Ménaka n’a rien à envier à Kidal. Cette ville stratégique de la région de Gao est tout aussi occupée que la capitale de l’Adrar des iforas et ne semble plus faire partie du giron de l’Etat malien. La localité vit un terrible cauchemar depuis la visite politico-médiatique du Premier ministre, Moussa Mara, le 17 mai 2014 à Kidal. Nul signe de l’administration ; cantonnement de l’armée nationale à des kilomètres de la ville ; terreur entretenue dans la cité par les rebelles du Mnla (en complicité avec d’autres bandes armées) sous l’œil désintéressé des forces de la Minusma, tels sont les ingrédients d’une occupation planifiée qui gagne d’autres localités du nord du Mali.
17 mai et 21 mai 2014 : deux dates devenues tristement célèbre, à cause des conséquences fâcheuses que le Mali subies : assassinats de six administrateurs civils égorgés par les groupes rebelles le 17 mai, revers de l’armée lors de l’assaut du 21 mai, avec plusieurs soldats et civils morts et des dizaines de militaires faits prisonniers. L’unique responsable de ce deuil national et de cette humiliation, c’est le Premier ministre, Moussa Mara, qui, malgré les mises en garde de la Minusma et de Serval, a tenu à défier tout le monde en se rendant à Kidal.
Ménaka : le film de l’occupation par le MNLA
L’entêtement du chef du gouvernement à se rendre à Kidal, a servi de déclic pour les groupes armés, notamment le Mouvement national de libération de l’Azawad, pour reprendre la reconquête du nord.
Profitant de leur succès militaire sur l’armée malienne, à Kidal, le 21 mai 2014 et de l’abandon par les Forces armées maliennes (Fama) de toutes leurs positions, les groupes armés, malgré le cessez le feu du 13 juin, ont poursuivi leurs velléités expansionnistes, sur une bonne partie des localités du nord. Le Mnla s’est particulièrement distingué dans cette entreprise. Et, l’une des localités qui a toujours été dans son viseur, c’est Ménaka.
Rappelons qu’avant le déclenchement de l’opération serval, en janvier 2013, la ville était occupée par le Mnla, chassé ensuite par le Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’ouest). Un départ forcé que le mouvement (soit disant indépendantiste) n’a jamais digéré, ni oublié. Puis vint la visite effectuée par Moussa Mara, à Kidal. Ce fut un caviar offert sur un plateau d’or par le Premier ministre au Mnla qui n’en demandait pas plus.
Et les rebelles de ce mouvement n’ont pas perdu du temps, pas une seule seconde. En effet, dès le soir du 21 mai, jour de la débâcle de l’armée à Kidal, ils se présentent aux portes de Ménaka avec armes et bagages. Une source contactée sur place se souvient: «Ce jour, aux environs de midi, nous suivions tous, ce qui se passait à Kidal. Nos parents nous appelaient depuis là-bas. L’information qu’on nous a donnée à 12h 30, c’est qu’à Kidal, l’armée marchait sur le gouvernorat. Vers 14h, une autre information nous est parvenue disant que tout a foiré, que l’armée est entrain de replier ».
Aux environs de 16h, poursuit notre source, c’est Rfi qui annonce que le drapeau du Mnla flotte sur le gouvernorat de Kidal. Précision de taille : au moment où ces évènements se déroulaient à Kidal, Ménaka était entièrement sous le contrôle de l’armée malienne. A part la sortie Est, coté de la mare, l’armée malienne était à toutes les sorties de la ville : vers Kidal, vers Gao et vers le Niger. Mais, la donne a changé du tic au tac. Un fait a attiré l’attention : quelques heures avant l’arrivée du Mnla, dans la ville de Ménaka, un homme au volant d’une voiture et transportant des armes, avait été intercepté par la milice de El Hadj Gamou.
Mais, tout a réellement basculé pour Ménaka à partir des informations du soir.
«Lorsqu’à 16h, Rfi a annoncé la prise de Kidal par le Mnla, tout s’est déroulé comme dans un film. Au même moment, comme si les rebelles étaient stationnés aux portes de Ménaka, ils entrent dans la ville par le coté Est, avec une dizaine de Pick-up», poursuit notre interlocuteur. Qui ajoute : «Aussitôt après l’entrée de ces véhicules (4X4) dans la ville, l’armée replie vers la préfecture pour assurer la protection du préfet. Les élèves du lycée, qui étaient en composition, ont été obligés d’interrompre leur examen. De la préfecture, l’armée s’est ensuite repliée à 2 Km, au camp situé à l’Ouest de la ville. Aucun accrochage n’a eu lieu entre le Mnla et l’armée qui était pourtant de loin mieux équipée. Les quelques rares coups de feu tirés furent des échanges de tirs entre le Mnla et la milice Ganda Iso».
Selon nos informations, au cours de ces échanges de coups de feu, un combattant de cette milice (un peuhl) a réussi à tuer quatre éléments parmi les combattants du Mnla avant qu’il d’être abattu.
Devenus seuls maîtres dans une ville où l’Etat n’est visible nulle part, le Mnla entreprend une vaste campagne pour imposer l’Azawad dans les esprits des habitants. Le groupe rebelle organise des marches qui ne font pas foule. Sans désarmer, il change de fusil d’épaule en allant chercher des femmes dans la commune d’Alata (1200 Km, entre Tidermène et Kidal) pour venir battre le pavé à Ménaka. Objectif : casser la résistance des populations qui, dans leur écrasante majorité, ne partagent pas leur idéal indépendantiste et restent fidèles à l’Etat malien. Cette marche des femmes d’Atala ne produit pas, elle aussi, l’effet escompté.
Alors, le groupe armé jette son dévolu sur les «Amazones » de Kidal, un groupe de femmes qui chauffe la localité avec des manifestations anti Mali. Mais, là aussi, peine perdue, les populations n’ont pas été emballées. Elles n’adhèrent toujours pas au fantomatique Etat.
Le Mnla décide en dernier ressort de passer par la méthode forte. Ainsi, depuis un moment, les occupants ont entrepris de mettre en place une organisation pour combler le vide créé par le départ de l’administration. Toutes les autorités locales (conseil communal et conseil de cercle) ont été dissoutes et remplacées par une commission dotée de démembrements dans les communes et villages. Au même moment, des taxes sont imposées aux populations au marché de la ville ou à l’occasion des foires. Aussi, il y a un montant que chaque véhicule doit payer avant de sortir de la ville.
Après avoir mis fin aux fonctions du maire de la ville, le Mnla a occupé les locaux de la mairie en y érigeant un check-point.
La radio communautaire est fermée et celle qui émet, Adar Rfi, ne peut plus autoriser à jouer de la musique malienne.
«Le Mali, c’est du passé… »
Les populations, pour leur part, vivent la situation dans la peur et la résignation. Elles gardent toujours l’espoir de voir un jour le drapeau du Mali flotter à nouveau sur Ménaka. Aujourd’hui, à Ménaka, tous les regards sont tournés vers Alger où l’on espère que les négociations aboutiront à un accord de paix débouchant sur le cantonnement des groupes rebelles et le retour de l’administration malienne.
Autrement, au vu de la situation qui prévaut actuellement à Ménaka, la localité offre l’image d’une ville fantôme qui ne fait plus partie du Mali. Sur place, aucun représentant de l’Etat, à part l’armée, qui est elle-même cantonnée à 2 Km de la ville.
Pendant ce temps, les populations vivent toute sorte de pressions et de harcèlement de la part du Mnla qui leur interdit strictement de prononcer (même par hasard) le mot Mali ou même le Nord du Mali.
Dans toutes leurs rencontres et réunions, les cadres du Mnla ne manquent pas de réagir tout de suite pour rectifier ceux qui font référence au Mali. «Le Mali, c’est du passé. C’est désormais l’Azawad», rectifient-ils, à chaque fois.
Le comportement même des populations fait l’objet d’une attention particulière. Il est strictement interdit à qui que ce soit de se présenter avec un habit, un document ou un objet quelconque qui présente le drapeau ou les insignes du Mali. Ceci est considéré comme un signe de provocation qui peut causer sur le champ la colère des combattants du Mnla. Des combattants qu’on voit partout dans la ville et aux abords. C’est de tout ce cauchemar que les populations de Ménaka veulent aujourd’hui sortir.
«On n’en a marre de voir chaque jour un drapeau qui n’est pas celui de notre pays», déclare notre interlocuteur, qui n’a aucun doute que le jour où le drapeau malien flottera sur Ménaka, l’évènement sera accueilli par une liesse populaire.
En attendant de voir ce jour, les populations (prises en otages) attendent plus d’action de la part de leurs autorités. «On a l’impression que ça dort du coté de Bamako », ajoute un autre habitant de Ménaka, qui ne supporte plus la situation qui prévaut dans sa ville natale.
Connexion Mnla-Minusma ?
Dans la crise sécuritaire du nord, la Mission multidimensionnelle des Nations Unies pour la stabilisation du Mali (Minusma), a pour mandat de servir de force neutre au service de la protection des personnes et de leurs biens. Mais, à Ménaka, beaucoup voient un grand décalage entre ce que les textes imposent à la Minusma comme tache et son comportement sur le terrain. Le Mnla parade dans la ville, comme s’il est dans un Etat légal, sans aucune réaction de la part de l’organisation onusienne. La Minusma est soupçonnée d’entretenir des rapports douteux avec le Mnla.
Pour certains habitants de Ménaka, le Mnla et la Minusma gèrent ensemble la ville. Pour preuve, la Minusma n’entreprend plus la moindre action sans demander l’autorisation du Mnla. Les deux « partenaires » ont poussé la collaboration jusqu’à se répartir la tache de la sécurisation de la ville. Ils ont ainsi convenu d’un calendrier pour l’organisation des patrouilles. Et tout semble bien fonctionner entre les deux organisations, qui ont même surveillé ensemble les épreuves des derniers examens à Ménaka.
Dans cette localité, certains ne mettent aucun doute dans les rapports qui existent entre la Minusma et le Mnla. Mais, l’organisation onusienne, certainement pour donner une autre impression aux autorités légitimes, se charge d’apporter aux militaires maliens, cantonnés hors de la ville, de l’eau et de la nourriture, le Mnla ayant strictement interdit aux éléments des Fama d’entrer dans la ville. Une anecdote : il y a quelques jours, à la faveur de la fête de l’aïd el fitr, un militaire malien qui est entré dans la ville en tenue civile, n’a pas échappé à la vigilance des gardes du Mnla. Il aurait été sérieusement bastonné.
Le déclic tarde…
Avec ce qui se passe à Ménaka, il faut craindre le revers de la médaille. Face à un Etat qui met du temps à retourner, des populations livrées à elles-mêmes, un groupe armé décidé à effacer le Mali de leur esprit, il y a un grand risque que ces populations n’aient d’autre choix que d’abdiquer et d’adhérer au projet du Mnla.
«Face à certaines situations, il faut se résigner. Vous ne pouvez rien. Vous êtes obligés de marcher avec la donne. Les populations haoussa, Bellas, Sonraï, peulhes qui sont sur place, ne sont pas avec le Mnla. Mais qu’est ce qui se passe ? Lorsqu’on vient vous occuper et que l’Etat ne fait rien ; que vos militaires sont cantonnés, lorsqu’on vous interdit de prononcer le mot « Mali », ou de dire même le « Nord » ; vous êtes obligés de rester chez vous dans la peur, dans le découragement. Et si la situation continue comme telle, dans les mois à venir, des gens vont adhérer au Mnla. Parce que, à la longue, ils n’auront pas le choix. Ça veut dire qu’il n’y plus d’Etat … », confesse, très amer, un enseignant de la localité.
Face à un Etat qui ne semble avoir aucun poids véritable quant à l’issue de la crise, les populations de Ménaka avaient nourri de légitimes espoirs de la part de certaines notabilités de la localité dont l’influence pouvait faire évoluer la situation. Mais, elles ne voient rien venir de ce coté là aussi.
Parmi ces notabilités figure le député de Ménaka, Badjan Ag Hamatou. Il reste impuissant face à la situation de Ménaka, il avait fait souvent des interventions sur certains médias pour dénoncer le Mnla et son idée de création d’un Etat au nord du Mali. Mais jamais, ni Badjan, ni aucune autre parmi ces notabilités, n’ont été vus sur le terrain, pour tenter de raisonner les frères égarés. Ce qui, logiquement, amène certaines personnes à douter de la sincérité de ces notabilités. Pauvres populations de Ménaka. Croisez les doigts !
Oumar Diamoye
Il me semble que ces deux bouffons (soldats) sont venus au Mali pour faire du théâtre sinon comment comprendre leur comportement honteux, inqualifiable et intolérable. Peut-être qu’ils ont de la bouse à la place de la cervelle. Ils ont été très indisciplinés vis à vis de la hiérarchie. Nous, maliens, les considérons comme des bandits armés (éléments du MNLA). A ce titre, ils doivent être combattus et quitter le territoire national. 👿 👿 👿
le mali peut fait tout ce qu il veut mais la france ne laissera jamais le Mnla pas de cantonement pas de desarmement et la faute est de ibk
Si nous ne sommes pas contents de la situation, alors battons nous pour defendre notre pays, au lieu d’accuser la MINUSMA. Personne ne va se battre à notre place. La MINUSMA a été claire avec nous. Elle a dit qu’elle ne va pas combattre le MNLA pour nour. On ne peut etre plus clair.
Desolé.
La MINUSMA est sur le territoire Malien pour soutenir le MNLA et l’ incapable président reste sans lève le petit doit. Depuis Modibo aucun président incapable comme IBK n’a dirigé le Mali. Monsieur le journaliste ses genres de photos ne font que de la palpitation chez les vrais patriotes du Pays fait énormément attention. 😉 😈
Les deux elements sont des Burkinabes ils ont ete pries de rentrer chez eux depuis la publication de la photo
Si la photo de cet article est avérée, le Mali doit porter plainte contre les deux éléments de la MINUSMA, identifiés avec le chiffon (drapeau) du MNLA. VIVE LA REPUBLIQUE
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