Le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, au lendemain de son élection à la Magistrature suprême et après la débâcle de l’armée à Kidal, a dit tout mettre en œuvre pour trouver une solution définitive à la crise du Nord. Cela, à travers le dialogue avec les bandits armés. C’est ainsi que débuteront les pourparlers inter-maliens sur le sol algérien. Des négociations longues et parfois difficiles, car, sur le terrain, les crépitements d’armes et les multiples violations du cessez-le-feu par les bandits armés étaient visibles. Malheureusement, ces derniers, bénéficiant d’une complicité de la Communauté internationale, n’étaient pas inquiétés. Seul, le Mali, subissait de fortes pressions de la part de la Communauté internationale. Avec un cantonnement des forces de défense et de sécurité à respecter scrupuleusement le cessez-le-feu. Voilà qu’avec l’entrée du Gatia, qui grignotait du terrain aux séparatistes jusqu’aux portes de Kidal, s’en suit une forte pression de la médiation et de la Communauté internationale à aller vite à un accord.
Ce faisant, le médiateur vient de soumettre aux parties prenantes aux pourparlers un document de paix, qui comporte des zones d’ombre. Lesquelles peuvent être des éléments déstabilisateurs du Mali, dans un futur proche. À commencer par l’appellation «Azawad», qui y figure dans le chapitre 2, article 5 dudit document. Ainsi, il est libellé que l’appellation «Azawad» recouvre une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord du Mali, constituant des composantes de la Communauté nationale. Ce que le médiateur ignore, cette appellation, pour l’ensemble des Maliens, est la cause des malheurs du Mali et réveille de vieux démons.
Pour ce faire, le mot «Azawad» doit être banni définitivement du document de l’accord. Et cela doit être un préalable à la signature du document officiel par nos autorités. Encore qu’après une bonne lecture dudit document, on se rend compte que ce sont les bandits armés qui se «victimisent». Et mettront pression sur l’Etat. A cela, s’ajoute la création d’une police locale dans les différentes régions. Cette situation, rappelle aux Maliens les accords d’Alger qui permettaient aux régions du Nord d’assurer leur propre sécurité et de restreindre les effectifs des forces de défense et de sécurité dans ces zones. Sans une véritable police professionnelle, ces bandits ne pourront jamais lutter contre le terrorisme. Pire, ils s’associeront aux réseaux jihadistes pour mettre en péril ces accords.
De même, dans le document de la médiation, il est mentionné le transfert de 30% des recettes budgétaires de l’Etat aux collectivités territoriales avec une attention particulière aux régions du Nord. Cela est une mesure injuste. Car, toutes les régions au Mali ont les mêmes aspirations. Ce faisant, après avoir paraphé le document, même respectant l’intégrité nationale, la forme laïque et l’unité du Mali, les plus hautes autorités se doivent d’apporter des corrections aux imperfections afin de signer un document viable pour une paix définitive au Mali. IBK doit prendre en compte les observations des forces vives de la Nation, avant de signer officiellement le document en question.
Soumaïla T.TRAORE (L’Oeil)
UN POEME : KIDAL PARLE AU MALI
(Kidal si triste parle enfin au Mali mais pour qui ?)
« Plongée dans la nuit noire, nuit noire, aussi noire comme l’obscurité de la tombe,
Ma tombe qu’ils veulent m’y enfoncer par leurs cœurs de méchants et d’opportunistes,
Grelottant si lourdement, pas par ce froid aigri mais, mais par leur volonté malsaine,
Leur volonté si bien animée par cette haine sans fondement contre toi
Pour les rendre si aveugle par le fait de leur orgueil exacerbé, irrationnel
Je suis ta Kidal, ta région si lointaine aujourd’hui de ta chaleur maternelle,
Ta fille de moi Kidal qui te pleure, qui te pleure ma chère mère, mon Mali !
Je suis Kidal, ta région du fonds de ce désert, ce désert chaotique qui te réclame,
Qui te réclame tes camions remplis de vivre et de tes enfants du Sud
Sans lesquels, je ne saurai exister ou tenir jusqu’à cette date qu’ils ont voulu,
Qu’ils ont voulu me jeter dans cette nuit noire pour que je te réclame aujourd’hui
Haut et fort puisque me voyant vider de mes fils, tes fils,
Ces dignes fils de toi, tout comme moi, qui ne savent où aller ou que faire
Puisque ne sachant comment se défaire d’eux puisque armés contre eux.
Je suis ta Kidal, l’orpheline abandonnée dans ce désert brulant par ce soleil révolté
Qui vagit comme cet enfant affamé, assoiffé, aux lèvres sèches, les yeux hagards
Devant les seins flasques, sans lait de sa mère mourante sur ce désert !
Kidal, je le suis ! Kidal, je le serai de toi, chère mère « Maliba »,
Toi qui as toujours su me dompter, toi qui m’a tant nourri de tes seins si doux !
Je suis ta ville de Kidal qui veut tes enfants travailleurs pour moi
Pour que je vive encore sous le rythme de mon takamba et du tinden non aigris.
Je ne suis pas cette Kidal de la haine pour la couleur de la peau
Sinon, je n’allais pas être ce mélange salué par la Culture Universelle
Où j’ai des Coulibaly, des Keita, des Soumahoro….. issus de mon brassage !
Je ne suis pas cette Kidal du contre Dieu, l’Unique, l’Absolu
Pour s’anéantir avec ces bombes, tuant de surcroit ces innocents qui n’ont rien fait
Au nom de l’extrémisme jamais dictée par le Prophète, le Dernier paraclet de Lui Dieu,
Non, je ne suis pas ces Kidal chantées par eux pour leurs buts personnels malsains.
Je suis cette Kidal de Toi, mon Mali Unique et envié du Monde entier par ce cousinage inégalé,
Ce Mali du Peulhs sur le dos du bwa, du sonrhaï sur la tète du dogon,
Du bellah ami du touareg, du senoufou esclave du Minianka, du, du ……..
Hum ! Du coulibaly et ses Keïta, du Maiga et ses Touré, du Diarra et ses Traoré,
Du Monékata et ses Diabaté, du Diallo et ses Fané et Ballo et vis-versa, du, du……
Oui, Je suis cette Kidal de tes biennales où le brassage m’a permis
La connexion aux autres, les autres à moi où l’on ne parlait que toi, Mali !
Ils ont dit ! Oui, ils ont dit : « Azawad ! Azawad ! Azawad ! » Hum !
Que sera moi, si je suis Azawad et que Sikasso n’était pas kénédougou,
Si Ségou n’était balanzan, Si Kayes n’était pas kasso,
Si, si, si ce Mali n’était pas unique et indivisible devant le Monde entier,
Ce Monde entier qui me rie, moi Kidal et non toi, Mali
Puisque sachant que je ne serai rien sans toi Mali, toi ce Mali des grands empires
Pour que je dise aujourd’hui à qui veut l’attendre : je ne te quitterai jamais, toi Maliba, ma mère »
ADAMA SIDIBE « Je veux ce Mali »
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