Incroyable mais vrai, la sagesse des plus hautes autorités de notre pays, au nom de la paix et pour le développement, n’a nullement amené les insurgés du 23 mai 2006 à la raison. Depuis le 04 juillet, date de cette signature, le Président de la République et le Ministre signataire ne ménagent aucun effort pour apaiser les cœurs et les esprits, car il y a de quoi. Paradoxalement, les bandits armés, sous l’autorité de la téméraire « Alliance Démocratique du 23 mai 2006 pour le changement », maintiennent toujours la pression et avivent la tension. Et tout se passe comme s’il n’y a aucune riposte patriotique à l’épée de Damoclès que ces hors-la-loi imposent à toute une république. Armée malienne, où es-tu ?
Plutôt la mort que la honte
Qui ne connaît pas le serment que nous avons pris pour ce pays à travers l’hymne national ? Alors sommes-nous résolus de mourir pour le Mali ? Avons-nous oublié cet extrait : « Pour l’Afrique et pour toi Mali, notre combat sera l’unité » ? Où est l’unité avec ces touaregs, minoritaires au sein même de la communauté touareg, et retranchés à Téghargharett, armes à la main, contre le reste du pays, pour un combat de division et de ségrégation, malgré la main tendue du pouvoir en place et les voies démocratiques pour la résolution des conflits et le traitement des doléances ?
Ce qui se passe aujourd’hui au Mali peut s’expliquer par l’affront et la défiance vis-à-vis du peuple malien et de son armée. Un peuple épris de paix mais aussi de justice et d’équité. Et dire qu’avec l’Accord d’Alger, on est encore loin de la paix au même moment où la justice et l’équité sont enterrées au cimetière de l’abdication. Oui, si l’Accord, plus d’un mois après sa signature, ne permet pas le retour de l’armée à ses positions initiales, ni l’intégration des insurgés, la paix des braves est une illusion, la guerre larvée est en cours. Et qu’une poignée de bandits armés puisse tenir tête à toute une armée depuis plus de trois mois (23 mai au 28 août), c’est que le pouvoir et l’armée ne comprennent pas à quel point leur autorité est en train d’être bafouée. C’est ce qui doit interpeller les consciences militaires, sachant que ATT et Kafougouna, tenus par des responsabilités politiques, n’ont plus rien à démontrer en matière de bravoure et de patriotisme, et que les Dibi Syllas Diarra, Chaka Koné et autres sont sous terre, quel est le militaire qui, après les agissements des insurgés touaregs, pourrait soutenir que l’ordre militaire est à respecter surtout quand il s’agit d’aller contre le désordre ? Plutôt la mort que la honte ! Choisissez.
Le peuple veut la paix
La paix n’est pas dans le verbe, la paix est un comportement. Pour ainsi dire, l’Accord d’Alger n’est pas la paix, c’est un document en témoignage de propos qui n’ont de valeur que dans les faits. Ou les insurgés remettent les armes sans autre forme de procès, ou ils s’exposent à la réplique instantanée de l’armée, mobilisée pour cette cause. Un Etat ne finit jamais de tout faire pour ses citoyens qui, avant de se demander ce qui a été fait pour eux, doivent se demander ce qu’ils ont fait pour l’Etat. Autrement dit, qu’est-ce que ces touaregs, hier défenseurs des intérêts libyens et aujourd’hui nantis de la double nationalité malienne et algérienne, ont fait pour le Mali et même pour Kidal ? Voleurs patentés, brigands invétérés, tueurs endurcis, déserteurs chroniques de l’armée, ils sont indéfendables devant Dieu et la Justice de notre pays. C’est pourquoi l’Accord d’Alger a suscité beaucoup de débats. D’aucuns affirment soutenir l’Accord mais la réalité est qu’il s’agit par principe de soutenir Att ou la paix recherchée et non l’Accord en tant que tel. D’autres également par principe sont contre la signature d’un accord du genre avec des insurgés. D’autres encore sont contre Att et l’Accord pour diverses raisons. En définitive, personne n’est favorable à l’Accord en tant que tel, contrairement à l’unanimité faite en son temps autour du pacte national et non autour de Att. Ce qui nous amène à dire que le peuple malien veut la paix, une paix qui passe par un accord digne de ce nom pour les uns, mais par la disqualification des insurgés selon les autres qui pensent qu’il ne saurait y avoir d’accord en dehors de l’unité et l’unité d’action. L’enseignement à tirer de cette polémique est qu’il faut rebellotter. En d’autres termes, ce n’est pas aux insurgés d’en imposer au Mali, c’est au Mali de se faire suivre par tous les Maliens, si Maliens ils sont ces insurgés.
Mamadou DABO
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