Accord de paix au Mali : Que de confusion !

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Accord de paix au Mali : Que de confusion !La cérémonie de signature de l’accord de paix d’Alger a été vidée de son contenu. Car, au lieu d’amorcer le retour de la paix, elle a semé le doute dans la tête de tous les observateurs avertis. Cela, du fait non seulement de l’absence de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), mais aussi de l’ambiguïté  de la communauté internationale via l’intervention de son représentant, Hervé Ladsous.  Après avoir annoncé que l’accord sera signé avec ou sans la CMA, les Maliens voyaient dans cette déclaration une sanction contre la partie qui ait de signer le document de paix. Mais le Mali a été très mal servi par Hervé Ladsous qui a utilisé la carotte à la place du bâton. En lieu et place d’un discours de fermeté à l’endroit de la CMA, nous avons assisté à une déclaration d’encouragement des groupes rebelles dans leur position d’opposition à la paix.

La preuve, dans le discours tordu qu’il a lu au nom du secrétaire général de l’ONU, Hervé Ladsous, confirme la trahison du Mali par l’ONU au profit des rebelles.  Dans sa plaidoirie, il s’est contenté de déplorer l’absence de la CMA à la  cérémonie. Il envisage même une possibilité de réouverture de dialogue alors qu’au paraphe de l’accord, le 1er mars 2015, toutes les parties convenaient qu’il n’y avait aucune possibilité de réouverture des négociations. Cette invitation de Ladsous à continuer le dialogue  avec les groupes qui n’ont pas signé  en attendant que ceux-ci soient de bonne humeur pour le signer à la date voulue rend l’accord confus et même très confus. Pire, il profère des menaces contre les autorités maliennes. «La possibilité qu’ils signent l’accord de paix à une date ultérieure doit rester ouverte ; et le fait que seules certaines des parties signent l’accord de paix aujourd’hui ne peut en aucun cas servir de prétexte à la reprise d’opérations militaires contre les non-signataires», a-t-il menacé. Car, plaide-t-il, le cessez-le-feu et ses mécanismes de gestion devront rester en place, et les parties devront respecter leurs engagements à cet égard. Comme la partie à laquelle il s’adressait avait une fois violé ces principes, d’où la crise de colère du Président IBK  qui ne s’est pas fait prier pour le recadrer. L’autre confusion qu’a entretenue le représentant du secrétaire général de l’ONU, c’est lorsqu’il demande la révision des modalités de mise en œuvre de l’accord. Pour lui, il faut juste  les aspects qui peuvent être appliqués dès à présent  comme pour dire que les dispositions de l’accord de paix et de réconciliation péniblement accouchées après 8 mois de discussion étaient devenues caduques.

Faut-il le rappeler, dans le document intitulé « Accord de paix et de réconciliation issu du processus d’Alger », il était prévu l’application immédiate de certaines mesures après la signature du document à Bamako, qui permettrait au Mali d’ouvrir une nouvelle page vers la paix. Il s’agit entre autres de la mise en place du Mécanisme Opérationnel   de   Coordination et   des  patrouilles  mixtes. A ce sujet, il est prévu que dans  les  60  jours  suivant  la  signature  de  l’accord,  que soient  institués  sous  l’égide   de  la  CTS (Commission Technique  de  Sécurité)   un  Mécanisme  Opérationnel  de  Coordination  (MOC)  et  des patrouilles  mixtes. La   CTS  devrait proposer   les   termes   de   référence   détaillés   du   Mécanisme   Opérationnel   de   Coordination,   y   compris   sa   composition   et   ses missions. Les  termes  de  référence  devraient déterminer  sur  une  base  inclusive  et consensuelle, le  nombre  de  représentants  des  forces  armées  et  de  sécurité  et  de  la  Coordination  et de  la  Plateforme    au  sein  du  MOC.

Dans   les   60   jours   suivant   la   signature   de   l’accord,   la   CTS   et   le   MOC   présenteront  un  plan  de  mise  en  œuvre  des  arrangements  sécuritaires  pour  le  nord  du Mali,  dans  lequel  les  patrouilles  mixtes  auront  un  rôle  primordial  dans la   sécurisation du   processus   de   cantonnement/regroupement   et  de démobilisation.   Ce   plan   visait à  prévenir/réduire   tout   vide  sécuritaire   avant,   durant   et   après   les   processus   de   cantonnement,  d’intégration  et  de  DDR.

Cantonnement

Au chapitre du  Cantonnement, il a été convenu que dans   les   30   jours   suivant   la signature   de   l’accord,   la   CTS   finalisera   l’identification  et  la  validation  des sites  de cantonnement/regroupement  et  de  démobilisation  des  combattants.  La  Minusma lancera  l’aménagement  de  ces  sites  qui  devront  être  prêts  dans  un  délai  maximum  de 120  jours  et  seront  livrés  au  fur  et  à  mesure  qu’ils  seront  construits.

Aussi, dans  les  30    jours  suivant  la  signature  de  l’accord,    la  CTS  mettra  à  jour le   mode opératoire  du  18  février  2014  pour  le  cantonnement,  conformément aux mesures du  présent  accord,  et  fixera  la  date  effective  du  démarrage  du cantonnement.

En plus,   dans les   30   jours   suivant   la   signature   de   l’accord, il est prévu que les mouvements   soumettent  à  la  CTS  une  liste  définitive  et  certifiée  de  leurs combattants  et  de  leurs  armements  sur  la  base  des  principes  définis  dans  le  mode  opératoire  du  18  février  2014  mis  à  jour.

Intégration  des  ex-combattants

En ce qui concerne l’intégration des ex-combattants, l’accord prévoit  que dans  les 60 jours suivant  la  signature  de  l’accord, il  sera  mis  en    place  une  Commission d’intégration. Cette   Commission   d’Intégration,   qui   comprendra   des   représentants  des forces   armées   et   de   sécurité,   de   la   Coordination  et   de   la   Plateforme,  travaillera en étroite coopération  avec  le  Comité  de  Suivi  du  présent  accord et un décret   définira   la   composition,   les   missions,   et   le   mode   de   fonctionnement  de  la  Commission d’intégration  sous  l’autorité  du  Président  de  la  République,  qui  désignera  une personnalité  compétente  et  consensuelle  qui  en  assurera  la  présidence. Ensuite, l’accord indiquait que dans  les  90  jours  suivant  la  signature  de  l’accord, les  mouvements soumettront  la  liste de leurs combattants   candidats  à  l’intégration  et  le  gouvernement prendra  les  mesures appropriées pour  leur  intégration  dans  un  délai  qui  n’excédera  pas six  mois  suivant  la signature  de  l’accord,  sous  la  supervision  de  la  Commission  d’Intégration  et  du  Conseil  National.

Désarmement, Démobilisation,  et  Réinsertion  (DDR)   

Dans  les  60  jours  suivant  la  signature  de  l’accord,  une Commission  Nationale  pour  le DDR devrait être mise en place. Cette  Commission  allait travailler  en  étroite coopération avec  le   Comité  de  Suivi  du  présent  accord. Un   décret   définira   la composition,   les   missions,   et   le   mode   de   fonctionnement  de  la  Commission Nationale  DDR  sous l’autorité  du  Président de  la  République,  qui  désignera  une personnalité  compétente  et  consensuelle  qui  en  assurera  la  présidence, précisait le document.

Education  et  formation   

A ce sujet, il convenait d’organiser  la  rentrée  scolaire  2014-2015  sur  l’ensemble  des régions  de  Gao,   Tombouctou  et  Kidal.  Actualiser  l’état  des  lieux  dans  tous  les établissements  scolaires  des  régions entre autres.

Cependant, force est de reconnaître que toutes ces dispositions ont été prévues sans imaginer que la CMA allait défier toute la planète terre en toute impunité. Maintenant qu’elle a fait cela, aucun plan B n’étant envisagé dans le projet d’accord, il ne serait pas hasardeux d’affirmer que ces dispositions sont devenues caduques jusqu’à ce que la CMA signe le document. Et si c’est le cas, pourquoi a-t-on pressé le Mali à signer avec lui-même cet accord quand on sait que sa signature serait source de regain de violence sur le terrain ? Le Mali va-t-il accepter la réouverture des négociations interminables comme l’annonce la communauté internationale, ou va-t-il enfin s’affranchir de la tutelle onusienne en s’assumant? En tout cas, IBK a donné le ton pour le rétablissement de la souveraineté nationale.

Oumar KONATE

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2 COMMENTAIRES

  1. Ce que vous oubliez, le Mali est bien une partie dans cet accord (abaissement de la république) et la cérémonie de signature n’est point lamentable et c’est bien nécessaire. C’est la médiation internationale avec son chef de file qui a décidé de cette date. Maintenant, il revient à cette médiation de s’assumer tout simplement. On ne peut pas forcer la main de quelqu’un à signer si il le veut pas. Je ne comprend pas comment on peut parapher un accord et refuser de le signer. Il faut un terme à ce cycle de négociation alors que les pauvres citoyens souffrent dans leur chair. La population de Kidal est prise en otage et par la même occasion tout le nord. Ces touristes der la CMA gagnent leur vie dans cette criminalité qu’ils veulent institutionnaliser. Que toutes les parties s’assument et que les FAMAS soient outillés pour prendre place sur tout le territoire national.

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