fin de compte. Et surtout si les deux parties allaient tenir leurs engagements. Il est en effet plus difficile de respecter l’accord que de le signer…
Paul N’GUESSAN