La diplomatie américaine met les bouchées doubles pour le retour de la paix dans les régions Nord du Mali. Cela explique la sortie médiatique de l’ambassadeur Paul Folmsbee contre de liens présumés entre l’armée malienne et la milice GATIA. Au Mali, de vives réactions avaient suivi les propos de l’ambassadeur, mais la diplomatie américaine reste droite dans ses bottes, travaillant d’ailleurs au retour de l’administration malienne dans la ville de Kidal.
Le plan américain prévoit le retour rapide de l’administration malienne à Kidal où la population civile souffre de l’hégémonie des groupes armés. La signature, le 30 septembre dernier, d’un avenant de plus de 13 milliards CFA comme rallonge de la subvention américaine au Mali entre dans le schéma du retour de l’administration malienne dans la localité, avec un nouveau souffle au système judiciaire.
La question qui se pose est de savoir comment ramener l’administration à Kidal alors que tous les groupes armés ne sont pas favorables aux forces de défense et de sécurité de l’Etat central. Le GATIA qui est accusé de connivence avec l’armée malienne n’est pas maître de la ville qui est toujours entre les mains de la Coordination des mouvements de l’Azawad(CMA).
Cette coalition de groupes armés hostiles aux autorités maliennes est pointée du doigt par le GATIA comme étant l’obstacle à la paix. A Kidal, le clivage ethnique a pris des proportions dramatiques que la communauté internationale semble minimiser. S’il y a de facto un lien entre le GATIA et l’armée malienne, il ne faut pas sous-estimer les vieilles rancœurs communautaristes datant de bien longtemps avant la crise actuelle.
Les autorités maliennes qui devraient être la seule soupape de sureté ont été malheureusement peu soutenues au départ. L’erreur fut la diabolisation de l’armée malienne dont les forces, traitées comme des hordes barbares, n’étaient pas dignes de foi lors de la conquête de Kidal qui était entre des mains terroristes.
Aujourd’hui, l’armée malienne ne semble pas peser lourd dans la balance, bien qu’invitée à le faire. Le Mali est appelé à faciliter l’organisation des patrouilles mixes et le maintien des éléments armés sur des positions fixes. Mais ce n’est pas certains qu’il en ait le pouvoir.
Pourtant, tout porte à croire que seule la contrainte ramènera les protagonistes à de meilleurs sentiments. Pour ce faire, la communauté internationale doit jouer sa partition en soutenant le retour de l’administration malienne à Kidal. C’est peut-être ce que Washington a compris lors de la dernière réunion des Nations-Unies sur le cas malien.
En clair, il s’agit d’appliquer l’accord d’Alger dont sont signataires les groupes armés qui se battent aujourd’hui pour le contrôle de la ville de Kidal. Reste à savoir si la prise de position des Américains arrivera à faire bouger les lignes pour que des mesures inévitables comme le cantonnement des groupes armés puissent voir le jour.
Soumaila T. Diarra