Depuis sa signature le 18 juin 2013 par les autorités du Mali et les responsables des groupes rebelles, le Mali a toujours respecté ses engagements . Par contre, les rebelles l’ont foulé au pied comme du papier-toilette. C’est d’ailleurs ce qui a engendré le regain de tension à Kidal à la faveur de la visite du Premier ministre Moussa Mara . Visite à l’issue de laquelle, les forces armées maliennes ont décidé de remplir leur mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire. Avant qu’un accord de cessez-le-feu ne soit signé pour faire taire les armes et faire place aux négociations. Un accord qui contiendrait des non-dits, selon des sources bien informées.
Pour faire taire les armes et permettre l’organisation des élections sur toute l’étendue du territoire , les deux parties avaient signé, le 18 juin 2013, un accord préliminaire à Ouagadougou. Lequel accord devrait être complété par un accord définitif de paix après l’élection d’un président de la République, à l’issue de négociations.
Cependant, depuis l’élection du président de la République, le Mali a toujours respecté ses engagements . Les autorités ont toujours invité l’autre partie à la table, mais celle-ci les a toujours boudées.
Les autorités du Mali ont même procédé à des actes qui sortent de l’ordinaire : la libération des combattants Touareg et la levée des mandats d’arrêt, la validation de la candidature aux élections législatives de certains leaders de la rébellion Touareg….Au nom du retour de la paix.
Mieux, certains des points de cet accords concernant le Mali n’ont pas été respectés avec la complicité de la France et de la Minusma : Le non-cantonnement des combattants des groupes armés qui circulent librement et règnent en maîtres à Kidal où , les militaires maliens, en nombre réduit, se trouvent plutôt « cantonnés » et surveillés dans leurs mouvements.
Aussi, le non-retour de l’administration conformément à cet accord, à part le gouverneur et ses collaborateurs qui travaillent dans des conditions difficiles.
Si cet accord était respecté par les rebelles, les affrontements meurtriers du mercredi 21 mai n’auraient pas eu lieu.
Le Baroud d’honneur des FAMA
C’est pour laver l’affront infligé à notre pays, que les Forces Armées Maliennes (FAMA), dans un baroud d’honneur, ont lancé l’assaut contre les rebelles du MNLA, qui ont intenté à la vie du Premier ministre et de sa délégation. Mais aussi abattu froidement des représentants de l’Etat. Et les autres, une trentaine, pris en otage.
Ainsi, l’armée malienne a décidé d’assurer sa mission régalienne de sécurisation des personnes et de leurs biens et de défense de l’intégrité territoriale du Mali.
L’assaut sur Kidal a été lancé le mercredi 21 mai dernier. Après quelques heures de combats, les militaires maliens avaient réussi à reprendre le contrôle du gouvernorat de Kidal. Avant que les rebelles ne demandent un cessez-le-feu.
Mais, c’était une stratégie de guerre car quelques temps après, le militaires maliens vont être surpris par une cohorte de rebelles en nombre et leurs alliés djihadistes armés jusqu’aux dents.
Selon des sources militaires, c’est cette situation qui va pousser les militaires maliens, sans renforts et sans commandement, à se replier, au niveau du camp de la Minusma.
Au cours de ces affrontements , précise notre source, plusieurs soldats maliens et des rebelles sont tombés. Une cinquantaine selon des sources officielles du côté de l’armée malienne. Et de nombreux prisonniers.
Bamako en ébullition
Pendant ce temps, c’était l’ébullition générale à Bamako où les organisations de la société civile sous la houlette de l’Union Nationale des Travailleurs du Mali (UNTM) et les organisations féminines du Mali ont battu le pavé pour manifester leur soutien à l’armée nationale, mais aussi au Président de la République et au Premier ministre.
Mieux, ils ont demandé la libération de Kidal, dénoncé les positions ambiguës de la France, de l’opération Serval et de la Minusma dont le comportement est perçu comme une passivité sur le cas malien lors de la visite du PM à Kidal. Avant de manifester leur attachement à l’unité et à l’indivisibilité du Mali.
Les derniers évènements de Kidal, selon certains observateurs, ont mis la communauté internationale devant le fait accomplis : Le non-respect de l’accord de Ouagadougou par les rebelles, le revers de la médaille avec le cantonnement de l’armée malienne et non des rebelles, le non-retour de l’administration à part le gouverneur et ses collaborateurs qui avaient du mal à travailler… Et pire, l’impossibilité pour les autorités de la République de se rendre à Kidal. IBK lors de la campagne s’y est rendu dans des conditions très difficiles, Oumar Tatam Ly, l’ancien Premier avait été obligé de rebrousser chemin, avec sa délégation, car la piste d’atterrissage avait été envahie par des manifestants à la solde du MNLA. Mais, c’est Moussa Mara, qui a réussi à mettre les pieds à Kidal pour prouver que Kidal reste dans le giron du Mali. Non sans difficultés, car cette visite s’est effectuée sous les balles du MNLA qui ont intenté à sa vie.
N’ayant pu atteindre le Premier ministre, les rebelles ont déversé leur colère sur les représentants de l’Etat au gouvernorat de Kidal. Pris en otage, six d’entre eux seront froidement abattus et les autres libérés suite à une pression de la Minusma.
Un accord de cessez-le-feu pour taire les armes
Après les violents affrontements à Kidal, le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz a effectué une visite d’urgence au Mali. D’abord à Bamako puis à Kidal, en compagnie du représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Bert Kondoers.
A l’issue des discussions avec les groupes armés, un cessez-le-feu a été obtenu et signé.
Cet accord signé par le MNLA, le HCUA et le MAA permettra de taire les armes pour faire place aux négociations.
Ces négociations devront tenir compte de l’intégrité du territoire et le caractère laïc de l’Etat malien.
A travers cet accord de cessez-le-feu, les différentes parties ont convenu de la cessation des hostilités, de la mise en œuvre de l’accord préliminaire de Ouagadougou du 18 juin 2013 pour la reprise immédiate des négociations avec le soutien des Nations Unies, des partenaires régionaux et internationaux, la libération des prisonniers dans les meilleurs délais, de faciliter les opérations humanitaires, de respecter les principes du Droit humanitaire. Mais aussi, la mise en place d’une commission internationale d’enquête sur les évènements survenus au nord plus précisément à Kidal pour que leurs responsables répondent de leurs actes.
Cependant, la question qui taraude les esprits des uns et des autres est celle-ci : quelle la chance pour cet accord d’être respecté ? Si l’on sait qu’il a toujours été violé par les groupes armés. Aussi, le contenu de cet accord reste, toujours, un mystère pour nos populations. Lesquelles, rappelons-le, ont le droit de savoir.
D. Diama